Benjamin Biolay à Strasbourg : une orgie haut-de-gamme

LIVE-REPORT – Benjamin Biolay était de passage au Palais de la musique et des congrès de Strasbourg pour défendre sur scène les titres de son dernier album, “Saint-Clair”. Un concert tout en énergie.

Je ne sais pas toi, mais moi, je déteste novembre. Depuis toujours. La pluie, les jours raccourcis, le ciel bas et gris, le froid, la dépression hivernale qui attend patiemment sur le pas de la porte. À cela s’ajoute l’actualité anxiogène et l’envie de rester en boule dans le lit toute la journée. Bref, pas simple de se faire du bien en ces temps troublés. Heureusement, il y a la musique pour adoucir la peine, la tristesse et ramener un peu de lumière. Ça tombe bien, Benjamin Biolay est en tournée et on a profité de son passage à Strasbourg pour recharger les batteries.

Ce mercredi 8 novembre, le ciel était ensoleillé. C’était déjà un signe d’une bonne journée et d’une bonne soirée en perspective. On a l’habitude de le voir en concert depuis l’album Trash Yeye (soit dit en passant, cela restera son meilleur album, selon moi). Mais à chaque concert, on est étonné. Ici, c’est l’énergie rock qui s’est dégagée qui nous a emportés immédiatement. Biolay a décidé d’ouvrir par “La Superbe”.

D’ordinaire, les titres les plus connus sont réservés à la fin des sets, voire au rappel. Mais lui, il ne fait jamais rien comme personne. Évidemment, la salle est emballée. Applaudissements, cris de joie, le public est déjà chaud. On peut rentrer dans le vif du sujet : le nouvel album. Biolay enchaîne les titres qui font lever immédiatement les spectateurs : “L’heure bleue”, “Comme une voiture volée”, “Visage pâle”. Les premiers rangs se sont levés d’un bond pour danser. Ils resteront debout tout au long du concert, portés par l’énergie du groupe de musiciens excellents qui accompagne l’artiste (gros crush sur Gimena Alvarez Cela aka Shima. Allez écouter son album, il est magique).

Rock et kebab allemand

Benjamin Biolay va traverser une grande partie de sa discographie pendant ce concert : Trash Yéye avec “Merco-Benz” (en mode chaloupé), Rose Kennedy avec “Les cerfs-volants” et “Los Angeles”, Vengeance (“Confettis”), La Superbe (“Ton héritage”, “Padam”…), Palermo Hollywood (“Miss Miss”…) et évidemment les deux derniers bébés Grand Prix et Saint Clair. Un concert durant lequel Biolay s’est montré particulièrement loquace. Ce qui n’est pas peu dire quand on connaît la timidité de l’homme. Il nous raconte une petite anecdote sur “Merco-Benz”, nous fait rire en dévoilant son périple à Bühl en Allemagne pour manger un kebab trop salé, fait preuve d’autodérision quand il souligne ses “qualités de grand orateur”.

D’album en album, Biolay prouve qu’il fait partie de nos meilleurs artistes en chanson française. Qu’il est capable de mêler les influences sud-américaines avec le rock avec brio. Qu’il peut faire lever une salle. Qu’il peut nous faire oublier pendant quelques heures que le monde ne tourne pas rond. Au PMC, on a oublié l’extérieur. On a dansé, chanté, rit, pleuré (ok, c’était peut-être juste moi sur “Ton héritage”). Et on oubliera presque la bêtise et l’agressivité de certaines personnes du public. Notamment cet homme (coucou toi !) qui a balancé son verre d’eau sur les spectateurs des rangs devant lui parce qu’ils ont eu l’audace de vouloir danser et profiter d’un concert génial. (PS : cher monsieur, un concert est un spectacle vivant, si cela ne vous plaît pas, il faut rester chez soi et regarder des vidéos live sur YouTube). 

Dans “Padam”, Biolay chante “j’attendais en vain que le monde entier m’acclame, qu’il me déclare sa flamme dans une orgie haut de gamme”. Strasbourg a déclaré sa flamme. Ce n’était une orgie, mais c’était du haut-de-gamme et le plus important : on s’est fait du bien.

Photos : Morgane Milesi