Jimmy Gnecco, The Heart : un ange passe.

Jeff Buckley a laissé son héritage entre de très bonnes mains lorsqu’il a disparu  tragiquement en mai 1997 : dans celles de son ami Jimmy Gnecco. Ce nom ne vous dit rien ? Ami de Jeff, il est surtout le leader du groupe Ours. L’américain de 33 ans délaisse un temps son groupe pour se lancer dans son propre projet solo. Son premier album The Heart est sorti le 9 novembre dernier. Et, depuis que j’ai l’objet entre mes mains, je peux vous avouer une chose : c’est un bijou que j’ai dû écouter au moins une trentaine de fois. De suite.

Aussitôt l’album glissé dans la chaine-hifi (oui parce que j’ai encore une chaîne hi-fi et j’achète encore mes CD ), on est immédiatement figé… J’ouvre la pochette de l’album, histoire de bien vérifier que je ne me suis pas trompée d’album… Non, c’est bien The Heart, c’est bien l’album de Jimmy Gnecco. Pourtant, on jurerait presque entendre la voix de Jeff Buckley. Vous savez, cette voix particulière, pure et cristalline  qui côtoie les cieux parfois, et qui vous glace de l’intérieur. 

The Heart, est bien loin de l’univers d’Ours bien loin de Mercy, qui pour le coup était très rock. En solo, on a un Jimmy posé, avec des textes personnels et un univers intimiste. En acoustique, il distille un univers mélancolique et parfois très sombre. Qu’importe ici, il s’agit de ses propres sentiments, de lui, de ses démons. Dans The Heart, Jimmy parle de sa mère (“Rest Your Soul“), de Jeff Buckley pour qui il a écrit un morceau (“I’ve heard You Singing”), il parle de lui, et de ses peurs (“Light On The Grave“). Lui, qui a toujours eu peur de se livrer, se met à nu totalement.

 

Bart Heemskerk

Des accords simples, des textes superbement fignolés et une sensibilité exacerbée. Jimmy applique un principe simple : pas de fioritures superficielles, ici il s’agit simplement de laisser parler sa plume, et sa guitare. Puis, de laisser la voix faire le reste. Et cette voix-là, une fois entendue elle ne vous lâche plus : claire et limpide, cristalline et magique elle s’envole (“The Heart“) et parfois échappe à son propriétaire. Elle envoute, et enchante, et toujours avec cette facilité déconcertante elle tire dans les très aiguës tout en charmant nos oreilles. Parfois, c’est de manière trainante un peu à la manière d’un Rufus Wainright qu’elle se dévoile (“Mystery“).  Mais, ce qu’on en retient au final, c’est qu’une voix de cette pureté presque mystique, il en existe pas des centaines sur notre petite Terre.

Et oui, le personnage entier fait penser à l’illustre et disparu Jeff Buckley. Lui, timide et respectueux de son défunt ami se sent mal à l’aise face à cette comparaison. N’ayons pas peur de faire le rapprochement. Pas seulement dans la voix, ou dans le rapport à la musique, mais jusqu’au physique. Il semblerait que l’âme de Jeff Buckley plane au dessus de Jimmy Gnecco, lui donnant à lui aussi l’aura d’un ange.

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Sabine Swann Bouchoul