A la rencontre de JD Beauvallet (Les Inrockuptibles)

Pour quiconque se passionne pour la musique, les Inrockuptibles n’ont aucun secret pour vous. L’un de ses journalistes et rédacteur en chef non plus : je parle de JD Beauvallet, bien entendu. Responsable de la rubrique musique, programmateur du Festival des Inrocks et responsable de la sélection des jeunes talents dans Inrocks Lab, JD c’est un peu le parrain des jeunes talents, celui qu’on écoute, lorsqu’il dit qu’untel ou untel brillera dans les prochaines années. Aussi, pouvoir lui poser quelques questions est un peu un honneur pour moi, fidèle lectrice des Inrocks.

1. Aujourd’hui avec la profusion des blogs musicaux, le métier de journaliste musical n’est-il pas mis en péril ?
Cette profusion d’information a besoin de filtres, de guides : tout le monde n’a pas 10 heures à consacrer quotidiennement à la recherche de sons. Quelqu’un doit faire le tri, l’écrémage. La plupart des blogs sont l’œuvre de gens très jeunes, à la culture musicale parfois parcellaire : aux critiques de mettre ces découvertes en perspective. C’est plus une aubaine qu’une menace : ils font le travail que réalisaient avant les petits labels indépendants.
e
2. Un Directeur Artistique m’a dit un jour qu’il se rendait souvent sur les blogs pour y découvrir des jeunes talents. Vous pensez que les blogs peuvent être une sorte de nouveau “lobby”?

Une fois encore, ils remplacent juste le tissu militant qui existait, que ce soit les fanzines ou les labels indés. C’est juste un terrain de jeu cent fois plus vaste, ne pas en tenir compte, pour l’industrie, serait suicidaire : ils ont toujours pioché dans ces viviers indépendants.
3. Les “Inrocks Labs” sont de véritables tremplins pour les artistes, et tout se passe par Internet. L’avenir de la musique est donc véritablement là aujourd’hui ?

Inrocklab et CQFd avant ont prouvé que des oreilles attentives pouvaient découvrir des artistes des années avant que l’industrie soit prête. C’est génial d’être le point de départ de carrières. On n’est pas ici pour garder les groupes en secte, mais au contraire pour faire partager nos découvertes. Et en ce sens Inrockslab est un tremplin inouï. Personne ne croyait en Cocoon, on se moquait même de nous quand ils ont gagné notre concours. Ils vendent aujourd’hui des centaines de milliers d’albums. C’est bien que parfois, la musique soit entre les mains de gens qui la connaissent vraiment, la suivent, la comprennent…
4. Avez-vous un conseil à donner à un jeune journaliste qui veut entrer aux Inrocks ?

De prouver qu’il est à la fois passionné, de mauvaise foi, cultivé et capable de faire partager ses goûts… La culture sans l’envie de la partager est un gâchis sinistre.
5. Quels sont vos trois gros derniers coups de cœurs musicaux ?

WU LYF, Foster The People et La Femme, tous découverts sur le net !
Propos recueillis par Sabine Swann B.