Interview : Housse de Racket

Ils se sont faits connaître avec leur tubesque “Oh Yeah”. On parle bien sûr de Housse de Racket, deux potes d’enfance qui avaient pour objectif de racquetter la house. Pari réussi, puisque leur album Forty Love s’est vendu comme des petits pains. Après une bonne tournée de plusieurs dates et un passage à l’étranger, les deux copains se sont posés pour leur deuxième album Alesia qui débarquera dans les bacs le 22 aout prochain. Produit avec l’aide de Zdar (Cassius), Pierre et Victor s’affirment un peu plus comme l’un des groupes électro-pop qui comptent dans le paysage français. Rencontre.

Rocknfool : A l’époque de votre premier album vous aviez dit que Cassius était pour vous une de de vos références, là vous avez bossé avec Zdar, est-ce que c’est une sorte de consécration pour vous ?

Pierre : Oui il y a une sorte d’ironie à tout cela, la boucle est bouclée. Le nom du groupe lui-même vient de la période de l’émergence de la vague house en France dont Cassius faisait parti. On est très contents de continuer ce chemin. Avec “Housse de racket” on voulait naïvement raquetter la house et c’est assez drôle car on a joués avec beaucoup des précurseurs de cette scène, c’est donc une semi-consécration. La consécration sera quand cet album éventuellement marchera ou pas mais on est très content de bosser avec Zdar.

Comment l’avez-vous rencontré ?

Pierre : On le connaissait un peu via diverses connaissances, on voulait que ce soit lui et on l’a harcelé via notre manager. Il a fini par venir nous voir en studio, bon c’était à 10 minutes à pieds mais c’était un exploit. Je pense qu’il se préparait à dire non car l’album de Phoenix venait de finir et faisait un carton, il était très pris. Il nous a dit de jouer nos morceaux, on en a fait trois et ça lui a bien plu, il nous a dit qu’éventuellement ça pouvait se faire, qu’il fallait revenir le voir dans trois mois… On a su beaucoup plus tard qu’en fait dès l’écoute pour lui c’était bon, c’était une façon de nous motiver pour qu’on donne encore plus après.

Que vous a-t-il apporté ?

Pierre : Ça a été une rencontre complétement folle, il est très honnête, s’l te serre dans les bras car ton titre déchire c’est que c’est vrai, s’il te prend la tête parce que ton couplet est pourri c’est pas parce qu’il a mal dormi… quoique… (rires) Il a apporté une vraie humanité, il nous a poussé vers des endroits où on pensait ne pas pouvoir aller. Il nous a ouvert les yeux sur pleins d’autres trucs comme la peinture, les visuels… des choses qu’on pu enrichir notre disque. Quand tu enregistres tu as la tête dans le guidon, tu ne sais plus trop si ce que tu fais c’est bien ou pas et lui nous a guidé. Il nous a appris à nous assumer en tant qu’artiste.

Cet album paraît beaucoup plus mature que le précédent, comment avez-vous bossé avant de le rencontrer ?

Pierre :  Les premières démo ont été écrites alors qu’on était encore en tournée du premier album. On avait une date le jour de la mort de Michael Jackson. On avait réussi à squatter une maison le lendemain de sa mort, on avait tous nos instruments, il faisait hyper beau et chaud, il y avait cette grande pièce avec vachement de réverbération. On partait de zéro, on était en tournée et on avait pas le temps d’écrire. Tout s’est fait là-bas très vite, il y avait cette osmose, et le fait que Michael Jackson soit mort faisait que la pop était en deuil. Une page se tournait et on devait écrire notre propore page. Le sol s’était écroulé, on était dans cet état d’esprit et très vite on a trouvé le son du disque, beaucoup d’orgues, un seul synthé alors qu’il y en avait beaucoup dans le premier.

Il y a des morceaux sur l’album qui ont quasiment pas bougé depuis les démos comme Aquarium ou Empire“. On était assez contents même s’il y a une couleur un peu plus mélancolique. Donc le côté mature vient  du fait que les morceaux ont été enregistrés et écrits sur une période très courte contrairement au premier disque.

Pierre : Moi je dirais presque qu’il est en fait moins recherché, dans le premier on cherchait plus ce qu’on voulait dire, notre son et là on l’a trouvé.

Comment avez-vous travaillé sur cet album? Avoir une formation classique rend-elle les choses plus compliquées ?

Pierre :  On est complémentaire, moi je suis plutôt guitariste je fais un peu de clavier, Victor fait plus de clavier.
Victor : Je fais aussi un peu de guitare mais quand j’en prends une je vais trouver des trucs que Pierre ne va pas trouver car j’ai la chance du débutant on va dire.

Pierre : Chacun apporte des idées et l’autre va compléter ou pas. On est deux mais on fait pleins d’instruments, chacun à son point de vue, on s’écoute, ça se passe bien et pourvu que ça dure ! (rires) 

Vous chantez en anglais dans cet album, vous dites vous même que vous avez une approche anglo-saxonne pour l’écriture des textes, c’était donc une évolution normale ?

Victor : Souvent quand on compose des morceaux mais qu’on a pas encore le texte mais seulement la mélodie, on la chantait en yaourt, mais souvent on mettait des mots français car on avait envie de chanter en français à ce moment-là. On rentrait un peu des ronds dans des carrés !

Pierre : Donc des fois on était un peu déçus, c’est vrai que l’anglais est quand même la langue de la pop, mais on avait envie de garder du français.

Victor : C’est  aussi ce qui fait un peu notre originalité, car il y  a pas beaucoup de groupes electro qui chantent en français. Et puis pour le titre Les Hommes et les Femmes ça reste quand même plus beau en français.

Donc pour vous c’est un moyen de vous sortir du lot ?

Victor : C’est un peu un défi, on est persuadés qu’on peut être aussi connu qu’on chante en français ou en anglais. Pour moi Les Hommes et les Femmes est un bon exemple car c’est une formule très belle qui a sa vérité en français et qui sera magnifique j’espère pour les anglais, les japonais… Pour nous il était hors de question de le traduire.

On vous compare souvent à Phoenix, est-ce que ça vous flatte ou vous voulez sortir de leur ombre ?

Victor : C’est à double tranchant. On aime ce qu’ils font et on les admire, Pierre a remplacé  leur claviériste sur toute une tournée. C’est un groupe incontournable, on est dans leur ombre mais comme tous les groupes français car ce sont les seuls à avoir eu autant de succès. Après on a aussi travaillé avec Zdar dans le cadre de cet album, on se disait que vu qu’on aimait beaucoup Phoenix c’était un danger pour nous mais qui mieux que Zdar nous ferait ne pas faire du Phoenix, et éviter le piège.

Pierre : Pendant l’enregistrement d’Alesia on a essayé de pas du tout écouter du Phoenix pour pouvoir écouter notre musique à nous. On espère que les gens verront notre propre originalité, notre musique est très psychédélique même si on aime le format pop autant on a besoin de soupape, de morceaux qui invitent au voyage, que tu écoutes dans ton walkman et à l’impression que le monde t’appartient. Comme Alesia, Arianne… Mais on les respecte bravo à eux.

Comment expliquez-vous que les groupes français pop/electro marchent si bien à l’étranger ?

Victor : C’est pas nouveau, il y a eu Daft Punk, Jean-Michel Jarre et Phoenix aussi. C’est de la musique déshumanisé donc plus de barrières, mais je sais pas il doit y avoir un prisme, pour les étrangers il doit y avoir un charme à la française, une sorte d’exotisme. C’est pareil pour nous.

Sinon c’est quoi pour vous la vie de Château ?

Victor : On l’a connait pas du tout, je sais pas si on l’a connaitra !

Pierre : On aime bien que les gens interprètent nos chansons, quand on a enregistré l’album on était dans cette magnifique maison dans le sud et la vie de château c’est pas forcement quelque chose de matériel… Par exemple nous donner l’occasion de faire ce qu’on aime et se lever pour le faire c’est pour nous la vie de château, mais c’est différent pour chacun.

Maintenant, un petit test :

Pearl Jam VS Nirvana.

Victor : Dur ! On se connait grâce à Pearl Jam, on était au Conservatoire, on était ado  et j’avais un tee-shirt d’eux et Pierre est venu me parler, mais on a parlé de Nirvana et depuis on est pote. Mais le groupe qui nous a donné envie de faire de la musique c’est Nirvana.

The Doors VS Rolling Stones.

Victor : Je connais beaucoup mieux les Doors et je connais mieux le mythe Rolling Stones, de moins en moins les Doors et de plus en plus les Rolling Stones… c’est dur… Jim Morrisson quoi !

Pierre : Mais il tape sur le système de beaucoup de gens, ce que je peux comprendre. Peut-être les Stones car ils sont plus mythique…

Victor : Ok.

Pierre : Mais c’est très dur comme question.

David Guetta VS Martin Solveig.

Ensemble : Guetta !

Pierre : Solveig il nous a piqué notre concept sur le tennis (rires) et Guetta maximum respect pour ses tubes interplanétaires. Solveig il avait qu’à pas nous copier ! (rires)

Stevie Wonder VS Prince.

Pierre : Stevie Wonder c’est un modèle, Prince à ce truc primal, funk, moderne des années 80. Wonder il a cette dimension, je sais pas…
Victor : Puis il est aveugle, Prince est notre héros. C’est un peu Dieu et demi-Dieu mais ouais Stevie Wonder.

Air VS Phoenix.

(rires) 

Pierre : Phoenix pour toutes les raisons qu’on a dit avant. Air on est fans fans fans de l’album Virgin Suicides qui est incroyable mais on va quand même dire Phoenix.

Nadal VS Djokovic .

Ensemble : On ne répond plus aux questions sur le tennis, demandez à Martin Solveig(rires)

Propos recueillis par Sabine Swann Bouchoul et Lamiya Aït-Saïd.

Merci à Aurélien C. (Coopérative Music)