Kim Churchill: le nouveau petit prince de la folk

Kim Churchill c’est un jeune artiste australien de 20 ans, au nom improbable. Mais c’est avant tout un guitariste hors pair, qui maîtrise l’harmonica comme un dieu. C’est aussi un homme orchestre qui grimpe sur scène tout seul, et parvient à s’accaparer super rapidement les « hourras » et « bravos » du public. Découvrons-le ensemble.

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Kim a commencé à jouer de la guitare lorsqu’il avait 4 ans, et n’a pas arrêté depuis. Il est tout de même passé par dix années de formation classique en école, puis en 2009 après avoir terminé le lyçée, il est parti vivre dans une fourgonnette sur les routes australiennes, afin d’être plus flexible au niveau de ses dates à travers le pays. Puis il a notamment fait les premières parties d’artistes tels que Xavier Rudd, Michael Franti, Ben Harper … et Bob Dylan ! Puis, changement de continent, et direction l’Amérique du Nord, dans le but de faire découvrir sa musique, car selon lui, si « l’on ne bouge pas son cul en tournée » il est difficile de se faire connaître. Pas faux.

C’est d’ailleurs comme ça que j’ai pu le découvrir, programmé à deux reprises par les Organisateurs du Festival d’Eté de Québec. Et les Organisateurs ne se sont effectivement pas trompés à son égard.

Kim gère vraiment sur scène. Il est entouré de deux instruments à percussions à ses pieds (tambourin et grosse caisse), d’un harmonica sur sa poitrine, et bien sur de l’incontournable guitare, qui n’a visiblement plus aucun secret pour lui. Nicolas Houle du journal québécois Le Soleil parle de « finger-picking, slide et tapping », termes bien trop philosophiques pour moi pauvre musicienne classique qui n’y connaît rien.

Pour les incultes de ces termes, je vais m’employer à vous les décrire avec les moyens du bord. D’abord cherchez sur Youtube It’s This System, puis poursuivez votre lecture. Le finger-picking c’est lorsque le musicien avec sa main droite tire sur ses cordes tandis que la main gauche continue à poser les différents accords. Le slide, je pense tout bêtement que c’est la main gauche qui glisse sur une ou plusieurs cordes, afin de permettre des changements rapides d’accord aux niveaux des graves et aigus. Enfin, le tapping c’est faire des percus en utilisant la corps de la guitare, soit la cage de résonance de l’instrument (je vous conseille Gad Elmaleh grand maître du tapping en mode derbouka). En gros, Kim Churchill sait TOUT FAIRE. Et le pire c’est que lorsqu’on le regarde, tout à l’air facile.

Alors niveau musique, Kim a sorti un EP intitulé « Turn to Stone » en Australie puis un album éponyme de 13 titres remodelé pour son tour canadien. Treize chansons c’est pas si mal, d’autant plus qu’il faut savoir c’est que son titre le plus court fait 3 minutes et 3 secondes. Donc c’est tout à fait raisonnable. Alors comment décrire le genre musical ? Folk, country et blues pourraient correspondre, tout à la fois. Et l’album ce n’est que ça. Donc j’en déconseille sincèrement l’écoute aux personnes n’appréciant guère les charmes de l’harmonica.

L’album c’est aussi souvent de longues intros et conclusions. Il faut toutefois souligner le plus que joli timbre de voix de Kim Churchill, qui se mêle très bien à sa musique. Je dois également préciser que pour moi, Kim est bien meilleur en live, que sur son album, où le son semble presque figé par rapport à son aura intergalactique qu’il développe sur scène. With Sword and Shields peut être une sympathique introduction de ce que Kim peut donner en vrai, avec dynamisme, entrain et surtout des basses présentes, élément manquant cruellement à l’album.

Cela-dit, il y a de tout sur cet album, des slows comme Spending my Soul, et le magnifique Looking to Be Found, en passant par des compos bien plus country telles que Smile as He Goes Home et Truest Intentions. Et très rapidement on est frappé par ce manque, cet éloignement de Kim avec son pays natal, visibles dans ses compositions intitulées très simplement Will Go Home et Loving Home. Il le dit lui même, ses textes ont été écrits grâce à son expérience de la vie, 20 petites mais longues années de débrouillardise pour se faire connaître, des mini-scènes des centres commerciaux aux festivals où il est gracieusement (et de plus en plus) convié. C’est donc un album qui reflète une sorte de voyage initiatique, et ce jeune talent parvient à nous embarquer très facilement dans un univers onirique bien agréable.

J’ai été pour ma part totalement envoûtée par cet artiste tout jeune, mais si talentueux. C’est presque un diamant brut à tailler, mais il promet tellement de belles choses, que cet album apparaît comme une première belle pépite. J’attends donc la suite avec impatience, notamment une tournée en Europe, même si je le reconnais, le public sera sans doute plus dur à conquérir tant les Nord-Américains ont un enthousiasme naturel au niveau musical.

Kim est encore sur les routes, américaines et canadiennes jusqu’à début septembre et il fera sûrement un petit détour à la fin de l’année en Australie pour profiter de l’été, et de ses proches. Mais, car il y a toujours un « mais », on espère le voir très vite en France. Donc Kim, ceci est une invitation officielle et plus que sincère, à venir te produire à Paris !

-Si vous êtes au Canada ou aux Etats-Unis, vous pouvez retrouver les dates de tournée de Kim Churchill sur son site officiel, rubrique « Tour »:http://www.kimchurchill.com/

-Si vous souhaitez juste écouter à quoi ça ressemble, voilà le Myspace: http://www.myspace.com/kimchurchill1

Photo : Emma Shindo