Pourquoi écoute-t-on des chansons tristes ?

J’avoue j’ai la larme facile, un rien fait verser sur mes joues des rivières de sanglots. Pleurer, j’en n’ai pas vraiment honte. En public ou pas, quand un trop plein d’émotions se fait ressentir, je n’ai aucun mal à délivrer mon déluge lacrymale. Imaginez alors ce que c’est quand j’écoute de la musique. Oui, j’avoue c’est encore pire.

Surtout, que le folk n’est pas réputé être la musique la plus joyeuse qu’il soit. Sauf que moi, écouter des chansons tristes j’adore ça. Me reviens alors une phrase que Lise reprenait de Dominique A “c’est triste oui mais c’est beau, et c’est la moindre des choses que je pouvais faire“.

Une question d’état

Souvent les chansons tristes révèlent l’état particulier de son auteur. Post-rupture par exemple, il donne des ailes à la plume du chanteur qui se laisse aller et livre ses démons sur le papier. Et puis, forcément, c’est du vécu dans lequel tu retrouves un peu de ton histoire personnelle. Exemple : moi, je me suis retrouvée dans “The Boy With A Bubblegun” de Tom McRae…La phrase “if songs could kill, this one’s for you” était une dédicace directe aux hommes qui dans le passé ont brisé mon cœur.

Entendre une chanson triste, par ailleurs donne une bonne raison de pleurer en public. Si tu trouves que la fameuse excuse “non mais je transpire des yeux” c’est naze, essaie la version “tu comprends, cette chanson elle réveille en moi des sentiments profonds, enfouis…non mais laisse tomber tu peux pas saisir la beauté de la chose“.

Julien Doré m’a dit un jour “tu vois quand t’es déprimé tu cherches toujours quelqu’un de plus déprimé et de plus paumé que toi“. Et ben quand moi je me trouve un peu paumée, je mets Adele dans mes oreilles. Notamment son album 21. Là, je me dis “ça va j’ai pas encore atteint ce niveau de paumitude“.

C’est triste, mais c’est beau

Les chansons tristes sont à l’origine des plus beaux albums. Le dernier exemples en date serait celui de la défunte Amy Winehouse. Son album Back To Black parle d’amour sous toutes ses formes. Elle y raconte son histoire en quelques sortes destructrices avec son chéri de l’époque. Et, entre “Back To Black“, “Love Is A Losing Game” et “Tears Dry On Their Own“… l’album est loin de respirer la joie de vivre. Il sera récompensé maintes-fois. De même pour For Emma, Forever Ago de Bon Iver : que des pépites, mais tristes à chialer et belles à se damner, pourtant l’album est loin d’être rayonnant, il a pourtant été consacré plus bel album de l’année 2007. A propos de Bon Iver, je propose qu’il se fasse larguer une nouvelle fois, parce que trois mois après la sortie de son deuxième album, je n’arrive pas encore à être transporté par tout l’album dans son entier.

Les chansons tristes, c’est un beau moyen de se mettre à nu. Perso, un mec qui pleure pour sa nana, ou qui ose écrire tout un album pour lui dire combien il est jaloux, et qu’il aime à mourir moi je trouve ça magnifique, mais je dois être un peu pathétique et puis terriblement fleur bleue. Mais c’est comme ça qu’est né l’album Grace de Jeff Buckley, et au delà de cette voix divine, Grace en entier parle quand même d’un homme ultra possessif qui ferait n’importe quoi pour sa meuf.

Triste ne veut pas dire pathétique : Lise me racontait aussi qu’elle a pleuré en écoutant Tiken Jah Fakoly. Pourtant, les mélodies ne sont pas particulièrement tristes mais le message qu’il fait passer dans ses chansons sont forts. L’homme parle d’un continent qui meurt, pillé par les pays riche. C’est triste oui, mais c’est la pure vérité.

Enfin étrangement, les filles sont plus sensibles aux chanteurs (crooners, folkeux, chanteurs) qui chantent des chansons tristes. Cherchez pas, on craque plus pour un Jimmy Gnecco que pour un Grégoire…

Et puis Musset a écrit un jour “les chants les plus poignants sont les plus beaux“… Si Musset l’a dit, alors c’est une presque vérité générale pour moi.