La musique n’appartient pas qu’aux anciens

Est-ce vraiment la fin du monde si Lenoir divorce  France Inter, et que  son émission s’arrête ? Oui c’est triste c’est vrai, C’est Lenoir était vraiment cool, ça permettait de découvrir des artistes, d’écouter de la musique en live dans sa radio…blablabla. Écouter de la musique live à la radio…un concept étrange que je n’ai jamais vraiment bien compris. Un concert tu l’écoutes à la radio toi, l’oreille collée au poste ? Pour écouter quoi ? Mauranne, grand-père Aubert, et les autres artistes passés ? Très peu pour moi. Lenoir est mort, la radio est morte de toute manière, et elle a toujours un train de retard. Mise à part LeMouv, Radio Néo, Nova, a-t-on réellement des radios novatrices, avec des artistes frais qui passent dedans ? Je sèche. Le fait est que la musique semble être la chose gardée des Anciens.

Que ce soit à la télé, à la radio ou dans la presse écrite, elle est le domaine réservée des 50 ans et plus. Nous autres, en dessous de cette limite, passons pour des ignorants. C’est une affaire d’anciens” qui ne comptent pas lâcher leur poste au profit de ces nouveaux venus en jeans slims, derbys et grosses lunettes.

J’avoue, à une époque mon rêve à moi, était d’écrire pour Rock & Folk, ce que j’appelais avec amour et affection mon Holy Bible. Ceci étant, avec le temps, je me suis rendue à l’évidence, le magazine n’est pas réservé aux enfants de la génération 80. Il s’agit de mater les Unes de R&F et on se rend compte qu’on parle davantage d’Histoire et Légendes Rock que de musiques actuelles. Oui bien sûr, c’est beau de parler de Hendrix, Bob, Noir Désir et les autres éléphants d’un autre temps… je le fais souvent moi aussi avec le peu que je sais.

Mais le problème est là : il est révolu ce temps… le problème réside dans le fait que ce sont des gens de la génération Hendrix, Morrison et autres qui tiennent les rennes du magazine, et de ce fait, sont peu réactifs à ce qui se passe aujourd’hui. Pourquoi manger du pâté quand on a été habitué à se nourrir de Foie Gras? Une fois, ils ont tenté la Cure de Jouvence, le tout pour le tout, histoire de rajeunir le lectorat en osant afficher les affreux Naasts en Une… fiasco, cataclysme, horreur ! On se rend compte que les mecs de R&F et surtout son rédac-chef sont à la ramasse… C’est vrai, les seventies étaient fascinantes, moi-même j’essaie de percer le mystère de cette époque durant laquelle nos parents s’amusaient. Cette époque à la fois foisonnante et trash, mystique, énervée qui a bousculé tout les codes préexistants. Mais, le fait est qu’on ne peut pas vivre dans le passé. C’est vrai aussi que le journal s’adapte à son lecteur, et qu’aujourd’hui les jeunes ne lisent pas autant la presse que nos parents, du coup. Nous, on est plus l’œil collé sur nos écrans d’ordinateurs, accros aux clics de nos souris, nourris aux streamings. Parler des nouveaux venus dans la presse ou à la radio n’intéressent que très peu les « vieux » qui disent qu’untel ou untel ne sera jamais mieux que les Smiths, ou les Beatles, les Doors.

Comment fait-on aujourd’hui quand on a 25 ans, qu’on veut être journaliste musical ? Notre passion de la musique, nous, on l’a fait vivre d’une autre manière, en prenant d’assaut un outil de notre génération à nous : internet. On multiplie les sites web musicaux, les blogs, et autres réseaux, on crée des émissions de web radios, des web émissions, ou refait comme nos aînées mais sur internet. Sans doute,  les webzines ont contribué à tuer un peu la presse écrite. Nous n’avons malheureusement pas encore trouvé le moyen de faire notre place à nous dans cette presse et aux médias musicaux qui préfèrent garder leurs inamovibles fossiles. On essaie tant bien que mal de démontrer que nous aussi on s’y connaît. Et même si nous n’avons pas vu le rock naître et grandir, on peut très bien en parler. C’est Lenoir est mort ? La musique survivra. Et, nous aussi.