Curtis, Cobain, Drake et Smith : des dépressifs qu’on aime tant

La Musique est la transposition artistique de l’âme d’une personne, et forcément elle est à l’image de son auteur. Pour certains musiciens, c’est un refuge, une échappatoire, un moyen d’extérioriser son mal-être, c’est une façon de s’ouvrir au monde, ou au contraire expliquer pourquoi ils ne tiennent surtout pas à en faire parti. La musique, a connu beaucoup de dépressifs, et étrangement c’est ceux-là qui m’attirent le plus. Peut-être parce que leurs compositions étaient touchantes, ou tout simplement parce qu’elle révèle la fragilité de leurs auteurs.

Fragile, c’est certainement comme ça qu’on peut qualifier Nick Drake, le plus dépressif de tous les musiciens : asocial, il préférait la solitude de sa chambre, grand timide il n’avait pas beaucoup d’amis, artiste incompris ses trois albums fut à leurs sorties de véritables échecs commerciaux.

Le garçon ne faisait pas d’effort pour promouvoir sa musique, et faire en sorte que sa musique se vende. Un échec qui le déprimait encore plus. Drogué jusqu’à la moelle, il ne sortait pas de chez lui et c’est seul qu’il meurt à cause d’une overdose…d’anti-dépresseurs.

Aujourd’hui pourtant Nick Drake est une référence musicale, que nombre d’artistes citent en exemple absolu. Sa musique est à l’image de son auteur : minimaliste, sombre, triste mais touchante.

Il y en a un autre de dépressif qui fait office de modèle dans le monde du folk, ce cher Elliott Smith. Enfant battu, fils d’un psychiatre, et des tendances suicidaires que sa maison de disque n’a jamais pris au sérieux. Hypersensible, et très attaché à sa musique, le garçon veut se sentir libre et veut faire des albums introspectifs, simple en guitare/voix. Le succès de la B-O de Will Hunting sera terrible pour lui. Ne supportant pas d’être sous le feu des projecteurs et la pression de sa maison disque, il se réfugie dans la drogue et la boisson. Il tente une première fois de mettre fin à ses jours en se jetant du haut d’une falaise. Raté. Il veut quitter son label. Raté. Il menace de se suicider, le label rigole de ses menaces…On le retrouvera  poignardé dans sa salle de bain. C’est sa petite amie de l’époque qui découvrira son corps.  Suicide ou meurtre ? On ne sait toujours pas.

En revanche, on sait qu’Elliott Smith est un modèle pour beaucoup de musiciens. Des chansons reprises encore et encore, si bien que parfois on en oublie presque leur auteur. Un exemple : Between The Bars.

Le Folk n’est pas le seul style musical à avoir connu nombre de dépressifs. Le rock aussi en a un paquet : Ian Curtis par exemple. Enfermé dans un triangle amoureux, accroc à ses médicaments, malade et instable mentalement, il se pend dans sa cuisine quelques jours avant que Joy Division s’envole à la conquête de l’Amérique, histoire d’asseoir encore plus leur succès. Le succès ? C’est justement ce qui tuera Kurt Cobain, leader de Nirvana.

Kurt est un individu très peu social. Lorsque les jeunes de son âge s’intéressent au foot et au sport, lui préfère l’art et la musique. Difficile alors de s’intégrer à une population locale rude ou les hommes s’intéresse à « couper du bois, baiser, boire, parler de baise et boire encore » selon ses dires. Très maigre, et très timide, le garçon fait l’objet d’incessantes moqueries, et est aussi rejeté par les autres car tellement peu sociable qu’il paraissait un peu dément. « ça ne m’aurait pas surpris si on m’avait élu la personne capable d’assassiner le plus facilement tout le monde à un bal de fin d’année » raconte Kurt. La musique est son échappatoire, et ses mauvaises expériences lui serviront d’inspiration. Il laisse tomber le lycée et se consacre totalement à la musique, enchaîne à côté les petits boulots, jusqu’aux premières consécrations. Les tournées s’enchainent, Kurt s’enferme un peu plus. Le succès le rend mal à l’aise, et il trouve dans les drogues une sorte d’échappatoire… Nevermind une véritable bombe atomique propulse Kurt au rang de rockstar, ce que le garçon n’a pas supporté. Il se tirera une balle dans la tête le 8 avril 1994.