Interview : Martin Solveig

Ce qui marque avec cet album, c’est qu’on peut l’écouter en club et en radio, notamment grâce aux mélanges des styles, c’était important ce brassage musical ?

Je crois que j’ai toujours un peu mêlé les genres, et que l’électro c’est finalement un gros mélange des styles, c’est d’ailleurs ce qui rend le nom pas très lisible pour les gens, parce que l’empreinte est moins évidente et plus vaste que le rock ou le reggae par exemple. Je suis ma propre voie depuis quatre albums, et je crois que j’ai réussi à cerner à peu près le son Martin Solveig avec une évolution sur dix ans. A mon avis, il y a quand même une sorte de fil rouge.

“J’aime pas l’électro mais j’aime bien Martin Solveig” est une phrase qui revient assez souvent, est-ce que tu as conscience d’être un DJ un peu à part ?

Non, mais je pense qu’il y a tout simplement un côté un peu pop dans ce que je fais, assez accessible, assez simple et avec beaucoup de voix. Et c’est vrai que ce qui, parfois, peut rebuter un peu les gens face aux musiques électroniques c’est souvent ce côté très instrumental. Là, il y a des voix et donc on peut s’y retrouver avec ma musique.

Les festivals et les stades aussi s’y retrouvent puisqu’on programme davantage d’artistes électro que dans le passé ? L’électro devient moins hype ?

Eh bien en fait, il y a toujours une partie des artistes électro qui restent “hype”, et puis ce qu’il y a de nouveau, c’est que depuis David (Guetta), un peu Bob Sinclar avant, il y a une partie des artistes électro qui sont devenus très grand public, et qui au contraire ne sont plus hype, mais s’adressent en revanche à un public beaucoup plus large et c’est très bien comme ça.
Après, ce qui est sympa dans les festivals, c’est qu’on a affaire à un public de curieux qui s’intéresse à des styles de musique différents, qui ne vient pas forcément que pour toi. Donc, il y a une partie de séduction à prendre en compte pour l’artiste. J’aime assez l’ambiance festival. Même beaucoup. Je me sens vraiment bien dans ce type d’ambiance.

Parlons de tes clips, qui eux aussi diffèrent de ce qu’on a l’habitude de voir. Comment t’es venue l’idée de minisérie décalée ?

J’avais simplement envie de faire quelque chose de différent, de raconter une histoire qui pourrait s’enchaîner de clip en clip et d’établir une base de personnages un peu sympathiques auxquels on s’attache et qu’on a envie de faire vivre dans diverses situations. C’est de là qu’est venue cette idée de créer, comme une paire de clowns électroniques, le Martin Solveig de cette minisérie et son manager LaFaille qui l’accompagne partout.

Pourquoi d’ailleurs Roland-Garros ou le Stade de France ?

Pour Roland-Garros, j’ai toujours eu envie de faire un clip sur le tennis. C’est un truc particulier, j’aime ce sport, je trouve que c’est un sport qui est photogénique d’une certaine manière, qui rend bien à l’image et qu’on voit assez peu en clip, et je me suis dit que l’exploiter, ce serait intéressant. Donc, je l’ai greffé à mon histoire. Pour le Stade de France, en revanche, l’important c’est qu’il y ait beaucoup de monde parce que c’était un clip sur le public et donc il n’y a pas de meilleur décor possible que le Stade de France pour faire un clip de stade avec un grand public qui fait des vagues, c’était ça un peu le concept. Et, le dernier point important, c’était toujours de s’incruster de manière iconoclaste dans les endroits ou l’on n’est pas naturellement attendu. Et dans Smash, les personnages ne sont pas à leurs places habituelles, tout est un peu bizarre, on est fiction et réalité et c’est ça que j’aime bien travailler.

Beaucoup de clips s’apparentent à des courts-métrages aujourd’hui, quelle place occupe le clip ces temps-ci dans l’industrie musicale ?

La partie vidéo/image d’une musique est absolument essentielle à partir d’un certain stade. Ca peut énormément aider au début ou, au contraire, ça peut soutenir un morceau qui plaît. J’ai remarqué depuis quelque temps que l’endroit où les gens écoutent le plus souvent de la musique c’est YouTube, un site de vidéos, donc oui, la dimension vidéo est devenue peut-être beaucoup plus importante qu’avant. Et j’ajoute qu’il faut être beaucoup plus créatif qu’avant puisqu’on a beaucoup moins d’argent pour faire des clips alors qu’ils ont beaucoup plus d’importance qu’avant. Le clip Hello a été une pierre essentielle de la fondation du projet Smash. Je n’arrive même pas à dissocier vidéos et musique. Pour moi, Smash, c’est un album et une série de vidéos et ça va se poursuivre d’ailleurs, et c’est la série qui va permettre de continuer à faire vivre le projet.

Peux-tu nous en dire un peu plus sur le prochain épisode, justement ?

Le prochain single s’appelle “Big in Japan“, c’est l’histoire d’un mec qui fantasme sur l’idée d’être une star au Japon, parce qu’il adore le Japon et que c’est un pays à part, dans lequel tous les codes sont différents et les stars internationales peuvent ne pas être du tout connues au Japon, et il y a des stars japonaises énormissimes qui déplacent des stades entiers et qui n’ont jamais mis un pied en Europe, parce que c’est très particulier. C’est un peu ce choc des cultures que j’aime et dont j’avais envie de parler sur le prochain single.

Propos recueillis par Sabine Bouchoul pour le site de NRJ.FR