On y était : Asaf Avidan au Trianon

Ce dimanche 1er avril flotte dans mon air comme un vent de Woodstock. J’avais enfin décidé d’aller voir l’expo Bob Dylan à la Cité de la Musique. Pour l’occasion, j’ai donc sorti bottes, short, foulard à fleur, la boucle d’oreille plume et le headbang. Panoplie totale. Cela m’a valu quelques remarques par un cas soc’ dans le métro parisien…Tu sais celui qui t’interpelle avec le très célèbre “Hep mademoiselle, très charmante“. Lui, il répètera ensuite trois fois en l’espace d’une minute “j’aime bien ton look Woodstock“. Relou, mais au moins il a deviné en quoi je m’étais déguisée.

Expo Bob Dylan. Inutile de vous dire qu’elle était géniale. Des photos splendides en noir et blanc, une traversée de l’histoire du folksong, la naissance du folk-rock. La transformation musicale de Bob Dylan. On croise le chemin de Hank Williams, du Kingston Trio, Joan Baez, Woody Guthrie, Johnny Cash. On trouve de vieux manuscrits, des vieilles guitares, des vieux vinyles écornés… le Newport FolkFest, Woodstock…Tout y est… En repartant de la Cité de la musique, histoire de garder un peu de l’ambiance avec moi, je suis repartie avec 131 euros d’albums, tous les albums de Dylan que je n’avais pas, plus quelques autres albums trouvés sur place. Dont un de Janis Joplin… Quelques heures plus tard j’allais retrouver sa réincarnation.

Quand tu cherches des articles sur Asaf Avidan, il y a une chose sur laquelle tous les rédacteurs s’accordent. Tous diront que la voix tantôt haut perchée tantôt rauque de l’israélien ressemble à s’y méprendre à celle de Janis Joplin. C’est frappant, et assez déstabilisant à la première écoute. On s’en rendra compte encore une fois au Trianon. Ce soir là, le chanteur se présente seul, il a laissé derrière ses Mojos, la formation avec laquelle il joue habituellement. Pour sa nouvelle tournée c’est juste lui, sa guitare et son harmonica…Comme un Bob Dylan.

En acoustique, assis sur sa chaise Asaf commence son set. La voix de ce garçon avec ce timbre si particulier, il te prend aux tripes, il t’embarque et t’électrifie. Cette voix particulière, Asaf joue aux montagnes russes avec elle, il lui fait faire des acrobaties infernales, il l’écrabouille, la torture en montant tellement haut dans les aiguës que Jeff Buckley doit lui même applaudir la perf’ depuis le Paradis. Tout cela avec une parfaite maîtrise. Son set aussi il le maîtrise parfaitement. Il parcourt ses deux albums Poor Boy/ Lucky Man et The Reckoning, égrènera ses tubes entre folk et blues. « Reckoning song », « Weak », « Hangwoman », “Her Lies”. Sur scène, il “vomit” ses sentiments, rigole de lui-même, raconte beaucoup d’anecdotes sur lui, la Bible, le rock’n’roll, son ex-girlfriend.

Il y a comme une communion magique qui se crée entre l’artiste et son public qui écoutait religieusement. Tellement religieusement qu’Asaf en rigolera parfois ! “Ce n’est pas parce que je suis tout seul qu’il faut être si calme, dira-t-il. Je veux des cris comme pendant un concert de hard-rock“. Le public s’exécutera. Des échanges comme celui-ci, il y en aura pendant tout le concert. Un Asaf très bavard, un public aux anges.

Je m’insurge souvent contre les chanteurs folk qui abandonnent leurs arrangements dépouillés et épurés pour quelque chose de plus pêchus (pas forcément meilleurs). Asaf Avidan est la preuve qu’une voix, une guitare et une présence (mon dieu quelle présence) suffisent largement à emballer une salle.