On a écouté Angus Stone tout seul !

Dans la famille Beautiful Folk je voudrais le frère et la soeur, Angus and Julia Stone ! En effet, ces dernières années ces 2 touches-à-tout multi-instrumentalistes, nous ont embarqués dans leur magnifique univers, ce petit nuage tout doux, tout cotonneux, cette ballade folk hippie australienne que sont leur 3 albums et 7 EP, et oui, tout ça !  Ils ont su séduire tout le monde, aussi bien les vrais fans de folk indé, que le grand public, notamment grâce au morceau “Big Jet Plane”, vous vous en souvenez forcément tant sa diffusion toutes radios confondues + pub télé fut envahissante pendant un temps. En live, j’ai pour habitude de dire que c’est probablement un des plus beaux concerts auquel il m’ait été donné d’assister, beau dans son sens le plus simple: merveilleux, envoûtant, attachant, émouvant, généreux.

Leurs deux voix se marient magnifiquement bien et donc l’exercice de la séparation pour des carrières solos pouvaient paraître inquiétant. Et visiblement dans le match Angus vs Julia, il est probablement le gagnant. Julia a sorti The Time Machine en Janvier 2011, album intéressant, un certains nombres de jolis titres, mais un ressenti global très, très noir, larmoyant voire assez déprimant. Elle y miaule beaucoup, sa petite voix mutine si joliment mise en valeur sur les albums familliaux y est ici presque agaçante, je suis forcée de  le reconnaitre, trop de minauderies et de facéties. Son nouvel album solo, By The Horns est sorti la semaine dernière, je n’ai pas eu l’occasion de l’écouter, je sais déjà que je vais en faire hurler certain(e)s, mais la présence de Benjamin Biolay devrait définitivement me précipiter dans les bras du frère Angus… Oui je sais on n’a pas le droit de dire du mal de Biolay, je suis lyonnaise en plus, tout ça, tout ça, oui, oui, mais non, j’assume mon désamour total et irréversible !

Donc retournons à notre mouton Angus (bien que là capillairement on soit plus proche du briard !), et son nouvel opus Broken Brights dont la sortie est prévue pour Juillet. Voilà quelques jours que chez Rock’n Fool il tourne en boucle dans nos casques et que clairement, nous ne nous en remettons pas ! Swann a utilisé l’adjectif parfait, certes nous avons parfois des origines marseillaises et l’enthousiasme contagieux, mais quand-même, on n’est effectivement pas loin de la perfection. On retrouve l’univers folk que l’on aimait déjà mais aussi d’autres inffluences insoupçonnées, plus rugueuses, que ce loukoum baba cool poilu d’Angus nous avait cachées !

“River Love” le premier morceau de l’album nous ramène dans l’outback australien, ou du moins dans l’image musicale que je m’en fais, écrasé de chaleur, une route de terre rouge, et dans un virage un vieux type et son clébard sur le porche de sa ferme en train de regarder jumper les kangourous ! Plus sérieusement, ce premier titre nous entraine dans les terres de la country-folk, ensoleillée, avec banjo et violon, tout d’abord lente pour s’acheminer doucement vers une apothéose de fête populaire. “Broken Brights” est un titre typiquement Stone, guitare accoustique pour le rythme et électrique pour la mélodie, Angus nous attire à lui, sensuellement et nostalgiquement. “Wooden Chair” et son hand clapping et son sifflot, après une seule écoute vous pouvez être sûr que vous sifflerez en choeur à la deuxième ! “The Wolf and the Butter” voit redébarquer la trompette et l’harmonica joyeux. Ces titres sont typiquement le type de sons que l’on espèrait trouver dans cet album: on est de retour “à la maison”. Je passe rapidement sur “Bird on a Buffalo” car il est taillé pour les ondes et qu’il ne tardera donc pas à les envahir.

La voix d’Angus est changeante tout au long de Broken Brights, il nous en révèle toutes les facettes. Tantôt famillière parce que caressante, presque enfantine pour un rendu intimiste, celle que l’on connait déjà donc, des choeurs d’enfants viennent d’ailleurs le rejoindre sur “Monsters”, morceau un peu à la Karen O and the Kids dans Where the Wild Things Are. Tantôt souriante et enjouée, appuyée à la guitare chaloupante de “Be What You Be”, loin de l’image d’ours timide se cachant derrière ses cheveux et sa barbe pour jouer de la folk dépressive. Puis la surprise c’est qu’elle sait également se révéler beaucoup plus virile sur la très dylanesque “Only a Woman”. Et histoire d’enfoncer le clou, essayez d’imaginer ce que pourrait rendre “I Wanna Be Your Dog” des Stooges version Angus loup enragé et bien écoutez “It Was Blue” ! Fini Angus l’agneau, on est très loin de la zone de confort habituelle du garçon, les paroles sont aigries, les guitares rock et le violon déchirant pour noircir un peu plus le tableau, et vous savez quoi ? ça lui va bien ! Je n’insiste pas plus, allez l’écouter, c’est un petit bijou…

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