On y était: Les Eurockéennes de Belfort !

Ce cru 2012 des Eurocks fut un cru exceptionnel, enfin, si on avait une certaine endurance face à la pluie et à la boue quand-même !… Woodstock revival à Belfort ! Princesses et fans mollassons s’abstenir, le ring rock est en fait un bac de boue pour combat de catch !

Vendredi fut pourtant une première journée chaude et ensoleillée, les maillots de bain et odeurs de transpiration étaient bien au rendez-vous, l’été était enfin là. Votre serviteuse et sa concert-buddy avaient même fait le plein de soleil au bord de la piscine avant de se lancer dans le long périple de l’arrivée sur site. Parce que oui, nous ne le savions pas mais les Eurocks, ça se mérite ! Soit tu es soumis aux horaires des navettes train depuis Belfort, soit tu fais la queue pour rentrer dans le parking, puis tu marches, puis tu refais la queue pour prendre un bus, puis tu marches, puis tu refais la queue pour rentrer sur le site. Le point noir des Eurocks c’est quand-même ça, l’arrivée et le départ du site, et par rapport aux violents orages du lendemain, nous n’avions pas encore idée du m***ier que ça allait causer.

Vendredi donc, Hanni El Khatib commença à chauffer une audience relativement éparse en cette fin d’après-midi. Notre californien chéri était pourtant en grande forme, un guitariste/clavier s’est ajouté au groupe depuis notre interview de Février et les morceaux ont trouvé leur rythme en live. Certains sont plus sensuels, d’autres ralentis comme “Dead Wrong” pour être plus mélodieux et sussurés. Hanni still got the attitude, l’énergie est belle et les nouveaux morceaux laissent présager un bon album en préparation.

Ensuite, ne me demandez pas ce que j’ai pensé du retour de Bertrand Cantat aux côtés d’Amadou et Mariam. C’est désolant de constater que c’est la SEULE info concernant les Eurocks qui soit parue dans la presse grand public de samedi. La présence de Cantat relève du racollage people et je n’en avais absolument rien à cirer. Amadou et Mariam ne faisaient pas partie de la liste des artistes que je souhaitais voir et sinon j’assume mon avis sur la question: Oui Cantat est un grand artiste, mais non, il ne devrait plus monter sur scène et rester définitivement dans l’ombre. Fin de la polémique, next !

Dyonisos fut probablement un des grands moments de ce vendredi, ils sont déjà venus bon nombres de fois à Belfort et ils y prennent visiblement toujours autant de plaisir, nous on danse frénétiquement le Bird’n Roll !

Ensuite une petite sieste s’impose du côté de la plage avec Mickaël Kiwanuka. L’album ne m’avait pas transportée, le live ne fit que confirmer mon relatif désintérêt pour le garçon. On s’ennuie ferme mais le site est beau, on s’allonge dans le sable avec une bière et on prend des forces pour la suite !

Parce qu’après on a rendez-vous avec The Kooks. Ce n’est pas une première pour moi et du coup j’y allais contente, mais sans en attendre grand chose, et bien ils ont littéralement retourné la Greenroom ! Tout le monde a dansé, Luke est venu chercher chaque festivalier pour l’embarquer dans son délire, la bonne humeur émanant du groupe fut totalement contagieuse et on en ressortit souriants et béats.

Ce n’était que le début en fait, car derrière se fut le déchainement de big smiles avec C2C. En bonne fan inconditionnelle d’Hocus Pocus je savais que ce set allait être généreux, groovy et fédérateur. Ce fut tout ça et bien plus encore, la grande messe, la communication entre les fidèles, une prestation d’exception ! Et c’est gonflée de cette belle énergie que nous rentrâmes reposer nos corps de festivalières épuisées… (Surtout que je vous passe la blague sur les 2 blondes qui ne notent pas la lettre de l’allée dans laquelle elles sont garées et qui passent donc 1h dans un champs grand d’au moins 1km à bipper toutes les voitures qui ressemblent de près ou de loin à une Ford Focus… Voilà…)

Samedi la météo de nos smartphones est catastrophique, nous on est toujours au bord de la piscine donc clairement: on n’y croit pas. On prend les capes de pluie mais vraiment sans conviction… C’est donc tranquillement assises à l’ombre d’un arbre qu’on écoute le rock rétro de Sallie Ford & The Sound Outside, mise en bouche sympathique ! Ensuite on fait un grand écart musical en se rapprochant de la Greenroom où s’énervent nonchalammant les Cerebral Ballzy. Cette bande de jeunes branlots new-yorkais envoient du lourd, jouent vite à la Ramones mais c’est un peu trop brouillon pour vraiment être séduite…

Ceux que j’attendais vraiment pour jumper et hululer de bonheur c’était Django Django et je ne fus pas déçue ! Chemises improbables coordonnées et pantacourts, talents multi-instrumentaux, et du feu pour faire prendre la sauce ! Leurs rythmes sont décapants et très habiles, en live c’est le groupe espoir de cette édition en ce qui me concerne. On fait un petit tour du côté de la Greenroom où tape fort le rock de Thee Oh Sees mais je dois dire que le comportement autistique sous amphétamine du chanteur et du guitariste m’ont tout simplement fait peur ! Et donc retour sur la plage pour Electric Guest, les protégés de Danger Mouse, supposément dans la même lignée que Django Django, et là j’avoue que mon ressenti fut en demi-teinte. L’attitude du chanteur sur scène est en fait à mi-chemin entre George Mickaël époque Wham et Mika ! Un tout petit chouchou qui danse et vit ses chansons à 300% mais les rendant très revival années 80 et j’ai été certes amusée (voire moqueuse) mais pas tellement embarquée.

Ensuite c’est là que les choses ont commencé à sérieusement se gâter. Kavinsky a rendu encore plus inquiétante l’atmosphère de cette fin d’après-midi, son électro devenant la parfaite bande son du drame météorologique qui était sur le point de se dérouler… Parenthèse, la jeune femme de l’organisation introduisant les groupes sur la scène de la plage, nous a dit que la tempête arrivait et que nous allions tous mourrir ensemble, wouhou ! Rapport à Pukkelpop l’été dernier, ses propos étaient juste totalement déplacées et nuls à ch*** ! Carton rouge et sidération sur les visages des festivaliers… Le set de Kavinsky sera donc interrompu avant la fin, la tempête se déchainant sur des jeunes filles en robe débardeur blanche (chouette spectacle!), d’autres en short et maillot de bain, d’autres encore pied nus car les tongs ont commencé à disparaitre dans la boue… Une joyeuse panique mais pour un résultat triste: annulation de Kindness, Busy P et Sebastian, gros retard pour Miike Snow.

On est donc pas mal détrempé et les écrans nous annoncent que ce n’est qu’un premier orage, qu’un second est annoncé. Certains commencent déjà à s’en aller, nous on se dit que non, impossible de louper The Cure ! Alors on attend mais à 22h30 alors que le concert devrait débuter, c’est la grèle cette fois qui commencent à tomber, les éclairs zèbrent le ciel de tous les côtés, les annonces par l’organisation dans les micros sont inaudibles, donc on lâche l’affaire et on s’en va la mort dans l’âme. Et là commence le parcours du combattant. Clairement, le site et les organisateurs n’étaient pas prêts pour parer à des conditions météo pareilles. L’entrée du site est le seul endroit où se trouve des chapiteaux, donc impossible de sortir, les festivaliers s’étant réfugiés là. On se retrouve donc dans un entonnoir, sans savoir si c’est ouvert à la sortie, et le tout sous des arbres en plein orage. On se sort enfin de ce bourbier pour ensuite être à nouveau entassés comme du bétail dans un chemin au mileu de la forêt (toujours sous des arbres en plein orage !) au bout duquel nous attend une hypothétique navette pour retourner au parking/camping. Et donc là après 20 min serrés comme des sardines, la sécurité dit plus de navette… Il est 23h30 et les Cure commencent à jouer… Loose totale, pas de communication ni pour nous encourager à rester quand on était sur le site, ni pour nous aider à sortir de ce bronx maintenant ! Sans chercher à noircir le tableau, tout ça aurait pu très, très mal se finir et visiblement le terrible accident de Pukkelpop n’a pas servi de leçon pour assurer la sécurité des festivaliers pris dans un orage…

Dimanche réveil avec un petit goût amer dans la bouche, même pas dû à une vilaine cuite mais au comment’ sur FB des gens qui ont eu la chance, eux, d’assister au concert historique de 2h30, 28 chansons de Cure… Bouhouhou… Surtout qu’il pleut, des cordes, et qu’il fait 17 degrès. Mes bottes en cahoutchouc vont enfin pouvoir s’exprimer, allez on se motive et c’est parti !

On attaque assez mollement la journée avec les Brian Jonestown Massacre. Pas de chance pour eux, la pluie leur fait des misères et dès que le chanteur s’approche du micro, bah c’est un massacre ! Mais quand-même, grosse déception de voir un si grand nombre de magnifiques guitares sur scène pour un son assez quelconque au final. Sympa mais peut mieux faire.

Ensuite c’est un des rendez-vous du week-end que j’attendais avec impatience. Non, pas Lana Del Rey désolée, je ne sais même pas ce que les gens en ont pensé au final et si elle est ressortie vivante de son set ?! Non, non, moi c’est Brittany Howard que j’attendais, d’Alabama Shakes, la nouvelle reine de la soul, la grande prêtresse du rock à la voix invraisemblablement profonde pour ses 23 ans ! Et ce fut une émotion subblime, un de ces concerts dont on sait que la chaire de poule reviendra rien qu’en y repensant dans quelques années. Une seule envie: les revoir pour LEUR concert, vite !

Ensuite Charlie Winston rassemble beaucoup de monde à ses pieds (décorés d’improbable chaussettes roses!). J’aime plus l’artiste et le show-man que ses chansons, mais quand-même, es-tu fatigué Charlie ? N’étant pas restée tout le set, je ne me prononcerai pas sur le résultat global de la prestation, mais voilà, Charlie ne m’a pas retenue devant lui et donc direction Poliça. Quelques morceaux entendus sur le net, une très belle voix un tout petit peu à la Feist et un son très typé, un peu électro, un peu pop, un peu plein de trucs mais pas inaccessible, bien au contraire. La prestation live fut intéressante et a définitivement donné envie d’en savoir plus. Et puis de manière assez pratique c’était la scène Loggia, juste en face de THE tête d’affiche du jour: Mr. Jack White please !

Jack White était là avec son groupe de filles cette fois. Et ce fut un concert magistral. Je ne sais pas comment est le groupe de garçons, mais les filles sont toutes plus talentueuses les unes que les autres, spéciale mention pour la batteuse, hallucinante, et Jack a l’air particulièrement heureux au milieu de son harem. On a eu droit à un peu de chacun de ses albums, beaucoup du dernier en solo bien sûr, il balaya les soucis techniques d’un “We’re going to be friends” guitare/voix hélas audible par seulement les 20 personnes du premier rang, pour finir en apocalypse avec “Seven Nation Army”. Les 20 kgs de boue englués sous chaque pieds des festivaliers ne pèsent plus rien, la pluie on s’en fout, on est tous en extase, conscients de l’évènement historique que l’on est en train de vivre !

Il nous faudra quelques temps pour redescendre de ce nuage White pour rejoindre Miles Kane. Le jeune Briton veut en découdre avec le public, il attaque fort avec “Rearrange”, on déguste encore quelques titres, puis il est temps de tirer notre révérence hélas. Il faut maintenant marcher, faire la queue, attendre la navette train, faire la queue, apprécier les gerbes des festivaliers précédents gentiment déposées dans la navette, puis récupérer sa bagnole pour faire encore 3h30 de route… Mais vous savez quoi ? ON S’EN FOUT !!! C’était un grand, grand, grand week-end, vivement le ring rock de l’année prochaine !!!