We Were Evergreen : “On a mangé à côté de Phoenix et Alela Diane” (interview)

Leur nom n’aura échappé à personne : We Were Evergreen est partout. Un trio frais à la musique absolument irrésistible. Artiste du chantier des Francos 2012, ils ne cessent de séduire la planète musique. Cela fait un moment qu’on les suit, mais on n’avait jamais eu la chance de les interviewer. C’est désormais chose faite ! Une interview détente réalisée pendant les Francofolies de la Rochelle.

Votre première rencontre, c’était quand ?

William : c’est dans la salle de répétition de l’auditorium au conservatoire du 14ème

Fabienne : c’était même notre première répétition

William : guitare, piano, caisse claire.

Michael : c’était au conservatoire directement ? Dans mon souvenir, c’était directement en concert. Je ne me rappelle même pas de cette première répet… J’avais l’impression que William était venu le jour même et qu’on avait juste fait des balances.

William : on n’a fait une seule répét…

Mais comment  êtes-vous entrés en contact ?

Fabienne : je faisais des percus avec William au conservatoire, et j’étais en prépa avec Michael et on faisait du théâtre en amateur aussi. Mais, on ne se connaissait pas beaucoup avant de se répéter ensemble. C’était en 2008.

Et cette première répétition, comment elle s’est passée ?

William : Il y avait Michael, tout timide sur sa chaise qui jouait son morceau. Fabienne lui demandait les accords au piano, il ne les connaissait pas ! Et moi, je demandais quand est-ce qu’il voulait que je joue, et ils me disaient « ben là par exemple ». On a essayé des choses, et on a trouvé ça très très bien !

Fabienne : on était tous très timides !

We Were Evergreen c’est votre premier groupe ou y en a-t-il eu avant ?

Fabienne : pour moi c’était le premier.

Michael : moi, c’est mon premier groupe sérieux. Auparavant, je jouais dans un groupe de reprises qui s’appelait Absolut. On reprenait White Stripes, The Do, Noir Désir… C’était au lycée. Après, je suis monté à Paris et j’ai laissé ça derrière moi.

William : j’en ai plusieurs. Un groupe de jazz qui s’appelait la compagnie des lapins bleus. Un groupe de rock qui s’appelait Hybrid, un autre groupe de rock, Cashemire… On n’a jamais décollé. C’était à Pau, Toulouse et Paris.

Votre premier studio ?

Fabienne : Notre première fois dans un vrai studio c’était en 2009 pour le premier EP. On avait six jours pour enregistrer six morceaux. C’était au studio Microbe. C’était super marrant. Très speed, mais c’est un bon souvenir.

Michael : ça nous beaucoup servi pour l’expérience, on sait maintenant qu’il y a des choses à ne pas faire. Comme prévoir trop de morceaux en si peu de temps. Ne pas partir avec des idées préconçues. Et ne pas partir avec une liste de choses à faire, parce qu’au final tu te retrouves déçu.  Ou alors faut être ultra-préparé, nous on ne l’était pas assez.

William : oui mais sur six morceaux, il y en a quand même trois qui sont très bien !

Fabienne : pour le second EP, on a enregistré chez un ami, Rémi, qui a un petit studio rue Strasbourg St Denis. On a fait quatre titre, et pour le coup on a pris le temps…peut-être trop même parce qu’on travaillait tous à plein temps à côté. Mais c’était un bon moment de création.

Le premier gros concert ?

Fabienne : L’espace Pierre Cardin. Il y a deux ans. C’était dans le cadre du festival étudiant Ici & Demain. On avait mis en place toute une scénographie.

Michael : On avait vraiment beaucoup travaillé pour ce concert.

Fabienne : C’était un gros plateau et puis il y avait beaucoup de monde. Peut-être 500 personnes…

Première grosse critique positive ou négative ?

Michael : je crois que c’était Magic. Alors qu’on avait juste envoyé l’EP autoproduit. On ne pensait pas qu’ils allaient faire quelque chose. Et ils ont écrit une chronique très cool.

Fabienne : super bien écrite en plus…

William : Pour les critiques négatives, elles sont davantage dites à l’orale. C’est plutôt du genre “il y a quelqu’un qui a dit que quelqu’un a dit qu’il avait détesté“. Après on nous dit parfois que c’est mignon…

Fabienne : en Angleterre, il y a un mec qui a écrit un jour qu’on était trop content d’être sur Terre. Et en gros il disait « il faut qu’ils aient le cœur brisé, pour pouvoir briser le mien »… J’ai envie de dire pardon de ne pas pleurer sur scène.

William : de toute manière, on ne peut pas plaire à tout le monde !

Première déception musicale ?

Fabienne : L’année dernière on a joué dans un festival à Victoria Park. Un gros festival quand même. On était programmé sur une grande scène, au tout début du line-up. A l’ouverture du festival. On était tout content… et en fait il y avait personne. Mais vraiment personne ! On s’est rendu compte au bout de trois morceaux qu’il y avait des problèmes à l’entrée du Festival. Du coup on a fait trois quart du set devant personnes ! Et on ne pouvait pas retarder…C’est seulement à la toute fin du set que les gens ont commencé à arriver.

Comment on gère ça quand il y a personne ?

William : on prend ça comme une répétition, on s’amuse entre nous. Ce n’est pas grave. Le pire, c’est quand avant un concert, tu as un imbécile qui vient te voir pour te dire « il y a machin de chez Warner, ou truc de chez Universal », et que tu te plantes, là c’est plus dur. C’était notre gros problème en plus pendant un moment, l’attitude sur scène. On était trop timides et quand il y avait un truc qui n’allait pas pendant le set, on paniquait un peu.

Ça se travaille comment ça justement ?

Fabienne : Le chantier des Francos nous a bien aidés. Ils nous ont expliqué que si on le sentait pas, mieux vaut ne pas parler.

Michael : de toute manière, les gens trouveront toujours quelque chose à dire. Si tu ne parles pas, ils te le reprocheront, si tu parles trop, ils te le feront remarquer aussi.

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Votre première grosse joie musicale ?

William : quand on gagnait le Prix SFR Jeunes Talents. C’était au centre FGO, presque en mode Tremplin. Il y avait quatre groupes qui jouaient et à la fin Matthieu Chedid et son équipe de jury montait sur scène pour désigner le gagnant. Et quand M dit « on choisit WWE » c’était super.

Fabienne : et puis il a joué avec nous aussi…

William : sinon, il y a aussi le premier clip. Quand il a été désigné « vidéo star » sur dailymotion.

Ce premier clip, parlons-en ?

Michael : on faisait parti d’une association Cité Mu, un ensemble de gens dans le milieu du cinéma et des arts graphiques. Elle nous a mis en relation avec Nathaniel H’Limi qui sortait des beaux arts. On avait vu qu’il faisait des vidéos en stop motion, et ça nous avait bien plu. On a travaillé ensemble sur ce clip qui n’a couté rien du tout !

Fabienne : enfin si 400 euros, pour les décors… On a tourné pendant trois jours dans l’appart de Michael.

Michael : on avait viré mon coloc. On a tout vidé sa chambre, et on a tourné dedans. C’était entre Noël et le jour de l’an ! On faisait du camping dans le salon.

A quoi pensez-vous avant de monter sur scène ?

William : est-ce que ma pédale est branchée ?

Michael : est-ce que je n’ai pas oublié ma trompette. Est-ce que j’ai bien un médiator ?

Fabienne : j’essaie de penser au public…Oui c’est peut-être cucul mais je me dis qu’il faut que je donne le meilleur de moi-même.

La première chose que vous vous dites, une fois que vous êtes sur scène ?

William : là, ce n’est jamais la même chose parce que tu découvres le public, combien ils sont, est-ce qu’ils sont loin, est-ce qu’ils crient ou ils se taisent…

Fabienne : « oh putain ». Quand on a fait la première partie de Selah Sue au Zénith, quand on est monté sur scène et qu’on a vu les 7 000 personnes, je n’arrêtais pas de me dire « putain je vais chialer ! » Je suis sûre qu’à mon mariage je ne serais pas aussi stressée !

Le premier gros festival ?

Michael : C’était les Eurocks. Bon, il y avait pas beaucoup de personnes, c’était une petite scène, mais c’était la première grosse expérience de festival.

Fabienne : le catering c’était fou. On a mangé à côté de Phoenix et Alela Diane !

William : sinon il y avait le festival Great Escape à Brighton. On était en première partie de Little Dragon. Et sur scène il y avait rien qui marchait. On avait 5 minutes pour plugger tous les instruments. Les mecs ont coupé la musique, on avait 600 personnes qui attendait, et il n’y avait rien qui marchait. Mais on doit  y aller. En fait on a doublé l’intro, et on a tout branché sur scène pendant l’intro. Finalement, à part ça, tout c’est bien passé!