On y était : The XX au CentQuatre

Peut-être n’étais-je pas dans un bon mood. Peut-être que je deviens comme tous ces critics rock blasés. Peut-être que l’accumulation de concerts en une si courte période (un chaque soir, voire deux dans la même soirée) a finalement eu raison de moi. Peut-être que la fin d’année joue sur mon moral. Peut-être que c’est le mauvais temps ? Noël qui approche ? Ou peut-être que tout simplement, ce concert était mauvais. Vraiment mauvais. Pourtant, Dieu sait que je les aime, The XX, un amour qui date depuis le premier album XX, l’un des albums les plus sensuels qui m’ait été donné d’écouter. Un son novateur pour son temps, une musique contemplative et dansante en même temps, spectrale et lancinante…

Mais…il est vrai que le deuxième essai ne m’avait guère emballée, comme si la magie s’était éteinte, comme s’ils étaient incapable de se renouveler, et que mollement ils avaient reproduit le même album une seconde fois, mais en dix fois moins bien. Je n’allais donc pas au CentQuatre en terrain ultra conquis. Mais, j’attendais de ce concert qu’il me réconcilie avec The XX. J’étais prête à changer d’avis sur Coexist, car un album n’est jamais mieux défendu que sur scène…Une vérité qui ne s’applique pas aux Anglais, visiblement. La seule chose qu’on retiendra de ce concert, c’est le jeu de lumière et la scénographie… Et puis peut-être l’immense croix, emblème du groupe, qui a surplombé la scène à la toute fin du set. Mais 30 € la croix, c’est un peu cher payé. Le son est catastrophique, des basses tellement assourdissantes et saturés que s’en est insupportable, les voix pas en places, des musiciens absents avec quelques fugaces fulgurances scéniques. Les morceaux sont mal exécutés, balancés les uns après les autres, aplatis, sans aucune vie. Une prestation molle, inhabitée, ennuyante. A croire que The XX a tout misé sur la scénographie : le drap, les projections, la grande croix, les lumières qui les avalent pour en faire des musiciens des espèces d’ombres fantomatiques….tout ça est très beau, c’est vrai…Mais vient-on les voir en concert pour ça ?

Le groupe est doué, il le sait, on le sait, tout le monde le sait, mais il n’empêche, ça n’excuse pas un concert d’une qualité aussi médiocre que celui livré ce soir. Aucune emphase, le groupe fait le boulot, et le strict minimum. Un set de une heure qui donnait l’impression d’en faire quatre.  On a du mal à croire Romy quand elle nous lance d’une voix monotone entre deux morceaux “on est heureux de jouer ici. C’est tellement un plaisir, un rêve qui devient réalité“… Qu’est-ce que ça donne alors quand ils n’en prennent pas, de plaisir ?