La fille qui ne trouvait pas sa place en aftershow.

Ce dont je souhaiter discuter et essayer de comprendre avec vous aujourd’hui a une appellation bien connue par un cercle d’initiés : l’aftershow. Cet anglicisme est fort répandu dans le milieu musical, puisque bien souvent, des “compagnies” organisent une petite sauterie mondaine réservée à des guests triés sur le volet, juste après un concert, ou une soirée. Regardons-y de plus près si vous le voulez bien.

PS : Ceci est ironique, merci de ne pas le prendre au sérieux (ou juste un petit peu, surtout si vous vous sentez visés). Avec tout mon amour.

  • Un aftershow c’est un regroupement de hypsters : la primauté de l’apparence.

A première vue, la première chose qui saute aux yeux quand tu as passé la routine du contrôle d’identité (invitation ou liste), c’est que tu as tendance à croire que tu t’es trompé d’endroit. Une soirée Maje ? Un showcase Fauve ? Non non, juste l’aftershow. Pas cool les organisateurs, on aurait pu préciser qu’il y avait un dress code ce soir. Pour les mecs, ça oscille entre le combo pantalon beige retroussé + chemise Ralph Lauren, ou short bleu marine + marinière, tout ça accommodé de sublimes mocassins en dain. Du côté des meufs, être blonde c’est la base. Vraies, ou fausses blondes aux racines décolorées se toisent d’un regard hautain orné d’un smocky eyes, avec leurs lèvres tartouillées de lipstick rouge Chanel ou rose biatch Dior. Tu fais moins d’un mètre 70 ? Laisse tomber. Tu as des baskets ? Hum. Ok. Seulement si c’est des compensés IM. Isabel Marant pour les kékos. Allo quoi ! Un slim, des tâlons un top blanc ou noir, et une veste kaki dont tu fais comme si tu l’avais chiné alors que tu l’as payé un peu moins d’un smic chez Zadig. Il faut dire qu’un fashion-faux pas n’est pas permis, car le but d’un aftershow se résume souvent au moto suivant : voir et être vu.

  • Un aftershow c’est élitiste : au paradis des hypocrites

Dans l’aftershow musical il n’y a pas n’importe qui. Forcément, tu n’as pas super envie de cotoyer le pauvre plouc qui est vraiment venu pour le(s) artiste(s). Au lieu de ça, tu te mélanges à untel de tel label, untel de tel magazine, untel de tel journal, untel de tel site web, untel le photographe de concert, untel de telle boîte de com etc. Ne généralisons pas, tous ne sont pas nombrilistes. Mais soyons réalistes une seconde : tout le monde se connaît. Ou du moins fait genre de se connaitre (voire le paragraphe sur les apparences). C’est bon pour le moral comme disait l’autre. Néanmoins dans le lot, il y a toujours des gens que tu ne peux pas piffer. Deux possibilités s’offrent à toi : 1. Tu vas dire faire la bise avec un sourire d’hypocrite fini ou 2. Tu fixes la personne, et tu la snobes en montrant bien que tu n’as pas besoin d’elle pour t’amuser comme un petit fou. Bien sur, inutile de faire la bise aux ami(s) de ta connaissance qui se tiennent à moins de 10cm d’elle. Non n’abusons pas, juste la bise à une personne sur quatre c’est suffisant, un peu de snobisme et d’impolitesse n’a tué personne. Tu continues ton tour du propriétaire, et puis tu tweetes sur la soirée de gue-din que tu es en train de livre, de préférence avec une horrible photo retouchée postée sur Instagram. Mais tu t’en fous de la qualité du moment tant que tu as au moins 5 likes.

Et puis tu parles fort, tu rigoles à gosier ouvert, tu enchaînes les cigarettes, et tu lances des “ça va depuis le concert de machin chose ? Ah ouais tu te souviens on était complètement chépers ?”. Tu omets juste de préciser que c’était avec du champagne. Parce que oui, bien souvent, un aftershow c’est juste une belle réunion d’alcooliques refoulés.

  • Un aftershow c’est juste de la picole (et parfois de la boustifaille)

Forcément, comment veux-tu que les guests viennent si tu ne les attires pas avec quelque chose de séduisant ? Des cadeaux ? Bof. Des gens connus ? Mouais. Après un concert, quoi de mieux que de l’alcool en open-bar, avec parfois des collations qui ne vont pas vraiment aider ton foi à encaisser les litres de binouze que tu avales. Alors certes un aftershow c’est un moyen d’apparaître en public, mais avoue que venir dire bonjour à ton ennemi juré sans une “pointe” d’alcool dans le sang c’est juste impossible. L’alcool libère les sens, et ça, ce n’est pas une rumeur populaire. En plus, c’est vachement plus branché de parler à tes pairs un verre à la main, encore plus quand tu n’as rien à leur dire. Tu prends de l’assurance et tes mouvements sont plus fluides. Tu reparles de ces aftershows comme de véritables orgies. Parallèlement c’est aussi un critère de comparaison d’un aftershow réussi ou pas. Champagne bas de gamme, jus de fruits ED, ou cocktails sur mesure ça ne se vaut pas. Attention, il faut un aftershow avec un certain standing tout de même.

  • Un aftershow c’est un trip de l’ego en bonne et due forme.

Ne pas être convié à un aftershow c’est un peu la chute de ton thermomètre social. Même si tu vas détester la soirée, c’est une question de principe. Un aftershow c’est certes un moyen de boire gratuitement, ça reste une vitrine d’exposition de ta personne : de ta forme et de tes contacts dans la vraie vie. Et puis c’est tellement agréable d’être considéré comme quelqu’un, un être dont on ne peut pas se passer, un être dont la présence est agréable et souhaitée. Un être qui va pouvoir se la raconter auprès de ses amis car “oui j’étais à l’aftershow de bidule, et détrompes-toi, ca ne valait pas shnok qui avait mis beacoup plus de moyens”. C’est juste ultra plaisant de pouvoir raconter comment tu as trouvé le concert, même si tu n’as rien suivi, tu étais à fond sur twitter pendant tout ce temps à essayer de narguer tes followers à propos de ta soirée.

Dans le fond, un aftershow a toujours un aspect cool, c’est dur de le nier. Que tu y sois vraiment pour parler du concert avec des connaissances et chiller un peu, ou bien simplement pour t’afficher et frimer. C’est une soirée comme les autres pour certains, un événement inédit pour d’autres. C’est juste difficile d’y être soi-même tant les aftershows sont réservés à une élite restreinte, des personnes qui pour la plupart, préféreraient surement rentrer chez eux que de faire acte de présence à ces soirées après une journée de travail. Un regroupement de privilégiés habitués tout simplement. Pas si dérangeant finalement. Juste l’une des caractéristiques habituelle du système français : son illustre mur en béton armé entre une majorité moins cosue, et une classe favorisée entièrement coutumière de ces soirées qui accumule privilèges sur privilèges. Rien ne semble changer. Rien n’a changé.

Allez, see you there !