En studio avec… Julien Doré

17 heures. Il pleut pour changer. J’ai rendez-vous au Studio de la Seine pour une écoute un peu spéciale. Celle du nouvel album de Julien Doré. On est quelques uns, journalistes et blogueurs à avoir l’immense privilège d’entendre ses nouveaux titres, parfois même pas terminés. Libération est là. Le Nouvel Obs, le Figaro aussi. Et moi. Pour RockNfool. Julien Doré aussi est là. Il sert la main des gens, claque la bise en serrant le bras comme on croise une vieille amie. Perfecto et jean noir, cheveux longs, quelques cernes sous les yeux. Il faut dire qu’il ne s’est pas beaucoup ménagé ces deux dernières années. Un film, une grosse tournée et dans la foulée l’enregistrement du troisième album, avec ses “gars”, ceux qui l’accompagnent sur les routes de France. Pendant trois mois ils se sont enfermés à La Fabrique, à Saint-Rémy-de-Provence pour façonner LØVE. On prononce louve. Cela veut dire Lion en danois, à ce qu’il paraît. Après le Bichon, on reste donc dans le domaine animalier. Dans ce troisième album, Julien nous parle d’amour. Évidemment. D’amour foiré, d’amour passionnel. L’Amour. Avec un grand A. Cette fois, il s’agit de ses textes à lui. Tout seul. L’album, il l’a écrit quasi-seul, alors forcément ce troisième bébé, il le chérit et c’est lui qui nous le présente. “Quand on est arrivé à la Fabrique, certains textes n’étaient même pas terminés, j’en ai fini quelques uns sur place. C’était tout nouveau pour moi”.

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L’autre nouveauté, c’est que l’album est en rupture avec Bichon. Les mélodies tristes et épurées ont fait place à des compositions plus dansantes et légères. “On est loin du zouk, mais je pense qu’on peut danser dessus pendant les mariages“. Oeil taquin. Sourire au coin. Julien Doré et son second degré (voire sixième) légendaire. Évidemment on en est loin. Et puis, pas certain qu’on ait vraiment envie de danser en écoutant les paroles des chansons. Ça parle de promesses non tenues, de ruptures, d’amour rêvé ou brisé. On commence avec “Hôtel-Thérèse“. “C’est un hôtel du deuxième arrondissement où j’ai vécu quelques mois. Je vous le conseille“. Quand il en parle, il regarde ses pieds, passe la main dans ses cheveux, évite soigneusement de croiser le regard des gens. Puis il lance l’écoute. Ok. Pas vraiment remis, le Julien. L’écriture est fine, les jeux de mots très présents et le texte très bien ficelé. Même si on bat la mesure avec le pied en écoutant bien, on découvre une chanson loin de respirer le bonheur et la joie de vivre… Mais qu’on soit rassuré, l’humour est toujours présent dans les chansons de Julien Doré, comme par exemple “Michel Platini“. Sur cette chanson, il déclare sa flamme à l’ancien champion. Il l’appelle même affectueusement “mon oiseau de nuit”. L’ex-footballeur n’est pas au courant pour l’amoureuse ritournelle. “Je ne sais pas comment la lui faire parvenir en fait“, rigole Julien, le sourcil levé.

On rigole des titres de chansons “Chou-wasabi“, un tube en perspective. D’ailleurs, sur sa chaise, pendant l’écoute, on voit le chanteur se tortiller et remuer la tête. Évidemment, on a envie de danser quand on écoute la chanson. Une chanson destinée à être un duo prochainement. Avec qui ? Surprise. Il n’a pas voulu lâcher la mèche. On écoute aussi “Paris-Seychelles“, le premier single, très Metronomy dans le style, mais aussi “Heaven” (une des chansons en anglais de l’album). On écoute aussi “Corbeau Blanc”. “La plus zouk de l’album“, annonce le chanteur. Traduction : la plus triste. “Je voulais terminer avec cette chanson, finalement il y en aura une autre derrière, pour finir sur une note plus joyeuse“.

Dans la liste des chansons que le chanteur a voulu nous faire écouter, il y a aussi “On Attendra l’Hiver” co-composée et co-écrite avec Darko. Coup de cœur absolu de cette première écoute… Premier ressenti : des trois albums, ce LØVE est sans doute le meilleur, le plus abouti, le plus cohérent de la courte carrière du chanteur. Le plus sincère aussi, sans doute. Une chose est sûre : c’est celui d’un mec qui a enfin arrêté de se poser des questions type “pourquoi suis-je ici ? Pourquoi je fais des chansons? Quelle est ma légitimité?” Il suffit d’écouter ce somptueux album pour comprendre que sa place, il ne l’a pas volée.

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