J’ai testé pour vous : le casting de la Nouvelle Star

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Je ne sais vraiment plus pourquoi et comment cette idée m’est venue. Mais un jour (je devais avoir de la fièvre), je me suis dit : pourquoi pas. Pourquoi ne pas tenter le casting de la Nouvelle Star. Non, je ne sais pas chanter, je ne joue que trois chansons à la guitare, et encore c’est pas fameux, mais je me suis inscrite. Je suis activement le programme depuis son lancement en 2004, à l’époque j’avais 17 ans, et je passais mon bac. Presque 10 ans plus tard, le jour de mes 27 ans, je passe les pré-castings. Juste pour voir ce comment ça se passe à l’intérieur.

Il y a un peu de monde déjà quand j’arrive vers 8 heures, apparemment certains sont là depuis 6h30, les grands malades. On attend dans le froid, mais heureusement pour nous, il ne pleut pas. Les candidats sont jeunes et visiblement, ils prennent leurs castings très à cœur. Eux, ils sont là pour « le concours de leur vie ». Moi, je suis là pour la honte de ma vie. Et je me demande encore qu’est-ce que je vais bien pouvoir chanter.

En attendant la grande épreuve, on essaie de se réchauffer comme on peut. J’ai mon thé au jasmin qui me sert de chauffage d’appoint. Certains poussent la voix et entonnent quelques chansons, suscitant jalousie ou ricanements. Une jeune fille se risque (et se loupe méchamment) sur « Titanium » de S.I.A pendant qu’un jeune homme grattouille les accords de la chanson la plus reprise sur les marches du Sacré-Coeur la bien-nommée « Wonderwall ».  On s’attend à entendre une voix de folie, en fait c’est un mince filet de voix qui s’échappe de sa bouche. Un mélange entre le mec qui semble ne pas encore avoir mué et celui qui a déjà beaucoup trop fumé de cigarette (t’as compris c’était pas beau). Plus loin un candidat joue du saxophone. Question to the class : comment va-t-il jouer et chanter en même temps ? Mystère et boule de gomme… En attendant il essaie d’ambiancer un peu la foule avec “Thrift Shop” de Macklemore… Malheureusement c’était plutôt la version “roumains du métro sur la ligne 2” qui sort de l’instrument. Usagers de la RATP, je suis sûre que tu y as déjà goûté entre les stations Pigalle et station Place de Clichy.

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crédit photo @emmashin

Dans ce capharnaüm ambiant, les autres candidats essaient de se concentrer. Ils sont dans leurs bulles et évitent de croiser les regards. La production leur distribue des contrats de confidentialité autorisant la chaîne à utiliser les enregistrements sonores et vidéo pour une durée indéterminée. « En gros, dès que tu passes la porte du palais, tu perds tous tes droits à l’image » dixit mon soutien moral . Très vite, les rires laissent place à l’angoisse lorsque les premiers candidats sortent du Palais, la mine défaite. Les recalés sont nombreux ce jour-là. La rumeur court parmi les candidats que le quota de sélectionnés est déjà atteint, que ce troisième jour c’est pour du beurre… Les rumeurs tsé ! Mon soutien moral aussi s’est fait recaler : interdiction d’avoir quelqu’un pour accompagner les pseudo-chanteurs. C’est donc seule que je passe les portes du Palais. C’est très beau déjà. Immense, mais malheureusement pas trop le temps de visiter. Un mec avec des lunettes qu’il a du piquer à Cyril Hanouna escorte les candidats. Sur le chemin, il explique avec la voix du professeur des collèges comment les auditions se passent. En gros tu t’assoies dans une salle, tu remplis une feuille (où on te demande la profession de tes parents quand même), et tu attends. “Surtout, pensez-bien à écrire les chansons que vous allez chanter sur la feuille, bien lisiblement, parce qu’ils aiment pas quand ce n’est pas bien écrit”.

Non, on n’est pourtant plus au collège.

Pour les pré-castings, les candidats passent devant un mini-jury. Deux personnes de la production qui s’y connaissent vraiment bien en musique et en talents. Il y a quatre salles, histoire d’aller vite.  Tu passes, tu chantes, tu sors. Ca va aussi vite que ça. Parfois, c’est juste tu rentres, tu sors. Une demoiselle a passé par exemple moins de deux minutes montre en main devant le jury. Le temps que je cherche mon stylo dans mon sac (certes dans mon sac, c’est Waterloo). A côté de moi, un garçon (qui ressemble beaucoup beaucoup à PSY) me raconte qu’il est encore bourré de la veille. “Ce matin pour me réveiller j’ai pris un rhum-coca” (Oh je pense aux bêtises” de Platurel version Doré). Je le soupçonne de me raconter des conneries, mais je le laisse parler. “Il faut que tu kiffes la life, que tu donnes tout quand tu passes devant eux, c’est le jour le plus important dans ta vie, tu peux réaliser ton rêve” (à ce moment précis, mon rêve c’est une assiette de pancakes, du sirop d’érable et un thé à la menthe très chaud et le moment le plus important de mes 27 premières années de vie n’est pas celui-là. Clairement). Mon tour arrive, j’abandonne PSY. On me demande mon prénom, mon nom, on me demande qui est Joy Division, j’avais mis que c’était mon groupe préféré hein, je dis que c’est mon groupe préféré. Et que ces deux-là s’y connaissent vraiment bien en musique, j’aurais du mettre Beyoncé. Je chante mes deux chansons. On me sourit, on me dit que ce sera insuffisant pour cette fois-là. Moi, je me dis que la plaisanterie a assez duré ! Prions maintenant pour que je ne sois pas dans les casseroles.

Sinon, c’est quand les castings de The Voice ?