On a écouté LØVE de Julien Doré

Il est quelque chose comme 2 heures du matin. Impossible de fermer l’œil. Trop chaud, trop froid, trop de pensées qui se bousculent dans ma tête, trop de questions existentielles et une chronique en suspens depuis maintenant trois jours. Je ne sais pas comment le prendre, cet album de Julien Dore. Il m’avait déjà fait forte impression en juillet dernier. Et voilà, que depuis le début de la semaine, il est à nouveau possible de l’écouter.

Déjà trois jours qu’il tourne en boucle. J’écris trois phrases, en efface deux. Je jette deux, trois mots sur une feuille de papier, puis le froisse. Il finit à la poubelle. Il me donne du fil à retordre cet album… Løve. Pas l’amour. Mais le lion. Mais, il ne nous aura pas comme ça, le coquin. Évidemment il parle d’amour. Il ne parle que de ça d’ailleurs et c’est sans doute pour ça que c’est si difficile de parler de cet album. Je pourrais commencer par souligner les arrangements pop et délicats, les ambiances variées, d’abord sucrées, acides et épurées. Je pourrais ensuite dire que l’écriture s’est affinée et de plus en plus soignée, finir par dire que les tournures de phrases sont habiles. Que le ukulélé de “Heaven” donne des envies d’ailleurs, que la ligne de basse sur Hôtel Thérèse, quasi-coldwave est hypnotique. Mais rien de tout cela ne décrit réellement ce qu’est Løve.

598560_10151763244621847_1430308838_n

Ce troisième album est différent des précédents. Le terrain est miné, Julien Doré nous amène sur les vestiges voire les ruines d’une relation amoureuse passée et qui semble s’être difficilement terminée. De “Hôtel Thérèse” à “On attendra l’hiver”, il nous raconte comment le fil amoureux s’étiole, comment le couple parvient à s’aimer de moins en moins pour finir par ne plus s’aimer du tout. Reste alors la mélancolie, les souvenirs. Il raconte l’envie de rembobiner, (“je paierais pour te revoir, te parler de nous” – “Viborg”), et la vie post-apocalypse (“Je meurs de me survivre” – Apache) et parvient même à faire une quasi-apologie de la rupture (“On attendra l’hiver pour s’écrire qu’on se ment. Que c’était long hier, que c’est long de s’attendre…Tu me pardonnes mon coeur – “On attendra l’Hiver”).

Cette fois, même la part de dérision – un des traits principaux du chanteur – semble avoir disparu. Ou du moins elle apparaît de manière lointaine dans cette étrange déclaration d’amour à Michel Platini. L’ovni de l’album. La respiration. Le titre qui permet de rire entre deux sanglots. Parce que, même si l’album est remarquable, il pèse un peu sur le moral. Il est romantique mais oppressant, il fait du bien, tout comme il fait du mal. Julien Doré nous refile ses maux et ses démons, on partage les peines de cœurs, on se dit qu’il a lui aussi des bleus au cœurs et on ne peut s’empêcher de les réécouter encore et encore, ses mots.

Marianne Faithfull disait que ce qu’il y a de mieux dans une relation quand elle se finit mal, c’est qu’elle permet d’écrire quelques belles chansons. Sur cet album, aucune chanson n’est à jeter.