On a écouté : “Shangri-la” de Jake Bugg

Et oui, déjà le deuxième album de l’enfant prodige de Nottingham repéré dès son premier album éponyme. Le succès qui a suivi a soit beaucoup énervé, soit achevé de convaincre les dernières couches de réticents. Bien que Jake Bugg ait le charisme scénique d’une huître, son premier album était un travail abouti, construit avec des compositions brillantes. On peut comprendre les contrariétés et autres agacements autour de sa voix, on aime ou on n’aime pas, c’est comme ça. Ce que j’ai du mal à saisir par contre, ce sont ces reproches à propos de son succès, ces condamnations presque jalouses qui t’expliquent par A + B que des Jake Bugg il y a en des milliers, bien plus sympathiques, et qui n’ont pas eu autant de chance. Okay. Et alors ?

Bref. Demain Shangri-la (qui signifierait « paradis terrestre, caché, au sommet d’une montagne – merci Google) sort dans les bacs (Mercury). L’album contient 12 titres, pour un total d’un tout petit moins de 40 minutes. De manière générale, je vois plus Shangri-la comme la suite de son premier album, plutôt que comme un deuxième album à part entière. On reste dans la continuité, même si on sent un peu de maturité vers la fin de l’album.

Pas de grosses surprise. Jake Bugg sait ce qui marche. Entre ses compos rock on retrouve bon nombre de jolies balades, « Me And You », « A Song About Love » vs ses spécialités rock-country efficaces « Messed Up Kids », « Slumville Sunrise » ou encore « There’s A Beast And We All Feed It » chanson que je n’aime pas particulièrement (pas du tout même). Pas de grosses variations non plus au niveau des thèmes abordés. Ca, c’est moins dérangeant.

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Tu veux twister ? Ecoute « Kingpin », et ne t’inquiète pas, la chanson ne dure que 2min30. Je défie quiconque qui écoutera cette chanson de rester statique en écoutant ces riffs classiques mais bel et bien dévastateurs pour mes chevilles.

« Pine Trees » un titre guitare-voix est plutôt surprenant, placé vers la fin de l’album. On se sent dans la même pièce que Jake Bugg, ambiance intime. De la simplicité, et un peu de lâcher-prise. C’est réussi.

Un titre encore plus court existe avec « What Doesn’t Kill You » qu’on aurait plutôt du appeler « What Doesn’t Kill YA », et ses 2min08. Ouais, c’est possible. Je n’arrive pas à déterminer si j’aime les grosses descentes à la gratte sur les couplets, le doublage du refrain par les riffs de 3 notes, et surtout cette sensation d’urgence qui ne m’a pas lâchée.

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Gros coup de cœur toutefois pour la 7ème de l’abum « All Your Reasons », très old-school, 5min08, des notes de Simon & Garfunkel, une partie instrumentale à la Fleetwood Mac. De l’élégance et de la candeur à la fois. Parfait.

Je mentirai si je vous disais que je n’avais pas accroché sur « Me And You ». La chanson d’amour par excellence, guitare sèche, batterie avec des balais pour le côté retenu, un petit passage de clavier pour la touche lyrique. Un peu de culcul et de délicatesse. Ca passe crême.

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Par contre « Kitchen Tables » et « Storm Passes Away » ne m’ont pas du tout convaincues. La première pour son manque d’âme et son mauvais choix de tonalité, la deuxième pour m’être retrouvée instantanément dans un vieux hummer tout pétée au Texas avec les baffes de l’auto-radio qui ont du mal à passer les aiguës.

Voilà pour les premières impressions à chaud, un peu de recul serait sans doute nécessaire, même si je ne crois pas vraiment à de futurs changements de goûts. Je n’ai juste pas eu autant de petites étoiles dans yeux que lors de l’écoute du premier opus. Mais c’est du Jake Bugg, et il y a quand même de jolies choses dans cet album. J’espérais sans doute un peu de changements et d’évolutions, car on a presque un sentiment de précipitation pour cet album. Ou alors pour ses détracteurs, Jake se repose sur ses lauriers. Mais chacun son point de vue. Shangri-la un album honorable, juste pas l’album du siècle.