On y était : Will Stratton au Rocher de Palmer

Je n’ai jamais vu The Tallest Man on Earth. Je n’ai jamais vu Iron And Wine. Encore moins Bright Eyes. Mais j’ai vu Will Stratton.

Ce petit gars, à la démarche nonchalante et l’air détaché, nous arrive tout naturellement des États Unis, et était ce lundi au Rocher de Palmer. Enfin, au bar du Rocher, devant une assemblée réduite mais très attentive.

L’influence de Nick Drake, on la perçoit très clairement dans ses plus anciennes chansons. Mais dans les faits, sa musique évoque la folk country de The Tallest Man On Earth, la délicatesse d’Iron & Wine. Pour ce qui est de la voix, difficile de ne pas lui trouver une petite ressemblance avec Damien Rice. Mais un Damien Rice pudique, qui ne dévoile aucune fragilité. Will Stratton est tout ça à la fois, mais l’y enfermer serait réducteur, tant le bonhomme a du talent.

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Il a fait honneur à son dernier et court album, paru récemment sur le très bon label bordelais Talitres, mais a également ponctué son set de compositions plus anciennes, notamment les deux dernières, puissantes et envoutantes. L’amour, la vie, tout est prétexte pour le californien à poésie. Le tout, posé sur de subtiles et captivantes arpèges, nous a fait traverser un océan, a suspendu le temps.

Ces arpèges, justement, il les exécute avec une facilité et une rapidité presque insolante. Enlevez le “presque”, en fait. Il impressionne dès les premiers instants.

La salle était séduite, même si elle ne semblait pas comprendre grand chose aux rares mots du californien. D’un côté, il aurait mérité une bien plus large audience au regard de son talent. D’un autre côté, ces choses là, on aime les garder pour nous, rien que pour nous, ranger ce petit moment d’émerveillement soigneusement dans un coin de notre tête. Et réécouter ses albums bien au chaud sous la couette.