On a écouté : My Favourite Faded Fantasy de Damien Rice

Damien Rice

Ça fait si longtemps qu’on attend cet album, tellement longtemps qu’au moment d’écrire la chronique les mots manquent. Comme Damien Rice, on a donc pris le temps avant de l’écrire. Parce que si elle est publiée aujourd’hui, elle a été entamée, il y a déjà deux semaines.
Le 1 Octobre, elle débutait ainsi :
“Ok…”
Le 10 Octobre, et une dizaine d’écoutes plus tard, c’était :
“Ok, on mentirait si on vous disait que My Favourite Faded Fantasy était…”
Le 3 novembre, date de sortie, il fallait bien aller au bout.

Un quoi ? Oui, c’est un quoi cet album ? Un bijou ?

Evidemment, c’est Damien Rice. Comment diable ce troubadour pourrait rater une chanson ? Tout ce qui sort de sa guitare touche la perfection,
ok, on mentirait si on vous disait que ce “My Favourite Faded Fantasy” était un bijou. Parce que c’est au dessus de ça. Alors oui, il n’y a que huit chansons et on en connaissait déjà deux. “The Greatest Bastard” et “The Box” qu’il chantait, bourré, dans les bars d’Irlande et dans les quelques concerts à droite à gauche, dont Pleyel en 2011. Donc elles ne comptent pas, ou si elles comptent double parce qu’on les redécouvrent. Le chanteur reprend la même recette magique : des mélodies d’abord dépouillées au max, guitare-voix, puis petit à petit elles s’étoffent, s’habillent, un violoncelle, un piano, une seconde voix, une montée crescendo, une chorale s’invite et puis au final une explosion d’émotion(s). T’as lâché une larme ? Ouai. C’est normal. Le contraire prouverait que ton cœur est aussi froid que les glaciers islandais. D’ailleurs c’est là-bas que le garçon s’est exilé pour enregistrer cet album attendu comme le Messie. Pas Lionel hein. Il a fallu que Rick Rubin le pousse un peu pour qu’il se remette à chanter, pour que l’envie et l’inspiration lui reviennent. Peut être que s’il avait fait cet album plus tôt, on n’aurait pas eu cet écrin. Oui voilà,c’est le mot qu’on cherchait. Damien Rice a été poussé par une inspiration divine pour cet album. Parce qu’il réussit à être lui et être quelqu’un d’autre aussi.

Avec “My Favourite Faded Fantasy” et “Long Long Way” on lui découvre une voix qu’on ne lui connaissait pas, qui monte plus haut dans les aigus, qui se fait plus fragile aussi. On retrouve également cette manière si nonchalante et sexy de souffler les mots, cette manière si particulière de lâcher ses maux, de parler d’amour. Parce que comme souvent chez Damien Rice, on parle d’amour. Lui dit qu’il n’a jamais été aimé, il parle de la difficulté d’être un mec (et d’être une meuf aussi) dans “Takes A Lot To Know A Man”, ballade poignante au piano qui aurait pu avoir sa place dans “9”. Il raconte qu’une relation nécessite des concessions et on se rend compte qu’à mesure qu’on avance dans l’album que chacune est une réponse à l’autre. “The Greatest Bastard” est la suite logique de “I Don’t Want to Change You“, “Colours Me In” fait écho à “The Box“. Aussi, il est impossible de zapper un titre ou d’écouter en mode shuffle sous peine de rien comprendre à l’histoire qu’est en train de nous raconter Damien Rice au cours de ses huit chansons.

Et non, huit ce n’est pas un foutage de gueule, après huit ans d’absence, car à bien y regarder aucune ne fait moins de six minutes. On se demande ce que ça donnera sur scène et déjà des frissons nous parcourent le dos. On sait que ce sera grandiose. On a déjà les Kleenex et le waterproof de prêt.