On a écouté : “A Thin Line” d’Olivia Pedroli

olivia pedroli

C’est un sentiment de paix, de sérénité qui nous envahit immédiatement lorsqu’on écoute A Thin Line, le 2e album d’Olivia Pedroli. On se sent tout de suite enveloppé dans un cocon très intime, d’un folk passé par de belles années de classique, souhaitant désormais être confronté à d’autres univers alternatifs. C’est tendre, léger, mais aussi parfois un peu angoissant, tendu, pour apporter des contrastes certains dans une musique qui pourrait être jugée lisse par les mal-avisés. C’est très (très) loin de l’être.

Dans The Other Side et Go on verrait presque passer une procession d’esprits envoûtés par une force maléfique. Il faut dire que comme pour The Den, son premier album sous son vrai nom, Olivia Pedroli anciennement Lole a profité des compétences de Valgeir Sigurðsson en Islande, producteur qui a entre autre collaboré avec Björk, Camille, CocoRosie et Bonnie Prince Billy… Tout prend sens. Il n’est donc finalement pas étonnant de trouver au beau milieu de l’album, une pause, Mute, piste instrumentale où des quintuplets de clavier introduisent l’échange d’un euphonium (ou cor) avec une trompette. D’abord fusionnels, grimpant mesure pas mesure en intensité, pour atteindre cette dernière note, posée dans l’immensité d’un socle tout à coup silencieux. Comme ces percussions omniprésentes, dans des rythmiques tantôt discrètes puis véhémentes et tribales qui viennent balancer Anywhere ou Birds, des pauses poétiques et aériennes qui n’hésitent pas à manier le silence comme un instrument à part entière.

Tout est question de dualité dans cet album. D’oppositions, comme ces titres de chansons qui nous ferait croire à des suites de Bach. Des confrontations aussi, de timbres, d’atmosphères surtout, que ce soit dans l’alternance des compositions qu’à l’intérieur même des chansons. On se détend sur la vaporeuse Try, pour mieux se retrouver le ventre noué en écoutant l’intense dialogue des percussions, du piano, des cordes et cuivres avec l’électro sur Fugue. Tout ça porté par la voix soprano franche et nette d’Olivia Pedroli. On a pendant quelques secondes l’impression d’entendre du Yann Tiersen sur Glassbirds, avant de se rappeler qu’Olivia a également composé des bandes-originales de court-métrages. On comprend mieux, ses chansons racontent une histoire. Tout monte lentement en pression, lentement mais surement. Les paroxysme sont souvent atteints sur la dernière note, à la pénultième seconde, comme pour mieux nous tenir en haleine et maintenir cette étreinte autour de nous, douce, gracieuse mais pesante et impulsive à la fois.

Un album aux allures classiques qui saura vous charmer si vous aimer autant les belles mélodies tonales que les accessorisations et explorations des sons. Tout se tient sagement sur une fine et délicate ligne, prête à céder à chaque instant.

A Thin Line, sortie le 9 février (10h10 by Cristal Records).

En concert le 11 mars au New Morning.

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