Fuzeta : “le public parisien, c’est quitte ou double”

Les finalistes du prix Ricard S.A Live ont terminé leur tournée d’été et se sont réfugiés dans la fraîcheur du studio pour préparer un nouvel E.P. Un digne successeur du génial “Dive”. On avait rencontré deux des frères de Fuzeta : Dorian (chant) et Charles (basse) pendant la Fête de la musique, pour une interview particulière à base de mots.

Fuzeta
Copyright : Emma Shindo

La mer ?

Dorian : Pour moi, c’est vital. Ce qui est par exemple une certitude, c’est que je n’habiterai jamais à Paris. C’est chouette d’y venir, c’est une ville qui m’attire mais une journée seulement. Ce n’est pas que la mer me manque, mais j’aime bien, après une journée de taff, aller dans le golfe du Morbihan pour me baigner. Quand j’étais petit, je me disais que c’était nul Vannes, mais maintenant, avec le recul, je me dis que c’est super cool d’habiter là-bas. C’est là où les Parisiens viennent en vacances (rires). La mer est très présente dans notre musique…

Charles : Si je ne faisais pas de la musique, je pense que je serais dans l’eau tout le temps…

La Bretagne ?

Charles : C’est chez nous. Pareil, je ne me vois pas vivre ailleurs. On ne l’a jamais vraiment quittée, sauf un an peut-être où on est partis vivre aux États-Unis, quand on était petits. Il y a plein de gens qui critiquent la Bretagne, mais c’est pas grave, restez chez vous !

Dorian : Ce que j’aime en Bretagne, c’est la lumière. Le problème c’est que dans la tête des gens, c’est que la Bretagne reste associée à Tipiac et Popeye !

Harmonie ? 

Dorian : C’est un peu le délire de Fuzeta. Des voix en chorale. Après moi je suis assez fan du groupe Wu-Lyf, qui n’existe plus aujourd’hui, mais qui était un peu des chiens fous, les mecs chantaient un peu en mode hooligan, ils pouvaient aussi bien jouer dans les stades que dans les pubs, c’était très instinctif, à la différence d’un groupe comme Alt-J, les mecs font décoller des fusées. J’aime bien ce côté un peu lancé, où les voix se croisent…

Charles : Moi je trouve ça triste les harmonies. Nous on est plus chant à l’unisson…

Dorian : Faut pas croire mais c’est super difficile de chanter à l’unisson, faut tenir la même note, avec la même voix, au même moment…

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Jean Louis Brossard ?

Charles : Un mec très humain. C’est le seul qui est capable de déceler un potentiel dans un groupe pas encore abouti, et d’y croire. Il n’a pas besoin d’un enregistrement fini pour sentir qu’il y a du potentiel.

Dorian : C’est drôle, dans la musique, il y a un peu le syndrome du mouton. Qui décide qu’un groupe est bon ? Hype ? S’il y en a un qui se lance, tout le monde suit et personne n’ose se mouiller vraiment, par peur de passer pour un gland sans culture. Et Jean-Louis, il a en juste rien à foutre ! Il monte sur scène comme un gamin en hurlant “putain ça c’est génial”, comme s’il avait 12 ans.

Charles : C’est un mec qui a une super culture musicale et il a souvent raison !

Le Café de la danse ?

Charles : L’inconnue. Je ne savais même pas qu’elle existait cette scène. C’est une très belle salle, un vrai beau concert. Une bonne surprise. C’était notre premier concert à Paris.

Dorian : Il y avait une crainte dans la manière d’aborder le concert. Je me souvient que Rod Maurice nous avait prévenu en nous disant que le public parisien, c’était quitte ou double, soit ils aiment soit ils en n’ont rien à foutre… Je bifurque, mais on a aussi joué à la Maroquinerie, on pensait qu’on allait se faire bouler, mais en fait les gens ont été hyper réceptifs.

Fuzeta
copyright : Emma Shindo

La route ?

Charles : C’est chiant !

Dorian : C’est ce que j’allais dire ! Au début c’est drôle. C’est marrant d’être en vadrouille. Mais quand on doit faire 10 heures de route, tout de suite c’est beaucoup moins funky.

Charles : Ce qui est embêtant, c’est qu’on enchaîne les trajets. Quand on arrive dans une ville, on a tout de suite les balances, on n’a pas vraiment le temps de se poser. Je ne te parle pas de visiter des musées, juste de se promener, profiter de l’atmosphère d’une ville… Pour l’instant, on n’a pas trop le temps de profiter, on espère qu’on pourra plus tard. C’est aussi l’intérêt de faire de la route et des concerts.

L’adolescence ?

Dorian : C’est à ce moment-là que tout s’est déclenché pour moi. À l’époque du lycée. Je me suis dit, je passe mon bac, et une fois que je serai libéré de ça, je ferai de la musique. On a un peu continué dans les études supérieures mais c’est à ce moment-là qu’on se construit et on a essayé plein de trucs.

Charles : Moi je me suis fait chier au lycée ! J’ai pas de mauvais souvenirs de l’adolescence, mais ce n’est pas une phase que j’affectionne. J’ai fait beaucoup de sport à cette époque-là parce que les études me faisaient chier. Ingurgiter et régurgiter des trucs qu’on apprend par cœur, ça m’a toujours gonflé… J’ai pas franchement adoré cette période, mais faut passer par-là !

Le futur ?

Charles : Beaucoup de plaisir

Dorian : On prend les choses comme elles viennent. On a beaucoup bossé et allons continuer à bosser, il nous reste encore une montagne à franchir. On s’est préparé à ce que ça aille doucement, mais Ricard nous a donné un bon coup de boost, on ne sait pas jusqu’où ça va aller, on va essayer de se structurer au max.

Propos recueillis par Sabine Bouchoul