5 bonnes raisons d’aller voir “Le Goût des merveilles”

Une comédie légère et touchante

Le Goût des merveilles c’est une comédie sans artifices dont les tenants et aboutissants sont attendus. Et tant mieux. Louise (Virginie Efira) est une jeune maman de 37 ans dont le mari arboriculteur est récemment décédé dans un accident de parapente. Par conséquent elle se retrouve à devoir gérer l’exploitation seule, aidée de temps à autre par ses deux enfants. L’histoire débute réellement lorsque Louise renverse Pierre au bout milieu de son chemin de terre… avant que celui-ci ne s’enfuit. Leur rencontre et leur relation inhabituelle, seront au centre du scénario, alors que de petits incidents viendront fragiliser cette structure bancale (des prêts à rembourser, un collègue arboriculteur entreprenant, une psychologue experte mandatée par l’État…). Une histoire simple, au scénario typique de la comédie élémentaire, qui est agréable à regarder en cette fin d’année pas particulièrement joyeuse. On y va pour se détendre et on en ressort satisfaits.

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Un cadre idyllique

L’histoire se déroule entre les petits marchés provençaux et la superbe maison faussement défraîchie de Louise et de ses enfants. La Drôme, ses champs, ses collines vallonnées, ses pics rocheux, ses ciels bleus, ses maisons en pierre, ses arbres fruitiers, sa lavande, ses abeilles… On aimerait tous vivre avec Louise, sa cuisine ouverte dégageant de bonnes odeurs du four, ses baies vitrées donnant sur ses champs, son désordre familier, son calme apaisant… Impossible de ne pas tomber amoureux de ce coin encore sauvage presque paradisiaque de la France.

La justesse de Benjamin Lavernhe

S’il y a un acteur qui porte le film à bout de bras, c’est bel et bien Benjamin Lavernhe. Son interprétation d’un homme atteint du syndrome d’Asperger est plus que convaincante. Pierre, son personnage travaille et vit chez un bouquiniste qui l’a recueilli après la mort de sa mère. Vêtu d’un costume, Pierre ne se déplace pas sans sa besace en cuir, qui contient son ordinateur : il y consulte la météo, traque les portables grâce aux satellites et hacke des bases de données de l’État sans mauvaise intention. Il se tient toujours droit il ne sait pas mentir et ne supporte pas le désordre. Ses passions et obsessions sont les chiffres (d’où la facilité du hacking) et les nuages qui se meuvent. Très vite, une troisième vient s’ajouter aux deux autres : Louise, qui est “têtue, bordélique mais jolie” et qui doit “être belle toute nue”. Sincère, attendrissant et impressionnant, Benjamin Lavernhe, un autre transfuge de la Comédie française, est irrésistible dans ce rôle.

Un Asperger en tête d’affiche

Mine de, malgré ses banalités, Le Goût des merveilles place un Asperger comme personnage principal. Ce n’est pas rien. On pense un temps à Rain Man, puis très vite Pierre et ses formes d’expression prennent le dessus. Pierre pince quand il aime. Pierre colle des gomettes quand il angoisse. Pierre a une mémoire incroyable. Pierre peut être jaloux et envahissant… et amoureux aussi. Chaque Asperger est unique, chaque Asperger a sa façon d’appréhender le monde, et chaque Asperger a son histoire. Le traitement de cette forme d’autiste est très juste : sans être larmoyant, on n’y trouve ni mépris ni condescendance.

Une ode à la différence

Malgré une affiche cul-cul, un titre pas très évocateur et un scénario d’histoire d’amour d’une effrayante banalité, ce film parvient à faire passer un message certes peu original, mais qu’il est bon de rappeler : fuck les diktats, on peut tomber amoureux de n’importe qui, peu importe ses différences, qu’elles soient physiques, sociales ou bien mentales. C’est aussi une ode à la tolérance, car tout le monde a sa place dans nos sociétés dites “modernes” qui ont tout de même, bien des difficultés a accepter les différences et à faire en sorte que tous ses citoyens puissent s’y épanouir.

Le Goût des merveilles, d’Eric Besnard, depuis le 16 décembre dans les salles.