“Blackstar”, le cadeau d’adieu de David Bowie. Merci pour tout.

J’ai écouté sept fois cet album de David Bowie, sans savoir quoi écrire. Alors, je suis allée prendre l’air, j’ai fait un tour à Saint-Michel, puis je suis rentrée, espérant que ma page blanche deviendrait noir. Ce n’est pas que Blackstar me déplait. Au contraire. Bien au contraire. Lester Bangs écrivait qu’il était difficile d’avoir des héros, parce qu’il faut vivre avec la crainte qu’un jour, celui-ci fasse un faux-pas selon nos critères à nous. David Bowie est l’un de mes héros. Mais, c’est un héros issu de cette époque que je n’ai pas connue mais que je ne verrai jamais sur scène. Je vis donc avec des lives enregistrés et des albums que je n’écouterais que sur ma platine. Je ne suis pas de celle qui ont attendu avec impatience l’arrivée de Young Americans, Station to Station… Ils étaient déjà tous là, quand j’étais ado, quand j’étais adulte. Je n’étais pas assez armée en Bowie, quand Reality est sortie. Et puis, pendant dix ans, je n’avais rien que les vieux enregistrements, donc je ne pouvais pas être déçue par des compromis humiliants, par des LP ratés. J’avais déjà tout à portée de mains.

Quand Next Day est sorti, je l’ai aimé. Je l’ai aimé follement, parce qu’il était bourré de références à son ancienne gloire et moi ça m’allait. Parce que c’était une façon, pour moi, de raccrocher un wagon qui est passé bien longtemps avant ma naissance.

Bowie n’a pas attendu aussi longtemps pour balancer son Blackstar. Deux ans. Sept magnifiques chansons hors du temps, hors des normes, hors de tout. Blackstar ne ressemble à rien de déjà fait par lui. Ou alors, juste pas touche. En tout cas, il confirme qu’à 69 ans, il n’a rien perdu de sa géniale créativité qui nous emmène en terrain inconnu et qu’en artiste caméléon, il aime se renouveler en proposant des nouvelles expérimentations, avec toute la théâtralité qui le caractérise. Parce que Blackstar a une dimension très théâtrale. On parle de Bowie, est-ce que ça nous étonne pas vraiment ? Ce qui étonne, c’est que l’Anglais a décidé sur les eaux du jazz troublées par des vagues électroniques. Aussi, le saxophone –  l’instrument de ses premiers amours – se retrouve presque partout. Il l’a évincé de “Girl Loves Me”, mais sinon, il est sur toutes les chansons….

Ça, c’est ce que j’écrivais samedi soir avec l’espoir de poster le tout lundi matin.

Lundi matin, je reçois à 8h du matin, une déferlante de textos m’annonçant la disparition de David Bowie. Évidemment, je n’y crois pas. C’est pas possible. C’est impossible. Pas lui. Pas tout de suite. Pas encore. En trombe, je me lève pour aller vérifier l’info. Si c’est vrai, un cancer nous l’a enlevé. Et là, c’est comme si le monde entier se dérobait sous mes pieds. Dimanche soir, je lisais encore la biographie écrite par David Buckley sur lui.

Je n’ai même pas fini la chronique. Et je ne la finirai probablement pas… Parce que c’est trop difficile, parce qu’il n’y a rien d’autre à dire, finalement, si ce n’est qu’il nous a fait le plus beau cadeau d’adieu avant de rejoindre l’autre rive. L’homme qui était tombé sur Terre, vient de rejoindre les étoiles. Adieu Starman. Merci pour tout.