C’était un samedi, 21h25, le Kid est parti, reste Clément Verzi

Je me suis posée la question de savoir s’il fallait que j’écrive ou pas un billet sur la prestation de Clément Verzi dans The Voice. Après vingt-cinq écoutes entre le samedi 13 février 21h23 et le dimanche 21h32, j’avais ma réponse. Évidemment. Parce que l’histoire qui lie Rocknfool et Clément, elle dure depuis maintenant cinq ans. Le Kid, puisque c’est comme ça qu’on le surnommait avant que TF1 lui colle l’étiquette de “chanteur du métro”, participe à la cinquième saison du champion des télécrochets. The Voice, cette machine à fabriquer des artistes qui squatteront les charts l’année suivante (si on se fie à la “sainte-trinité” Kendji-Louane-Fréro Delavega). Je souhaite le même destin à Clément mais, je lui souhaite d’aller le plus loin car, il mérite qu’on entende cette voix si particulière, cette sensibilité à part et cet univers musical qui mélange avec brio et le génie d’un alchimiste le folk, la pop et la chanson française. Lui, il dit qu’il fait du “hard folk”. J’aime l’idée. Quand Clément nous avait annoncés qu’il allait reprendre Johnny Hallyday, j’avoue, j’ai flippé. Non pas que je doute de son talent. Loin de là, je suis convaincue que ce mec est un grand artiste. Et, je sais depuis belle lurette qu’il est capable de se réapproprier les chansons des autres avec maestria. L’art de la reprise, il le maîtrise comme personne. Il suffit de réécouter ce qu’il avait fait avec “Pas assez de toi” de la Mano Negra, il y a quelques années déjà.

Ce samedi 13 février, quand Nikos annonce Clément, mes entrailles se serrent. Mes mains transpirent, mon poing est si serré que mes ongles s’enfoncent dans la peau de mes paumes. Oui, je stresse. Je panique. Pour rien, je le sais, mais j’y peux rien. Les quatre fauteuils se retournent. La bataille fait rage entre les coachs. Tous louent son talent, sa reprise, son timbre, sa modernité. On peut de nouveau respirer. Il choisit Zazie. Elle aussi est tombée dans le piège émotionnel, dans la toile du Kid.

Mais avant d’être candidat à The Voice, avant d’être le chanteur du métro, Clément Verzi c’était KidWithNoEyes. Je ne me rappelle plus exactement de la première fois où j’ai entendu ce garçon, mais je ne rappelle juste d’un violent choc émotionnel. Les poils dressés, la larme sur la joue, les mots qui ne sortent plus. Ni de la bouche, ni du clavier. Je t’ai déjà parlé du coup de foudre musical, c’est ce qu’il s’est passé avec KidWithNoEyes dont j’ai suivi l’évolution, les changements, les errances et tribulations. Je l’ai écouté d’innombrables fois dans les salles de concerts avec le même plaisir et les mêmes frissons. Il y a eu la première partie de Yael Naim, un hiver en 2011. La toute première fois. Toute seule sur mon balcon de l’Olympia, j’ai ruiné mon maquillage pourtant pas vraiment sophistiqué ce soir-là. J’avais des beaux yeux de panda en sortant de là (Yael Naim avait fini le travail).

Une autre fois à la Bellevilloise, j’aurais voulu assassiner ces personnes qui parlaient trop fort et dont les conversations couvraient la voix du Kid. Que ce soit dans un appartement parisien, dans une mini-salle du onzième ou au beau-milieu d’un jardin de Paris, c’est toujours ce même ascenseur émotionnel. Tu pleures quand il chante et tu te tords de rire quand il parle. Comme de nombreux artistes à l’âme joliment torturée, c’est un Docteur Jekyll et Mister Hyde. Et, s’il y a une chanson qui m’accompagne souvent dans mes journées de déprime depuis cinq ans, c’est “Winter Dog”. Un pansement pour les cœurs lourds. Impossible de contrôler les torrents qui s’échapperont de tes yeux à chaque écoute, parole de pleureuse.

Souvent que je l’écoute chanter Clément, je pense à un illustre folksinger : Damien Rice. Les deux ne sont pas étrangers l’un à l’autre d’ailleurs. L’Irlandais l’a déjà invité à chanter avec lui. Si aujourd’hui, KidWithNoEyes n’existe plus, en revanche, depuis un samedi 13 février 2016, 21h25, les spectateurs de TF1 n’ont d’yeux que pour lui. Et d’oreilles. Aussi. Surtout.

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