The Limiñanas – Malamore : “Vous devriez jeter une oreille, c’est vachement bien”

Le soleil est là. Attablée à une terrasse, quelque part à Montmartre. J’ai un peu de temps avant que mon rencard arrive. Pour l’instant, le tête-à-tête est entre mon ordinateur et moi. Et mon Perrier citron. Rien à foutre du couple de touriste qui me regarde suspicieux. Ben ouai, quand j’ai de la bonne musique dans les oreilles, je me balance, je bouge la tête, je gigote. Ca fait rire le serveur qui jette un coup d’oeil à l’écran de mon ordi. “Vous écoutez quoi ?”, “The Limiñanas”, “connais pas”, “vous devriez jeter une oreille, c’est vachement bien”.

“Vous devriez jeter une oreille, c’est vachement bien”. Micro-critique, en moins de 140 signes. Ca suffit non pour une chronique d’album ? Parce que, à ce qu’il paraît, ça ne sert à rien les chroniques d’albums, personne ne les lit, surtout quand elle dépasse les 200 mots. Ca tombe bien, j’en suis à 147, précisément. Mais, j’ai quand même envie d’en dire plus. Tentons le diable. Parlons plus, parlons longuement.

The Limiñanas : mi-garage mi-psyché, complètement barré. Le genre d’album que t’écoutes à fond les ballons dans ta bagnole. Enfin, j’imagine, je conduis pas. Mais c’est l’effet que ça me fait. Malamore m’évoque les années 60, les yéyés mais en moins naïfs, plus intelligents, plus construits, avec un soupçon d’esthétique à l’italienne. Notamment, avec la chanson d’ouverture “Athen I.A” qui aurait très bien pu servir de bande-son un peu épique. J’aime la nonchalance du français moitié chanté moitié parlé sur “El Beach”, “Prisunic”, “Kostas” et “Zippo”. Tu penseras à Gainsbourg. Les instrus montent crescendo (très Velvet dans la construction), les choeurs s’ajoutent jusqu’à faire monter la température. Le Velvet, on l’entend aussi dans “Malamore”. Et Marie pourrait très bien être, le temps de cette chanson, la fille spirituelle de Nico, en plus sauvage toutefois.

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Les influences de Limiñanas sont nombreuses et variées. Dedans, il y a Joy Division, même si ça ne s’entend pas toujours. En tout cas, c’est évidemment dans “Garden Of Love”. D’ailleurs, en featuring, on retrouve Peter Hook, sa basse magique qui apporte un côté profond, accentué par la voix évaporée de Marie. Les invités sont nombreux sur cet album : Pascal Comelade et Yvan Telefunken, sur la très torride  et très western « The Train Creep A Loopin ». On retrouve ainsi que Nika Leeflang chanteuse du groupe pendant les concerts. Les gros coups de coeur de cet album so vintage ou les guitares fuzzent de partout et emportent dans un tourbillon de sons hypnotiques : l’inquiétante “The Dead are walking”. Malamore, ça fait, pour reprendre les mots de Lionel : “l’effet d’un déclic, une décharge électrique”. Tu demandes déjà comment t’as fait pour vivre sans cet album parfait qui te fait dire merde à la déprime. Celui qui annonce le printemps, enfin, putain. L’hirondelle musicale. A retrouver au festival We Love Green le 5 juin. On s’y retrouve ?