FIJM 2016, le bilan : “Je reviendrai à Montréal” !

Voilà. Le Festival international de Jazz de Montréal est fini. Et comme à chaque fin de festival, j’ai le blues. La déprime. La parenthèse musicale est finie, la petite bulle de musique a éclaté. Retour à la vie normale, à la routine, celle qu’on n’aime pas trop mais qu’on est obligé de retrouver à un moment ou à un autre. J’ai passé dix jours à Montréal pour le Festival international de Jazz. Un festival emblématique dont je voyais le nom apparaître souvent sur Twitter, Facebook, dans des articles web (je suis beaucoup la presse canadienne, ne me demande pas pourquoi), ou dans des communiqués de presse. J’ai finalement eu la chance d’y être conviée cette année. Moi, l’amoureuse du Canada, moi qui avait cette image fantasmée dans la tête, je n’ai pas été déçue par toi, Montréal. Au contraire, me voilà encore plus amoureuse que jamais. Et putain, tu aimes la musique et ça fait plaisir de voir qu’une ville respire autant, bat autant pour elle.

  • Montréal est une ville de jazz
    C’est une chose que j’ai apprise grâce à une visite guidée à pied de Montréal. Léah qui se charge la visite a emmené une poignée de privilégiés découvrir le lien qui unit Montréal et le jazz. Une histoire vieille de 75 ans qui commence avec l’essor du secteur ferroviaire. Autour de la vieille gare de Windsor, les “porteurs de bagages” avaient besoin de se divertir et dans le sud de Montréal, commencent à pulluler des bars clandestins (aujourd’hui) détruits, dans lequel les Noirs de Montréal et des États-Unis venaient danser, puis jouer. Très vite,  Montréal est devenu un paradis pour les Noirs, moins victimes de la ségrégation qu’aux États-Unis. Là-bas, ils pouvaient jouer dans les mêmes orchestres que les Blancs par exemple. La-bas, on parvenait aussi à détourner les règles de la prohibition pour pouvoir étancher la soif dans les clubs et pubs clandestins. Montréal était aussi une ville de danse, pendant un temps, elle était même considérée comme la nouvelle Harlem. À mesure qu’on marche dans la ville, on découvre les hauts-lieux du jazz des sixties. Un ancien club ou Duke Ellington et Louis Armstrong totalement détruit, aujourd’hui devenu un terrain vague. Un autre club mythique accueille un Urban Outfitters (tristesse), quant à ce vieux cinéma muet dans lequel les musiciens assuraient la bande-son, aujourd’hui, il est devenu un centre de fitness. Les temps changent. N’est-ce pas ?
    (>> pour en savoir plus : je vous conseille cette série de web-documentaire passionnant : http://jazzpetitebourgognedoc.radio-canada.ca/)
  • Montréal aime la musique
    À Montréal, il y a le quartier des spectacles, centre névralgique de la musique. The place to be pour tous mélomanes. C’est ici qu’est niché le FIJM. Des grandes scènes gratuites s’ajoutent aux nombreuses salles. Ce qui donne naissance à une effervescence de tous les instants. On joue dès midi sur les grandes scènes, les balances des musiciens se font en public, on peut les suivre depuis son balcon, d’autres musiciens jouent dans les rues, on danse n’importe comment, on chante, bref on vit dans la joie et dans la bonne humeur. Il y a même des spectacles de rues, des cracheurs de feu, des danseurs traditionnels turcs. Les concerts durent jusqu’au milieu de la nuit et tout se passe bien.
  • Le public offre des standing ovation aux artistes
    La standing-ovation c’est quelque chose qui se perd. Et dans les salles montréalaises, en tout cas pendant les concerts du FIJM, tous les artistes ont eu le droit à la leur. Quand Rufus Wainwright termine son spectacle symphonique, le public se lève comme un seul homme pour applaudir à tout rompre. Même chose pour le génial Guy Belanger à l’Astral qui a rappelé combien l’harmonica est un instrument vraiment cool. Pour Brian Wilson, ce sera presqu’à chaque titre. L’émotion de la dernière fois, sans doute. En revanche, le public montréalais est bavard quand il est plus jeune et debout. Au Métropolis, on a eu du mal à entendre The Tallest Man On Earth par moments. Paris, désolée, si j’ai été méchante parfois avec toi, j’ai trouvé plus bavarde que toi !
  • Montréal sait organiser des festivals et il n’y a jamais aucun problème
    Le FIJM c’est la fête de la Musique (en beaucoup mieux) sur onze jours. Tu vois le bordel que c’est, une soirée à Paris ? À Montréal, aucun bordel, aucun débordement, on sort en famille, entre amis, en tenue légère, on boit mais on ne vomit pas, on boit mais on ne se frappe pas, on se s’agresse pas. Une chose qu’on ne sait pas faire, en France, dans les festivals. Au FIJM, l’organisation est optimale, l’équipe en charge de la presse est présente. On ne te prévient pas cinq minutes avant ton interview. Beaucoup de festival en France (à Paris même) devrait y faire un stage. Ils apprendraient beaucoup.
  • Montréal te donne le sourire
    Parce que tu te ne fais pas bousculer en allant d’une scène à l’autre, parce qu’on te dit bonjour, merci, pardon, bonne journée. Parce que les festivaliers ont le sourire jusqu’aux oreilles, parce que tout le monde s’en fout d’être bien (ou pas) habillé, parce qu’on est juste là pour écouter de la musique et kiffer. On y est si bien qu’on a envie d’y retourner. Jamie Cullum lui même dit que c’est l’un des rares festivals où les artistes arrivent un jour avant et repartent un jour après, juste pour profiter de l’ambiance. Tout est dit. Et comme dirait Charles, “Je reviendrai à Montréal” !

https://www.youtube.com/watch?v=2eJ_8jh1pG8

Merci à Jérémy, Nicolas, Eliane, Isabelle; Léah, Adrien et à toutes les personnes fantastiques qui travaillent sur ce magnifique festival.

(crédit photo : Frédérique Ménard-Aubin)