Julien Doré : la mélancolie lui va si bien

ÉCOUTE – Julien Doré a sorti vendredi 14 octobre, son nouvel album, &. Un album mélancolique et sensuel où les années 1980 semblent planer. 
Je l’ai attendu longtemps, cet album de Julien Doré. J’ai patiemment écouté chacun des singles qui sont sortis. Déception avec “Le Lac”, admiration avec “Sublime & Silence”. Des hauts et des bas. Avant qu’il sorte ce &, j’étais un peu perdue. Je ne savais pas vraiment la direction qu’allait prendre Julien Doré.
Je me rappelais d’une conversation avec Julien Doré durant laquelle il m’avait dit que la mélancolie : “c’est quelque chose de très présent dans mon travail, voire même dans ma façon de vivre. C’est un mot avec lequel j’essaie de danser et de m’accommoder dans la vie de tous les jours, plutôt que de m’enfermer avec elle. Je vis avec et j’essaie de l’utiliser pour ce que je crée, pour ce que je raconte“. La vérité c’est que cet album & transpire le romantisme, l’amour, la douceur et la mélancolie. Mais pas celle qui plombe, celle qui envoûte. La mélancolie de Julien Doré est sensuelle, elle est étrange, elle est chaude, et enveloppante.

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Amour & coeur brisé

Pour qualifier &, le chanteur parle d’un album “zouk”. Pour lui, zouk = triste. Vous le saviez déjà. Oui, l’album ne transpire pas la joie de vivre, s’il est un homme plutôt drôle, bon vivant, il est aussi un garçon qui traverse des moments de moins bien, des zones de turbulences et comme pour Løve, Julien Doré s’en sert et c’est bon pour son travail. & c’est la suite logique de Løve. Même langueur, même moiteur, même sensualité, même mélancolie, même poésie. On est loin du personnage des débuts. Celui un peu fanfaron, celui trop déconneur quitte à en faire trop. Julien Doré a grandi et aujourd’hui, il semble être en phase avec lui-même. En tout cas, dans sa musique. Il s’est trouvé. Pour se trouver, il a d’abord eu le cœur brisé. Cela a donné Løve. Il s’est ensuite enfuit dans le Mercantour. Loin de l’étouffante Paris. Cela a donné &. Dans un chalet en montagne, il a écrit, il a composé, il a enregistré les chansons qui composent ce nouvel album. Avec un comité très restreint. Ses amis et c’est tout. Un piano slovaque, ou tchèque. Je ne me rappelle plus. Un piano qui lui a permis de ressortir toute l’hypersensibilité qu’il avait enfouie.

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So Eighties !

Dans ce chalet perdu au milieu de nulle part où il allait enfant, sont nées des chansons brillantes, bouleversantes, chantées avec cette voix voilée et avec cet accent si charmant : “Sublime & Silence” et ses nappes synthétiques planantes, “Moonlight Serenade”, et cette phrase coup de poing que les peureux des relations amoureuses connaissent par cœur : “il ne faut pas trop m’aimer moi, sinon je panique“. On retrouve aussi une voix féminine sur & : Juliette Armanet. Pour moi, c’est le pendant féminin de Julien Doré, ensemble ils chantent “Corail”, un duo que n’aurait pas renié Ellie et Jacno. En vrai, l’ensemble d’& respire les années 1980, ça pourrait être la bande-originale d’un film Xavier Dolan. Et le point de rupture (lacrymale), c’est “De mes sombres archives”. Pour reprendre l’expression du garçon : “c’est la chanson la plus zouk” de l’album. Je me souviens d’une autre phrase que Julien Doré m’a dite : “Peut-être qu’un jour, je ferai un album super heureux. J’espère ne pas croiser cette vague de tristesse trop souvent, et j’espère que ce ne sera pas toujours une source pour créer quoi que ce soit”. Pour l’instant, il y a de l’eau dans la source. J’espère qu’il continuera à puiser dedans. La mélancolie lui va si bien.

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En concert au Zénith de Strasbourg le 1er mars, à la Halle Tony Garnier le 25 mars, et au Zénith de Paris le 10 mai.