On a vu : “Dalida” de Lisa Azuelos

CRITIQUE CINÉ – Trente ans après sa mort, sort en salle le premier biopic de Dalida. On ne pouvait manquer ça. 

Avec parfois quelques longueurs et quelques scène très fleur bleues, Lisa Azuelos (réalisatrice de LOL) revient en un peu plus de 2h sur la vie de la grande diva que fut Dalida. De quoi se replonger avec bonheur (et larmes) dans la musique de la belle chanteuse.

Le film s’ouvre sur un moment heureux de la vie de la chanteuse. Dalida (Sveva Alviti) est au lit avec Luigi Tenco (Alessandro Borghi ), le soleil berce leur discussion sur Heidegger et son rire illumine les draps. Un instant fugace de bonheur qui, au vu de la suite du film, aura été bien rare. Très vite on remonte le temps, depuis l’époque où, petite fille au Caire, elle était moquée à cause de ses grosses lunettes, jusqu’au jour de sa mort, en passant par les différents grands moments de sa carrière : sa rencontre avec Eddie Barclay (Vincent Perez), ses concerts à l’Olympia, le tournant disco, la reprise de Serge Lama, le grand show au Palais des Sports de Paris, etc.

Dalida affiche

Une mise en perspective des titres

Les chansons entendues pourtant déjà connues de tous prennent, avec ce film, de la profondeur. La mise en abyme des textes est très réussie. Les paroles prennent tout leur sens et rendent l’aventure Dalida humaine et émouvante. On écoutera dorénavant avec un œil neuf les paroles de “Il venait d’avoir 18 ans”, “Ciao Amore Ciao”, “Pour ne pas vivre seul” ou “Histoire d’un amour”. Car en effet, Dalida a vécu la vie qu’elle chante : sans cesse à la recherche de l’amour et malade de solitude.

Vie privée, vie publique

Dalida est à son grand malheur Dalida pour tout le monde : son public, sa famille, ses amants.  Mais pour elle, elle ne se reconnaît surtout en Iolanda Gigliotti, la jeune femme voyageuse et amoureuse. Le film montre bien la torture qu’est pour elle sa vie sous les projecteurs. Sa vie privée est entrelacée et totalement dépendante de sa carrière, elle change de nom, se doit d’être toujours l’élégante et séductrice diva au service de son public alors qu’elle n’aspire sincèrement qu’à vivre la vie de n’importe quelle autre femme.

Dalida

Dalida, à travers les hommes

On pourra reprocher à Lisa Azuelos d’avoir voulu montrer les hommes qui ont fait Dalida plutôt que la femme elle-même. On traverse les époques en passant d’un homme à l’autre. C’est d’abord le père, musicien et doux, qui se faire emprisonner dans un camp, et revient violent et désabusé. Rapidement on passe à la rencontre avec Lucien Morisse (Jean-Paul Rouve), les débuts d’une prometteuse carrière. Mais un homme s’interpose, Dalida se laisse séduire par Jean Sobieski (Niels Schneider). D’autres hommes suivront, laissant toujours Dalida plus seule et malade d’amour qu’avant. Certains se suicident, d’autres se montrent violents. Orlando (Riccardo Scamarcio), le frère de la chanteuse est le seul à lui rester fidèle (à noter, le vrai Orlando a participé à la réalisation du scénario). Il est son frère mais il est surtout son manager puis son producteur. Leur relation n’est pas tellement approfondie dans le film, mais transparaissent des sentiments tendres et protecteurs de la part de ce-dernier.

Dalida le film montre donc Dalida la femme comme une simple poupée ballottée entre les ambitions des hommes, torturée par leurs abandons et survivant tant bien que mal parce son rôle publique le lui impose. Dalida est donc une histoire digne des plus grandes tragédies grecques et majestueusement mise en scène par une réalisatrice qui nous avait habitué à des tonalités plus légères.

► Dalida, de Lisa Azuelos, en salles depuis le 11 janvier, avec Sveva Alviti, Riccardo Scamarcio, Jean-Paul Rouve, Niels Schneider, etc.