On a écouté “Little Fictions”, le nouveau (merveilleux) album d’Elbow

BEAUTÉ MUSICALE – Si tu ne connais pas Elbow et que tu les découvres avec Little Fictions sorti hier, et donc un peu grâce à nous on l’espère, tu auras forcément envie de te replonger dans leur discographie, tant cet album est riche et émouvant.

Nous avons déjà eu l’occasion de louer ici les bienfaits des belles choses, et encore plus dans notre époque actuelle quelque peu mouvementée et désabusée. La La Land nous a beaucoup émus la semaine passée, et c’est aujourd’hui au tour d’Elbow de remuer nos tripes et nos cœurs pour mieux les soigner.  Nous vous avions déjà prévenu, “Magnificent (She Says)”, sorti il y a quelques semaines était un premier extrait éblouissant. Maintenant que nous découvrons l’intégralité de Little Fictions, il en est effectivement le plus beau titre, mais à considérer plutôt comme la cerise sur un gâteau énorme et délicieux !

Petit rappel : Elbow est un groupe intelligent. On ne dit pas intello, donc inaccessible et chiant, on dit intelligent, comme arrangements sublimes et paroles subtiles avec plusieurs niveaux de lecture.  Les mots sont peu usités, parfois complexes, mais choisis pour leur musicalité peut-être plus que pour leurs sens. Il y a ensuite une signature avec des cordes rock, du piano, des chœurs féminins, un orchestre philarmonique complet parfois, et un certain penchant pour l’épopée, le lyrisme peut-être même, le grandiose. Oui, Little Fictions nous offre tout ça.  Le morceau “Little Fictions” en est d’ailleurs l’exemple parfait, une intro avec un piano théâtral, une rythmique quasi électronique, mais tempérée par la voix de Guy Garvey, si profonde et pourtant si douce. L’ensemble nous emmenant doucement mais sûrement vers une sorte de transe, qui devient bien réelle avec l’accélération du rythme dans les deux dernières minutes de ce titre de 8 min. 26. Et non, ce n’est pas trop long, l’inspiration et le naturel de ce titre méritent cette durée.

D’autres titres, comme “Trust The Sun” se font eux plus caressants encore, les cordes des guitares semblent être manipulées de la manière la plus feutrée possible, pour ensuite laisser le piano nous parler, piano qui vient créer un vrai contraste, un personnage vocal en soi qui répond à Guy Garvey, une sorte de duo.  Et ce titre sous sa douce mélodie, nous livre pourtant un constat assez alarmant au travers de ses paroles : “I just don’t trust the sun to rise, When I can’t see your eyes, You’re my reason for breathing…” L’équilibre entre les paradoxes, encore une signature d’Elbow pour provoquer l’émotion puis l’apaisement.

L’excellent “All Disco” avec un titre pareil, devrait être une ode au Bee Gees pensez vous, alors que non pas du tout ! À nouveau il n’est ici question que de douceur, et de temporisation. “It’s all disco” est une citation empruntée à Franck Black des Pixies, qui par cette phrase résumait en interview le fait que la musique, ses différents styles/genres doivent finalement être pris avec légèreté. Pourquoi essayer de définir, intellectualiser, après tout, “it’s all Disco” (ndlr: ce n’est que de la disco).  C’est ça Elbow, de la prose en mélodie. De la “vraie vie” retranscrite en lyrics magnifiques, accompagnées d’une bande son qui vous emporte loin vers d’autres horizons.

Ce qui est nouveau pour Elbow dans cet album, c’est effectivement cet apport rythmique très scandé, un peu électro, très groovy parfois, qu’on ne leur connaissait pas nécessairement jusque-là. Cela apporte beaucoup de lumière et de chaleur à leur ensemble, là où on a pu les connaitre plus mélancoliques par le passé. Grandiose, apaisement, lumière, chaleur, pour résumer il y a en toute simplicité beaucoup d’amour et de bienveillance dans cet album, et cela transpire dans chaque titre. Donc si tu cherches un onguent pour soigner tes bleus à l’âme, un album dans lequel t’enrouler comme dans un plaid bien chaud et réconfortant, si tu as besoin de rêver et de sublimer un peu la réalité, Little Fictions devrait te régaler…

 

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