On y était : Frank Carter & The Rattlesnakes + Kamarad à La Laiterie

LIVE REPORT – Loin de Gallows, Frank Carter est devenu un dandy. Entouré des Rattlesnakes, il n’a pourtant pas oublié l’essentiel : crier sa rage à la face du monde. Et p***** on aime.

Kamarad ouvre la soirée, avec la difficile tâche de chauffer le public clairement présent pour Frank Carter. Avec leur rock efficace, ils y parviennent petit à petit, à coup de riffs et de coups de batterie dûment placés. Le chant énervé et leur musique frénétique ramènent aux heures de gloire du punk britannique. Mais c’est bien à des Alsaciens qu’on a affaire, et c’est peut-être le plus étonnant. Décidément, le rock n’est pas mort, et c’est à l’Est qu’il s’étend.

Punk et crooner

Mais le public attend autre chose. Les gens s’approchent de la scène. Sans verser dans le cliché, on voit pas mal de tatouages, de barbes, et de hoodies noirs dans le coin. Les discussions tournent autour de la joie de voir ce groupe dans cette salle parfaite qu’est le club. Une scène qui nous permet de nous coller au lieu de l’action, d’être à portée de main du groupe, qui débarque sur Sam Cooke et “A Change Is Gonna Come”. Une introduction plutôt étonnante et tout en blues, loin donc de l’image de punk hardcore assez déjantée qui suivait Frank Carter à l’époque de Gallows, sa formation précédente.

Dès les premières notes de guitare, on comprend que le concert va être un sérieux mélange de styles. Frank Carter se présente en costume rayé, parfait dandy crooner au milieu des Rattlesnakes, tous en pantalon blanc et chemise noire. Mais ses tatouages, sur les mains, le cou, le visage, l’intérieur de la paume, trahissent l’artiste. Il éructe, empoigne son micro, et transforme ce concert en pur moment de classe punk, aussi antinomique soit-il, en l’espace de quelques secondes.

Entre rage et tendresse, le set parfait

Car le garçon, loin des clichés et de sa réputation, est avant tout plein d’une rage très justement placée. Engagé à 100% dans ses titres les plus vindicatifs, comme “Trouble” ou “Devil Inside Me”, il n’hésite pas à les introduire de discours politiques. David Cameron ou Donald Trump en prennent pour leur grade, les terroristes, ces “lâches”, ont droit à leur chanson “Paradise”… Mais le côté soft et tendre de Frank Carter ressort très vite quand il s’agit de dédier quelques morceaux à sa femme et à sa fille.

“Modern Ruin” d’ailleurs, du nom de son album, devient un des moments forts du concert. Excuses publiques à toutes les femmes, envie d’égalité, et inquiétude pour sa fille qui dans 15 ans fréquentera les concerts… Frank Carter enjoint les filles présentes de monter sur scène pour le stage dive dont elles ont toujours rêvé. Celui qu’elles n’ont jamais fait à cause de cette peur des mecs irrespectueux qui se permettent des gestes qu’ils ne devraient pas se permettre. Frank Carter, ce soir, et sur toutes les scènes d’ailleurs, a décidé de créer un public totalement safe. De lutter contre cette inégalité. Incroyable moment, que celui où l’ensemble des filles des premiers rangs finissent par monter sur scène et sauter dans la foule sans appréhension aucune. Merci Frank Carter!

Les Rattlesnakes, le groupe parfait

Pour ma part, c’est sur “Neon Rust” que je comprends l’étendue du talent du mec. Mais aussi, et peut-être surtout, de son groupe. Un début qui n’est pas s’en rappeler Queens Of The Stone Age, une classe très blues dans la guitare, une batterie élégante et racée, une basse qui vient soutenir délicatement l’ensemble… Et l’explosion ensuite. La rage. La sueur. Et l’épuisement. Frank Carter finit couché sur scène, seul, dans un pur moment de grâce. Magique. Après le retour de ses musiciens, il avouera suer de la vodka par tous les pores, pas encore remis de son concert de la veille avec Biffy Clyro. Ils tiendront pourtant tous les quatre le rappel et finiront, grandioses, sur un “I Hate You” scandé en chœur par un public bien heureux d’avoir assisté à tout cela.

Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas assisté à un concert scéniquement si puissamment rock. On s’incline bien bas devant Frank Carter et ses Rattlesnakes.

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