On y était : Nick Hakim + Baba Ali au Point Ephémère

LIVE REPORT – Depuis son concert en solo à l’espace B en 2014, Nick Hakim n’était plus revenu à Paris. Trois longues années d’attente pour enfin le retrouver, cette fois-ci en formule groupe au Point Ephémère, en présentation de son nouvel album Green Twins.

Je ne vais pas te mentir. Je suis tombée amoureuse de la musique de Nick Hakim instantanément. Plus je l’écoutais, plus il me devenait indispensable. Impossible de faire autrement : ses chansons cotonneuses, sa voix ouatée, ses paroles à la fois mélancoliques et lumineuses… Tout, sur Where Will We Go, premier album en fait splitté en deux EPs sortis en 2014, je dis bien TOUT, me forçait à mettre mon player sur “repeat”.

Un jour de septembre 2014, on était une poignée à être allés le voir à l’Espace B, pour un set de 35 petites minutes. On avait assisté à 35 minutes d’extase auditive. Il était seul. Il avait une guitare électrique et ses samples. Des problèmes d’ampli. Et beaucoup de magie. Je savais bien que 3 ans plus tard, c’était en groupe que je le reverrai. J’étais prête.

Nouveau set, nouvelle ambiance

Avec la sortie de Green Twins (prévue pour le 19 mai 2017), Nick Hakim est venu accompagné de ses quatre musiciens. Le set, le garçon, l’ambiance, rien ne ressemblait à l’Espace B ce soir au Point Éphémère. Le New-Yorkais, depuis longtemps comparé à ses influences Curtis Mayfield ou Marvin Gaye, a produit un set centré sur son nouvel album, forcément. Un set dense et parfois dansant, avec toute la classe qu’on lui connaissait déjà. Adieu timidité, adieu mélancolie aérienne, de “Bet She Looks Like You” à “Cuffed”, Nick Hakim a cette fois tourné son projet vers beaucoup plus de soul, et même beaucoup plus de R’n’B. Là où la douceur prédominait sur Where Will We Go, douceur qu’on a pu retrouver partiellement sur “I Don’t Know” ou “Cold” lors du concert, c’est maintenant le côté groovy qui prend le dessus.

Voix soul et basse groovy

Bien sûr, l’écoute des deux titres déjà sortis du nouvel album nous annonçait déjà ce virage. Ce n’était pas une surprise. Ça aurait pu être une déception. Mais comment être déçue lorsque le groove en question est assuré par des musiciens tous plus talentueux les uns que les autres ? Entre les doigts légers et virevoltants du clavier (capable à lui seul de nous faire du Bon Iver sur thème de sandwich au fromage), les lignes de guitare parfaites et ce bassiste totalement incroyable. C’est donc à ça que sert une basse ! On retrouve parfois l’esprit scénique d’un Curtis Harding teinté de Willis Earl Beal. Mais c’est bien la voix de Nick Hakim qui, toujours, attire, accroche, retient.

Toutes les oreilles sont tournées vers lui. Vers ce timbre qui se fait caressant, vers ces aigus presque sacrés, vers cette maîtrise parfaite des effets. Ça n’a pas changé. Et comme pour nous laisser en suspens, épinglés par la magie de l’instant, Nick Hakim termine son set par un rappel solo en clavier voix. Un solo qui finit bien trop vite, presque sur une fuite. Il a gagné. On reviendra. Encore.

Un dernier mot sur Baba Ali, qui malgré son nom improbable, mérite fortement l’attention. Auteur d’un EP de trois titres, Nomad, le New-Yorkais exilé depuis peu à Londres lance ses pistes instrumentales. Puis, il s’en éloigne pour aller se déhancher derrière son micro à la manière d’un jeune Michael Jackson. Guidé par les beats et les nappes de synthés qui s’accumulent, on est vite embarqués par le groove et la soul qui émanent, là encore, du garçon. À découvrir.

Sortie de Green Twins, Nick Hakim, le 19 mai 2017, chez Pias

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Texte : Morgane Milesi / Photos : Sabine Swann Bouchoul