“Queen of the South”, le Narcos de la telenovela

SÉRIE – Netflix a mis en ligne la 1re saison de “Queen of the South”, série américaine sur les narcotrafiquants retraçant la vengeance de Teresa à la mort de son petit-ami. Étonnamment divertissant !

Tu vas me trouver étrange, mais je dois avouer que j’aime regarder des séries inconnues, potentiellement nulles, potentiellement addictives. La faute de Netflix. Le week-end dernier ça n’a pas raté, je me suis enfilé les 13 épisodes de la première saison de Queen of the South, série diffusés sur USA Network l’année dernière (Mr Robot, Suits). La saison 2 est par ailleurs en cours de diffusion.

Queen of the South est donc une série grand public, inspirée dans ses sous-soubassements par La Reina del Sur, livre d’Arturo Pérez-Reverte, grand romancier espagnol, amateur renommé de grandes fresques historiques. Inspirée également de la telenovela portant le même nom, comme l’avait été Jane the Virgin ou Ugly Betty. Prenant certaines libertés avec le livre original, c’est d’abord le couple Joshua John Miller et M. A. Fortin qui s’est collé au scénario pour le pilote tourné en 2015, avant de céder leur place à David Friendly, co-producteur de Little Miss Sunshine.

De mule à chef de cartel

Le point fort de cette série c’est le personnage principal de Teresa Mendoza, femme survivante et rebelle qui parvient toujours à se sortir de situations inextricables (et carrément dangereuses). L’angle intéressant pris par les scénaristes est d’annoncer sur-le-champ que Teresa Mendoza (Alice Braga) est passée de simple changeuse d’argent à chef de cartel. La première scène montre Teresa narcotrafiquante, vêtue d’un tailleur blanc immaculé entourée par une tripotée de gardes du corps, qui rentre paisiblement dans sa villa en slow-motion, avant de se faire tirer dessus une fois dans sa salle de bain. Alors que son sang se répand sur le carrelage, on repart immédiatement explorer son passé depuis sa rencontre avec son compagnon El Guëro (Jon-Michael Ecker, aka The Lion dans Narcos) pour comprendre ce qui a pu la mener jusqu’à ce tragique moment.

Teresa dans sa cellule au Texas

On ne va pas te mentir, scénaristiquement, ce n’est pas du Christopher Nolan. Installé entre le Mexique et le Texas, Queen of the South raconte la fuite et la survie de Teresa Mendoza après son mariage avec El Güero, un narcotrafiquant, car on le sait bien, les séries sur les cartel, ça marche bien. Adjugeant d’Epifanio Vargas, ce-dernier est à la tête d’un des plus gros cartel de drogue mexicain. Quand El Güero se fait assassiner après avoir trahi son mentor, celle-ci n’a pas d’autre choix que de fuir aux États-Unis, loin du Mexique où Don Epifanio (Joaquim de Almeida) réclame sa tête. Teresa se retrouve prisonnière de Camila Vargas (Veronica Falcon), la femme d’Epifanio, à la tête de l’antenne texanne du cartel Vargas. Dès lors, Teresa va tenter de se faire une place dans la famille de Camila, en grimpant un à un les échelons, de simple mule à chef de cartel, et venger son homme. Parallèlement, l’intrigue s’intéresse aux luttes de pouvoir intestines entre Epifanio et Camila, les irréductibles époux sans scrupules qui s’aiment, tout en se faisant la guerre pour le monopole du trafic de drogue.

La vie de cartel

Les hommes d’Epifanio, Epifanio (en costard) et Teresa

Le casting est hispanophone pour la plus grande partie. 90% des acteurs sont bilingues espagnol-anglais, et comme dans Narcos, on apprécie entendre cet espagnol apaisé et chantant des Sud-Américains. Néanmoins les personnages passent de l’espagnol à l’anglais sans raisons. Comme dans Narcos, le trafic de drogues est au centre de l’intrigue, mais complètement romancé, bien que certaines scènes semblent assez réalistes. Les cartels et leurs chefs se disputent, font des alliances, briguent des postes politiques, règlent leurs histoires dans le sang et organisent de grandes sauteries disproportionnées. De l’import de la poudre blanche, à la livraison, du petit au grand trafic, Queen of the South a le mérite de montrer en fond les étapes de production d’un trafic méthodiquement organisé, avec la complicité d’un réseau bien établi.

Amour et cocaïne

Teresa et El Güero

Qui dit telenovela dit amour et scènes de couple à la mords-moi-le-nœud. L’amour passionnel de Teresa/El Güero et les je-t’aime-moi-non-plus d’Epifanio et Camila Vargas sont au cœur de la série. La relation ambiguë de Teresa avec James (Peter Gadiot), le très bel homme de main de Camila, inventé pour la série, nous tient également en haleine. Certains dialogues frôlent le mélo, certains rebondissements sont tirés par les cheveux, certains personnages sont beaucoup trop clichés, mais tout ceci est assez rigolo et dynamisent, à leur façon, les épisodes. Queen of the South n’est pas la série de l’année. Néanmoins c’est une série romantico-dramatique qui t’occupe l’esprit et que tu dévores sans bien comprendre pourquoi. Le pouvoir des drogues et de l’amour n’est-ce pas ?

La saison 2 de Queen of the South est diffusée sur USA Network. Saison 1 disponible sur Netflix.

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