Avec “Painted Ruins”, Grizzly Bear a fini d’hiberner

CHRONIQUE – Il a fallu plusieurs années pour que Grizzly Bear revienne aux affaires. Le groupe revient en 2017 avec le très élégant “Painted Ruins”.

Cinq. C’est le nombre d’années qu’il a fallu à Grizzly Bear pour sortir un nouvel album, le petit frère de Shields. Les Américains avaient d’autres choses à faire. Élever un bébé, divorcer, ouvrir un restaurant, écrire des chroniques pour Vogue, faire campagne pour Bernie Sanders, délocaliser à Los Angeles et New-York. Adieu Brooklyn. C’est surfait. Les garçons de Brooklyn ont aussi tourné, mais c’est leurs vies personnelles, leurs envies qui étaient d’abord au centre de leurs préoccupations. Et ils ont raison. Ils ne sont pas que des chanteurs.

Cela fait déjà treize ans que Grizzly Bear nous enchante les oreilles à coups de titres impressionnistes teintés de mélodie volontiers baroques. Painted Ruins ne déroge pas à la règle. Enregistrée entre deux concerts d’une tournée gigantesque, cette cinquième galette ne livre pas ses secrets à la première écoute. Il faut du temps pour apprivoiser l’ours californien. Onze titres. Des mélodies toujours aussi évaporées, une plume qui s’obscurcit et se fait beaucoup plus intimiste.

Quelques nuances plus sombres

Quand Arcade Fire préfère enfoncer des portes ouvertes avec des chansons plus politiques, les autres pionniers de l’indie rock des années 2000 abordent plutôt le terrain privé. L’insécurité d’une relation, l’amour qui ne dure pas (“Neighbors“). D’ailleurs, Painted Ruins est assurément l’album les plus sombre de leur parfaite discographie.

Les Néo-Californiens gardent toujours la forme élégante qui est la leur, ne cherchant pas à faire autre chose, évitant de s’éparpiller dans des styles qu’ils ne maîtrisent pas, mais ils ajoutent cependant quelques touches nouvelles ici et là. Des claviers, des synthés (“Mourning Sound“), des chœurs ouverts qui se mélangent aux harmonies. Quelques basses inspirations new-wave, œuvre du superbe Chris Taylor se muant en Peter Hook. D’ailleurs, le bassiste pousse la chansonnette pour la première fois sur cet album, sur la chanson “Systole”. Et comme pour rendre hommage à leurs premières années, Grizzly Bear n’hésite pas à caler deux titres qui auraient eu leurs places sur les albums Yellow House ou Veckatimest, à savoir “Losing All Sense” et “Glass Hillside“. Histoire de dire, on avance, mais on n’oublie pas d’où on vient.

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