“Concrete and Gold” de Foo Fighters : Led Zed feat Beatles feat Pink Floyd feat…

CHRONIQUE – Après une tournée épuisante, une jambe pétée, un trône construit, un souffle perdu puis retrouvé, Foo Fighters sort “Concrete and Gold”, son neuvième album.

Regardais-tu Gilmore Girls ? Peut-être te souviens-tu du personnage de Zach, le compagnon de Lane et tête pensante du groupe Hep Alien. Pour présenter ses titres, il avait la fâcheuse manie de dire que c’était un mélange de plein d’influences : x feat x feat x feat x et ainsi de suite. C’était fou le nombre de groupe qu’il pouvait citer. Je sais. Tu es en train de te dire mais quel est le rapport avec le nouvel album de Foo Fighters ? Le rapport, il est simple mon ami. En l’écoutant, j’avais ces espèces de fenêtres dans ma tête qui poppaient. “Oh ça ressemble à du Pink Floyd“, “on dirait du Led Zep”, “j’ai l’impression qu’il a un peu trop écouté les Beatles, le Dave”

Dave, dear Dave, as-tu perdu toute inspiration ? Cet album serait-il une sorte d’hommage caché aux légendes du rock ? Il n’est pas mauvais cet album, loin de là. En comparaison aux derniers, je dirais même qu’il a retrouvé du poil de la bête. Surtout que c’était mal embarqué. Vois-tu, Dave Grohl avait un projet. Installer un espèce de studio d’enregistrement sur la scène de l’Hollywood Bowl de Los Angeles et ouvrir les sessions au public. Manque de pot, PJ Harvey avait eu une idée similaire un peu avant lui (la Glass Box à la London’s Somerset House), les plans sont tombés à l’eau, retour à un truc plus classique. Si classique qu’il n’y a pas vraiment de big wow en écoutant l’album.  

Comfort food

C’est bien produit, y’a des guests qui se sont invités : de Sir Paul McCartney à Alison Mosshart en passant par Justin Timberlake et un gars des Boyz II Men. Cherchez l’erreur. Les erreurs. Et puis il y a un coup de pouce du co-writer d’Adele, le très pop Greg Kurstin. On imagine que Mark Ronson étant trop occupé avec QOTSA, il fallait faire appel à un autre hitmaker, adepte des chœurs (il y en a partout). Dans quel but ? C’est quoi le deal de départ de Foo Fighters ? Faire du rock qui plairait à tous ? Aller d’un extrême à l’autre ? Se reposer sur ses lauriers et ses bases déjà bien solides et être là exactement où on les attend ? Où sont tes putains de balls, Dave ? C’est la question que je me pose.

Il n’y a pas grand chose de fighters dans cet album. Il n’est pas mauvais, il n’est pas bon, il est juste ok. Un moment sympathique à passer, parce que les références sont géniales et qu’on ne peut pas détester quelque chose qui ressemble à du Led Zep (“Make It Right”), du Pink Floyd (“Concrete and Gold”) ou aux Beatles (“Sky is a Neighbourhood ” et “Happy Ever After (Zero Hour)”). C’est un peu de la comfort food.

C’est bien, mais sans plus. Ça manque de folie, de nervosité, de piquant. C’est tout beau, tout propre. La voix est cool, joliment écorchée – oui tu chantes très bien, on le sait -, les instrumentations bien propres, les mélodies alléchantes, les riffs parfois saignants. Parfois seulement. Parce que en général, c’est un rock un peu trop clean. Il avait promis un “Sgt. Pepper par Motörhead”… je dis mouai. Bof. 

Je t’en veux pas Dave. Tu as voulu tester un autre chemin. Je ne t’en voudrai jamais d’essayer des nouvelles choses. Je continuerai à te trouver génial, à penser que t’es sans doute le mec le plus génial du monde. Je rirai de tes blagues débiles, j’applaudirai tes saillies, j’irai te voir en concert si l’occasion se présente, mais j’oublierai Concrete and Gold. Ah et sinon, j’ai trouvé que cette reprise d’AC/DC défonçait.

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