“Et si tu voyais son cœur”, on n’a pas fait boom boom devant

CHRONIQUE – Le coup d’essai n’est que partiellement réussi pour Joan Chemla. Avec “Et si tu voyais son cœur”, son premier long métrage emmené par Gael García Bernal, la réalisatrice signe un thriller qui manque de rythme et d’ampleur.

Suite à la mort accidentelle de son meilleur ami (Nahuel Pérez Biscayart), Daniel (Gael García Bernal) échoue à l’hôtel Métropole, un hôtel social miteux pour les exclus et les âmes perdues, tenu par un homme ultra violent. Rongé par la culpabilité, il sombre peu à peu dans la violence qui l’entoure. Son seul espoir ? Sa rencontre avec Francine (Marine Vatch) qui pourrait bien éclairer son existence exacerbée. Tel est le pitch de Et si ton voyais son cœur, premier long métrage de Joan Chemla, adapté du roman Mon ange, signé de l’écrivain cubain Guillermo Rosales. À la différence près qu’ici l’action se situe non plus aux États-Unis, mais en France, au sein de la communauté gitane.

Ô sombres héros

Sur le papier, on y croyait. À l’écran, on est moins emballé. Pourquoi ? Parce que le film, très scénarisé, manque d’ampleur et multiplie les effets de style, notamment les flash-back, sans leur donner vraiment sens. Le Métropole, lugubre et décrépi, instaure une ambiance glauque et hostile, mais jamais misérabiliste, dans laquelle on a du mal à plonger. À la fois thriller, drame et romance,  le film se perd dans ses intentions. La tension et l’émotion ne sont jamais vraiment au rendez-vous.

Et si tu voyais son cœur est néanmoins sauvé par son joli casting. On aime Gael García Bernal en homme taiseux, hanté par le remord, qui tente pourtant de se relever dans un univers des plus hostiles. Marine Vatch (Jeune et Jolie, L’Amant double) joue ici un peu trop à la poupée fragile et mystérieuse, ce qui n’empêche pas pour autant son magnétisme naturel d’agir. Mention spéciale pour Nahuel Pérez Biscayart, révélé par 120 battements par minute, dont le charme singulier opère pleinement.

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