Black Rebel Motorcyle Club, sans compromis

CRITIQUE – “Wrong Creatures” marque le retour aux affaires de Black Rebel Motorcycle Club. Le groupe n’a cédé à aucune sirène et reste dans la veine romantique et ténébreuse.

C’est comme s’ils avaient repris les choses, là où ils les avaient laissées. Comme si le temps n’avait pas d’emprise sur la musique de Black Rebel Motorcycle Club. Ils font leur musique à eux, en faisant fi des modes. Les mêmes ingrédients, le même rock mélodieux et ténébreux. Ils ne cèdent à aucune sirène, aucune tentation. Pas de nappes électroniques, pas de virage pop. Les mêmes paysages dévastés se dessinent derrière eux, et le même air maussade sur les visages.

Ils sont cet ancrage dans le début des années 2000. Ils ne veulent pas se révolutionner. Et, ils font ce qu’ils savent faire de mieux. Et si, certains voulaient du changement, il n’est clairement pas pour maintenant. On peut être déçus, mais finalement on ne l’est pas. On se dirait rassurés plutôt. Rassurés de pouvoir se réfugier dans ce romantisme noir, dans ce rock pur et hanté qui nous avait séduits dès le départ, ce soupçon de psychédélisme.

Ces dernières années, les membres du groupe californien ont traversé pas mal d’épreuves en très peu de temps, notamment l’opération de la boîte crânienne de Leah Shapiro en 2015. La mort dans les coulisses du père du bassiste Robert Levon Been en 2010. Cela aurait pu signer la fin de beaucoup de groupe. Pas celle de Black Rebel Motorcycle Club. Après un break, peut-être quelques tergiversions et beaucoup de remises en questions, sans doute, la clé tourne de nouveau. Et le moteur ronronne. Il ronronne. Il ne rugit pas encore. Parce qu’il faut le temps de faire redémarrer la machine. Et de la douceur, même dans la fougue. Wrong Creatures marque le retour aux affaires de Black Rebel Motorcycle Club. Un album hanté, toujours trempé dans ce bain de noirceur, marque de fabrique depuis leur début.

Sans compromis, ni contre-courant

Il y a deux façons de sortir des 12 plages de l’album : soit on adhère, on rentre tout de suite dans cette ambiance moite, dans ce tourbillon de faux calme, soit il ne fait aucun effet. Une chose est sûre, il faut du temps pour apprécier les titres, même si certains accrocheront directement l’oreille : le crépusculaire “Haunt”, l’hivernal “Echo”, le rugueux et sexy “Kings Of Bones”, le lancinant “Question Of Faith” (du pur BRMC), ou la somptueuse ballade “All Rise” et sa montée crescendo et épique qui ferme l’album.

Clairement, BRMC ne se situe pas dans le futur. Possible qu’il ne se situe même pas dans le présent, mais plutôt dans le passé. Le passé a quelque chose de rassurant. On le connait, on ne peut pas être déçus ni être surpris. On ne fait de pari sur l’arrière. Et, on ne prend pas de risque non plus en se fondant sur l’ancien. Pour son retour aux affaires, BRMC a fait de l’ancien, sans chercher à en faire plus. Cela pourrait être décevant, mais en fait, c’est plutôt rassurant. Et juste pour le magnifique “Haunt”, cet album mérite d’être écouté.

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