Gab Bouchard : “Je veux produire mon premier album”

INTERVIEW – Rencontre avec Gabriel Bouchard, sélectionné pour le concours de la 22e édition des Francouvertes, qui célèbrent la musique émergente francophone canadienne.

Dans le cadre de la 22e édition des Francouvertes, on a pu papoter avec Gabriel Bouchard, notre premier gros coup de cœur en lisse. Originaire de Saint-Prime, le Québécois récemment installé à Montréal a sorti il y a quelques mois Cerveau-lent, son premier bel EP bien rock, aux quelques notes pop et folk et aux textes sensibles et réalistes. Rendez-vous est donné dans un café cosy et animé d’Hochelaga. Dehors, de gros flocons s’abattent sur la ville depuis les premières heures du jour. Une fois à couvert, on a voulu en savoir plus sur ce jeune artiste dans le vent.

Premier CD que tu as acheté ?
Le premier CD que j’ai acheté c’est un CD double de Kiss intitulé Alive! C’est mon père qui m’avait emmené au magasin : il m’avait demandé de choisir entre un jouet et le CD. J’avais pris le CD. Je crois que je l’ai encore, mais je ne l’écoute plus. Kiss est l’un des premiers groupes sur lequel j’ai tripé, même si je n’ai gardé aucune influence.

Premier poster sur tes murs ?
Mon père avait plein de vieux magazines de guitare, à chaque pages du milieu il y avait le poster d’un band dont le magazine parlait avant. Je les collais tous dans le coin de ma chambre dans mon chalet. J’en avais vraiment beaucoup…

Premier instrument ?
Clairement la guitare. On en avait déjà une à la maison, mais le premier instrument que je me suis acheté c’est aussi une guitare. Je voulais vraiment apprendre ça, je devais avoir 6-7 ans. Sinon j’ai eu des souliers de claquettes, mais je ne suis pas sûr que ça compte comme un instrument !

“Kiss est l’un des premiers groupes sur lequel j’ai tripé”

Première répétition ?
Ça devait être dans notre garage, je jouais de la musique avec l’un de mes cousins… non même pas vrai, ça c’est quand je tripais sur Kiss. Il y avait la batterie de mon père montée dans le sous-sol, moi j’avais reçu une guitare électrique et un petit ampli, je ne savais même pas mes notes, je faisais absolument n’importe quoi. On faisait ça pendant des heures ! On faisait juste du bruit en fait. C’était expérimental-instrumental (sourire).

Premier job ?
J’ai travaillé dans la boucherie de ma mère, la boucherie Perron à Saint-Prime. C’était vraiment le fun. On faisait du creton, on coupait du cochon, on faisait de la saucisse et du boudin… mais je n’ai jamais fait l’abattage ! J’ai déjà vu, et ce n’est vraiment pas hot. C’est vraiment pas beau à voir. Mais c’est une première job tu sais !

Première chanson que tu as appris à jouer ?
“Hey Hey My My” de Neil Young. J’étais chez ma grand-mère sur internet et j’ai dû taper “how to play Hey Hey My My de Neil Young”, c’est de cette façon-là que j’ai appris à jouer de la guitare.

Première chanson que tu as écrite ?
Je tripais sur une fille à l’école en secondaire 2, je devais avoir 12-13 ans, c’était vraiment poche ! J’imagine que c’était beaucoup de rimes en “é” à la guitare. Je suis content de ne pas retrouver ça aujourd’hui, même si ça aurait été quand même drôle ! Je m’en rappelle c’était pas bon… je m’étais filmé avec un iPod dans ma chambre, j’ai vraiment cette image dans ma tête. Je ne lui ai jamais jouée, ce n’est pas allé jusque-là !

Premier gros crush musical ?
J’en ai plusieurs car j’écoute tous le temps plein de trucs. C’est tellement difficile de répondre… Chaque époque de Fred Fortin. Sinon David Bowie, Neil Young et Bob Dylan. J’en ai déjà dit quatre, ça ne marche pas (rires). Mais si je devais n’en choisir qu’un, ça serait clairement Fred Fortin.

“Mon premier gros crush musical c’est clairement Fred Fortin”

Premier concert où tu es allé ?
Je pense que c’était La Bottine souriante dans un gros chapiteau à Roberval, je devais avoir 6-7 ans. C’est de la musique traditionnelle québécoise, et c’est là où je tapais du pied avec mes claquettes. J’écoutais le disque en boucle, je tapais du pied tout le temps dessus, chez ma grand-mère, partout en fait ! J’adorais !

Premier concert où tu as joué ?
J’avais chanté une toune a cappella au Festival de la loche de Saint-Prime… c’est loin ! Je n’avais pas gagné cette année-là. L’année d’après j’avais fait “On nous cache tout, on nous dit rien” et j’avais gagné. C’est peut-être ma première apparition sur scène, mais mon premier vrai spectacle je pense que c’était au secondaire 2 pour Secondaire en spectacle. C’était un concours où tout le monde faisait une chanson, à la fin tu as un gagnant qui part aux Régionales, c’est comme le Cégeg en spectacle. Et mon premier concert pour ce projet c’était la première partie de Jimmy Hunt au Vieux Couvent à Saint-Prime, en 2016 je crois.

Première fois à Montréal ?
Avant je jouais au soccer et j’avais gagné les jeux techniques en local puis en régional. C’est comme une compétition de soccer avec plein d’exercices, des parcours etc. Et les provinciales se passaient à Montréal au stade Saputo. C’est ma première visite à Montréal. Ce qui m’avait marqué c’est qu’on était dans le trafic, je m’étais endormi et deux heures après on était au même endroit. J’avais un peu capoté ! On n’avait pas bougé ! Tu sais à Saint-Prime il n’y a qu’un feu, il n’y a pas le risque d’avoir un bouchon de circulation… Je m’en souviens bien parce que je m’étais dit : “oh my god, il y a du monde !”

Gabriel Bouchard (c) Emma Shindo

Première interview ?
Ça remonte au secondaire, je ne me souviens plus du journal, mais c’était pour Secondaire en spectacle et le fait qu’on s’en aille aux Régionales. On était bien contents ! C’était pas ma meilleure photo en tout cas. Je m’en rappelle bien, ils étaient venus nous prendre en photos dans le corridor de l’école… j’étais jeune ! Le semaines qui ont suivi c’était cool, mais deux ans après c’était plus “oh boy ! T’aurais pu faire mieux”

Premier studio ?
L’année passée on est allé enregistrer l’EP Cerveau-lent au studio Tone-Bender à Montréal. C’était fou ! C’étaient des amis de mon père et de Fred [Fortin] qui nous avaient bookés-là. Le studio était gigantesque, ça n’a aucun sens ! Tu rentres dedans et tu trouves que les tapis sont beaux alors que tu as tellement d’autres choses à trouver belles après. On a passé cinq jours très intenses à enregistrer quatre chansons et une petite intro, c’était super le fun.

“Avant de monter sur scène j’essaie de trouver une joke plate à faire tout de suite au public pour casser la glace”

Première chose que tu fais en montant sur scène ?
Quinze minutes avant, j’accorde mes guitares. Après ça je re-check tout. Sinon j’essaie de trouver une joke poche à faire tout de suite au début pour que le public ne s’attende pas à grand chose. Il faut que ça soit spontané. D’habitude je suis vraiment bon dans le domaine des jokes plates. La dernière que j’ai faite c’est : s’il y avait un groupe de reggae qui faisait un album de Noël, quel serait le nom du band ? Rastapapapam. C’est une de mes blagues donc je suis vraiment content. C’est drôle car ça met comme le public mal à l’aise, y’en a qui rit, je trouve que c’est une belle façon de casser la glace.

Première chose que tu fais en descendant de scène ?
Je range mes guitares précieusement. Je les serre tout de suite. Je ne voudrais pas perdre ça, j’aurais de la peine pendant des mois sinon. De la vraie peine, je pleurerais intensément ! Sinon je vais probablement aller me pogner une bière en loge. Je dis aussi tout le monde “il fait vraiment chaud” parce qu’il fait tout le temps vraiment chaud pendant le spectacle, t’as le dos bien trempé. Après tu vas dehors fumer une cigarette et tu te gèles.

Première chanson qui t’a fait pleurer ?
J’hésite entre “Skinny Love” de Bon Iver et “Sang d’encre” de Jean Leloup. Il y a du en avoir avant mais je ne m’en souviens pas. J’ai vraiment beaucoup pleuré sur “Skinny Love”.

Première chose qui te viennes à l’esprit là maintenant ?
Je ne sais pas je ne peux pas te dire ! [il réfléchit] Mon café est vraiment chaud ! Je ne comprends pas pourquoi il n’est toujours pas moins chaud que ça…

Premier album ?
J’ai pratiquement fini de l’écrire. J’ai déjà trouvé le studio et j’ai pas mal de réalisateurs en tête. J’attends vraiment de voir ce qu’il va arriver avec les Francouvertes. Tu ne peux pas prendre de décisions avant que le concours soit fini car tu ne sais pas ce que ça peut donner. Tu ne sais pas qui peut te voir. Mais je te dirais que ça sera pour cette année, clairement, car dans quelques mois il est fini d’écrire. Maximum l’année prochaine. J’irai faire la pré-prod à mon chalet avec mon père, puis je trouverai la bonne personne pour l’amener à un autre niveau. Je vais l’enregistrer, puis on verra quelle compagnie de disque veut sortir ça. Mais je ne suis pressé là-dessus, je ne vais pas me jeter sur un contrat en le signant tout de suite. Je ne peux pas encore te dire comment ça va se faire, mais je veux produire mon album. Cette année, c’est sûr qu’il va se passer quelque chose, ça devrait être bien cool !

>> Écoutez Cerveau-Lent sur Spotify ou sur Deezer <<

► Cerveau-Lent (EP), déjà disponible. En concert le 19 février au Cabaret du Lion d’Or pour le soir 1 des préliminaires des Francouvertes.

Propos recueillis par Emma Shindo