“Violence”, des Editors aux grands cœurs

CHRONIQUE – Les Anglais d’Editors ont sorti leur 6e album. Intitulé “Violence”, il se laisse écouter.

Tom Smith et sa bande réussissent toujours à s’en sortir. Leur sixième albums studio, Violence vient de sortir dans les bacs. Produit par Leo Abrahams (Florence & the Machine, Wild Beasts) il est très accessible et plus pop que les précédents. Editors semble opérer une virée par le mainstream, dans la veine d’In Dreams sorti il y a à peine plus de deux ans.

Pas que ce soit désagréable à écouter, loin de là. Violence s’écoute d’une traite, toujours porté par le timbre de voix caverneux si caractéristique de Tom Smith, le frontman. Neuf titres qui donnent furieusement envie de hocher la tête et de marcher d’un pas décidé, l’air songeur, les pensées sombres. En tout cas, ce nouvel album tourne en boucle dans mes oreilles depuis une semaine, sans que je ne sache ce que je vais pouvoir en dire. Première chose qui me vienne à l’esprit : j’aime bien toutes les chansons. Deuxième chose : ce n’est jamais bon de tout aimer du premier coup, certaines chansons doivent se réécouter et s’apprivoiser, c’est là que leur essence se dégage, petit à petit. Souvent, ces chansons que tu adores du premier coup, ne vont pas rester longtemps dans ton mp3. Ce sont celles que tu écoutées plus longuement, que tu as cherchées à appréhender différemment que tu finis par adopter à tout jamais.

Une violence toute relative

“Darkness At The Door” est par exemple une pure chanson de stade. Grandiloquente, batterie militaire, cordes qui martèlent les temps sur le refrain. Un côté Coldplay si tu veux mon avis. À côté de ça on a “Magazine”, leur premier single qui mélange les styles, un frichti entre pop américaine sur le refrain avec “houhou”, assemblés à des ponts et des couplets pushés par des gros riffs de guitares déssaturées et nappes électro. Le smoothie banane/fraise avec orties quoi. Après Coldplay, on dit coucou aux copains de Muse dans “Hallelujah (So Low)” qui pourrait très bien être extrait de Black Holes and Revelations. Mais bon, reconnaissons que c’est efficace et accrocheur. On marche.

Comme avec le titre éponyme de l’album, “Violence”. Plus de 6 minutes d’univers sombre. L’ombre de Joy Division semble planer au dessus de la tête des Anglais. Comme toujours. Difficile de ne pas apprécier dès la première écoute ce refrain qui reste en tête, et cette rythmique électronique martelée : “It makes it harder to join the darks, the river gets wider in front of us, baby we’re nothing but violence, desperate so desperate and fearless…” 

Editors, ces romantiques

On en oublierait presque qu’Editors sont également des cœurs sensibles. “No Sound But The Wind” est une très jolie ballade qui débute en piano-voix, avec ajout de nappes électroniques planantes en fond progressives. Toujours dans le mélo, “Belong” qui clôt l’album se rapproche plus des Editors d’avant (“Never belong to anyone else but me”) avec son ce sample de mécanisme horloger, ses violons lyriques et les harmonies vocales sur les couplets. Une chanson qui matcherait parfaitement en fin d’épisode de série romantico-dramatique.

Tout est toujours très cinématographique et c’est peut-être la force d’Editors qui confirment là qu’ils sont un groupe touche à tout, capable de se renouveler et créer différents univers à chaque album. Cela dit, la constance n’est pas si désagréable non plus…

Violence – Editors (PIAS)

► En concert le 20 mars à la Laiterie et le 23 mars à l’Olympia