Call Me By Your Name : éducation sentimentale estivale

CHRONIQUE –  Avec Call Me By Your Name, élégant et sensuel, le réalisateur Luca Guadagnino clôt en beauté sa trilogie sur le désir commencée avec Amore (2010) puis A Bigger Splash (2016).

Été 1983, quelque part dans le nord de l’Italie. Dès le début du film, le décor est posé. On suit Elio (Timothée Chalamet), 17 ans, en vacances avec ses parents dans la villa familiale du XVIIe siècle. Il passe ses journées à jouer de la musique classique, à lire, à manger les fruits du jardin, et à flirter avec son amie Marzia. Oliver (Armie Hammer), un séduisant Américain qui prépare son doctorat, vient travailler auprès du père de l’adolescent, éminent professeur spécialiste de la culture gréco-romaine. Au fil des baignades, des balades à vélo, des petits déjeuners sur la terrasse Elio et Oliver vont peu à peu se rapprocher pour vivre une histoire qui bouleversera à tout jamais leur existence.

Call Me By Your Name, adapté du roman éponyme de André Aciman, c’est donc une histoire d’amour, mais pas n’importe lequel. Le premier. Celui qui s’empare de nous sans prévenir, qu’on a du mal à contrôler, qui nous obsède, celui qui met notre cœur en miettes quand il touche à sa fin, celui qu’on croit insurmontable, mais qui nous forge à tout jamais. Celui auquel on repense avec le sourire des années après. L’œuvre de Luca Guadagnino est aussi et surtout un film sur le désir. Qui plus est entre deux hommes à une époque où l’homosexualité est encore taboue. Alors on se cherche, on se taquine l’air de rien, même si certains gestes et regards parlent d’eux-mêmes, on se cache. La famille est également un élément central du long métrage. Les parents d’Elio, admirablement interprétés par Amira Casar et Michael Stuhlbarg, font preuve d’une grande ouverture d’esprit et assistent, avec beaucoup de bienveillance pour leur enfant, à cette romance estivale.

Duo gagnant

Rares sont les films à avoir réussi à retranscrire avec autant de beauté, de justesse et de finesse l’intensité des premiers émois et la palette d’émotions qu’ils engendrent. Cette prouesse tient par ailleurs au jeu des acteurs. Et quels acteurs ! Timothée Chalamet, nouvelle coqueluche d’Hollywood, irradie le long métrage de sa beauté juvénile, de son talent et de sa sensibilité. (Sa nomination aux Oscars était amplement justifiée). Armie Hammer, du haut de son 1m96, séduit par son élégance, son charisme et sa vulnérabilité. La photo et les décors, sublimes, (on veut vivre dans cette merveilleuse villa à temps complet), sans oublier la BO parfaite (coucou Sufjan Stevens), font le reste.

On ressort de Call Me Be Your Name le cœur réchauffé et avec une furieuse envie de monter dans le premier avion direction l’Italie. Bonne nouvelle, une suite est déjà en préparation.