The Voice, l’audition finale – L’inattendu ? On l’attend toujours…

THE VOICE – C’est la deuxième émission de “L’Audition Finale”. (Ne nous demande pas la logique. On ne la voit pas. Paraît même qu’il y a une troisième).

On rappelle le principe : 3 talents d’une même équipe passent sur une chanson qu’ils choisissent. Puis le coach choisit qui reste. Et si un autre coach veut récupérer un des perdants, il peut.

Je vais le dire tout de suite : l’ombre de Luca Sellier plane sur cette émission. Je n’ai pas fait le deuil de l’insolence et l’inconscience qu’il mettait à revisiter mes standards adorés. Alors à chaque fois qu’un candidat moyen se faisait sauver, je pestais intérieurement pour Luca, qui n’avait pas eu cette chance alors qu’il était tellement au-dessus. Impossible de l’oublier, lui pour qui un petit raté bien rattrapé a sonné comme un couperet. Mais le pire, sûrement, a été cette phrase de Zazie, celle qui ne l’avait pas choisi : “On attend l’inattendu dans cette émission”. Ah ? Vraiment ? Luca Sellier n’était donc pas assez inattendu ? Mais tu vas me dire “fais ton deuil, c’est bon, et passe à autre chose”. Ok. Jugeons sur l’émission du soir.

Où était l’inattendu ce soir ?

La question, je me la suis posée tout au long de l’émission. J’étais comme anesthésiée. Endormie par la longueur et l’ennui. Je n’ai même pas envie de faire la liste des candidats qui ont fait dans l’attendu. Il y en aurait trop. Et puis je les ai déjà oubliés. Mais malheureusement, l’émission se chargera de nous rappeler au moins ceux qui ont été sélectionnés. Bah oui, ce n’est pas parce que Zazie dit qu’à The Voice, c’est de l’inattendu qu’on cherche, que c’est ça qu’on sélectionne, visiblement.

Le problème vient souvent du choix des chansons, comme toujours. Je sais bien que c’est supposément les talents qui choisissent, mais j’en doute très fort. Billy qui choisirait “Envole moi” ? C’est la chanson suicide. “Je suis malade”, chantée par Zine Yalla, c’est un peu la même chose. Il en fait un truc correct, mais enfin cette chanson est terrible à reprendre, et tout le monde l’associe déjà à un souvenir trop ancré pour l’en déloger (tu me crois si je te dis que moi, je garde le souvenir de Thierry Amiel, Nouvelle Star n°1, sur cette chanson ?). Liv Del Estal sera choisie grâce à Raphaël et son “150 ans”, sans prendre le temps de vraiment articuler sur une chanson magnifique. Bon, face à elle, il y avait Chloé qui chantait Vianney. Comment montrer ce qu’on vaut sur du Vianney ? Si, peut-être en en faisant un truc complètement loin de l’original, en en faisant un truc bien. Ce n’était pas le cas là. Et puis Lého avec “Laisse tomber les filles”… Difficile d’effacer France Gall en terme d’interprétation, non ? Bref, les chansons, c’était pas gagné.

Pas trop d’originalité, s’il-te-plaît

Mais le pire problème, c’est qu’on demande aux candidats, moins ouvertement, mais par la force des choses, finalement, de gommer toute leur identité. J’ai bondi de mon canapé quand Mika a dit “Le jazz n’a pas sa place dans cette émission”. Il le disait dans le sens “ça n’a jamais marché, c’est casse-gueule d’en faire, personne ne vote pour ça”. Bien sûr, il a raison. Mais quel est le message ? N’est-ce pas prévenir un peu les talents qu’il faut veiller à ne pas trop faire dans l’original, s’ils veulent avancer et gagner ?

Gulaan, qui vient de Nouvelle Calédonie et avait chanté un chant traditionnel kanak en audition à l’aveugle, passe à Cabrel. Je suis heureuse qu’il ait été gardé par Zazie, vraiment. Mais pourquoi gommer ainsi, par son choix de chanson, sa culture ? Pourquoi essayer de coller aux standards, si c’est bien l’inattendu qu’on cherche ? Et qu’on apprécie leur voix ou pas, ça a été la même chose pour Casanova, le Corse qui a chanté du Ed Sheeran. Ou Norig, qui a choisi Alanis Morissette pour montrer qu’elle était capable de faire “autre chose que du tzigane”. Mais pourquoi faudrait-il le montrer ? Qu’y a-t-il de mal à rester dans son registre, si son registre est celui qu’on a choisi ? S’il correspond à ce qu’on est ?

La même chose s’est ressentie dans le coaching scénique. Il ne faut pas trop divertir, pas trop danser, pas sauter parce que ça fait trop pop, choisir entre chanson française ou rap, ne pas hésiter, ne pas mélanger, être CLAIR. Calibrons, lissons, que surtout rien ne dépasse, de peur de faire fuir l’auditeur/téléspectateur. Mais l’auditeur est grand, l’auditeur a le droit de décider seul de ce qu’il aime. L’auditeur a le droit d’entendre et de voir d’autres propositions, aussi bancales et foirées soient-elles.

Les quelques étincelles

Ce qui ressort finalement de l’émission, c’est que les rares instants qui ont su me tenir éveillée sont ceux où les talents chantaient des chansons en accord avec leur univers, sans trop calculer. Il y a eu Gabriel et son “Raise Me Up”, taillée pour lui. Je ne suis pas sensible au style de cette chanson, mais peu importe finalement, parce que le mec a envoyé ce qu’il voulait et il l’a très bien fait. Il y a eu Laura et “California Love”, de 2Pac. Même chose, sa voix, c’est pas ma came, mais elle a chanté un titre qu’elle kiffait. Il y a eu Ubare sur Nat King Cole en piano voix avec Nature Boy. Bon choix de chanson, jolie interprétation. Et puis Alhan avec sa reprise de Barbara, pas assez au goût des juges, mais diablement pleine d’émotions. J’aurais presque pu aimer Ecco Ecco et son “Voyage voyage”. Mais en piano voix sur ce titre, impossible d’arriver à l’orteil de la grande Soap&Skin, qui avec Desireless détiendra à tout jamais le haut du pavé sur ce titre.

En absence de très gros frisson, on attribuera quand même la palme du meilleur candidat de l’émission à Xam Hurricane. “Le cinéma” de Claude Nougaro. C’est à lui qu’on a dit qu’il ne fallait pas qu’il saute au-dessus de la caméra pendant sa prestation. C’est un auteur qu’il chante, pas un chanteur pop, qu’il a dit, Pascal le coach. C’est drôle, parce qu’on l’a quand même affublé d’un habit 100% paillettes. Logique, quand tu nous tiens… Mais les fringues, on s’en fout un peu quand on a un Xam en face. Un mec habité. Un mec qui VIT la chanson. Un mec qui possède la scène, l’espace. Un mec qui ne te prend pas par la main pour te faire comprendre sa chanson mais qui te la balance comme il la ressent et tant pis si tu n’aimes pas. Un artiste, en fait. Et putain ça fait du bien d’en voir dans cette émission.