ISLAND, un premier album stratosphérique et sensuel

CHRONIQUE – Il fallait qu’on te parle de “Feels Like Air”, le premier album réussi d’ISLAND dont on suit la carrière avec toujours autant de passion.

Tu commences à nous connaître. Quand Rocknfool aime, on défend à corps perdu des artistes ou des groupes dont tu vas voir passer le(s) nom(s) jusqu’à ce que tu finisses par craquer et enfin jeter une oreille curieuse par tant de remue-ménage. Puis tu vas en tomber amoureux, comme nous. Si on se positionne avec autant d’entrain et de passion, c’est que ces artistes/groupes en valent la peine. Ils valent la peine qu’on publie des chroniques, des news, des interviews et qu’on en parle comme si on les connaissait mieux que leurs propres mères. Ils méritent autant de lumière que ceux qui font les gros titres des médias parce qu’ils portent un jogging en allant faire leurs courses ou parce qu’ils font une reprise lamentable de Céline Dion.

Une bouffée d’air frais

ISLAND ce sont quatre garçons que j’aime tout particulièrement. Non seulement ils m’ont réconciliée avec la musique à un moment où plus rien ne me plaisait, et puis c’est un groupe qui en veut. D’abord signés chez Beatnik Creative (Palace, Eliza Shaddad, Turtle), ils ont sorti leur premier album Feels Like Air il y a quelques jours sur le label américain Frenchkiss Records (Local Natives, The Drums, Emma Louise) et c’est une petite pépite pop-rock. Un premier cri distinctif, une bouffée d’air frais qui devrait mettre tout le monde d’accord.

Sur ce 11 titres, on ne retrouve aucune chanson tirée de leurs deux EPs (Girl sorti en 2015 et A Place You Like en 2017). “Ce ne sont que des nouvelles chansons, c’était important pour nous” me disait Rollo, le frontman du groupe, lors de leur passage parisien au Pop-Up du Label en novembre dernier. Enregistré en quelques semaines avec Mike Hill, leur producteur de toujours, en Oxfordshire, leur région d’origine, cet album s’écoute d’un bout à l’autre. Il nous plonge dans une jouissante torpeur.

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Du live et de la sensualité

“Il n’y a pas d’éléments manquants, de nappes supplémentaires, d’harmonies… on peut aller sur scène et jouer l’album exactement de la façon dont il a été enregistré” m’expliquait Rollo. Il n’a pas menti. Feels Like Air est une restitution très fidèle de ce que le quatuor t’envoie à la face pendant leurs lives. Un son plein mais aérien, sensuel et subtile. Et de la mélancolie omniprésente. La même marque de fabrique sur toutes les chansons. Un voyage qui force à l’introspection.

Le titre éponyme de l’album, la ballade “Feels Like Air” en est un bon porte-étendard. Une intro céleste aux guitares pleines de réverb’, puis la voix rocailleuse de Rollo qui s’ajoute dans un souffle “I ‘ll touch your skin, say goodnight and turn in (…) I’ll touch your body and soul, and dreams where I’m your darling”. Puis, quasiment deux minutes d’intru’, deux guitares qui chantent et échangent leurs langoureuses complaintes. On comprend pourquoi l’album porte ce nom, cette chanson est fantastique.

Les garçons ont enregistré Feels Like Air live, tous dans la même pièce, pour ne pas perdre de l’énergie des trois autres. De l’énergie qu’on avait bien sentie à l’écoute des premières chansons dévoilées par le groupe.”Try”, “The Day I Die”, “Horizon” et “Ride” faisaient dans le planant-bien-trempé-bien-rythmé-et-addictif. Dans les coups de cœur immédiats, “God Forgive” se place en bonne position avec son escalade graduelle en intensité et son climax instrumental qui m’étreint le cœur grâce à une basse subtile, une batterie intelligente et un seul riff de guitare. “We Can Go Anywhere” suit sur le podium, son low-tempo, sa basse lourde et son atmosphère réconfortante sur fond d’échappée amoureuse.

La jolie “Lilyflower” qui clôture le disque est aussi remarquable : en guitare-voix, la ballade folk arrive comme une plume de duvet sur les eaux paisibles d’un lac bucolique. C’est une bien belle et délicate sortie de rêve éveillé dans lequel nous a plongés le quatuor. On en ressort abasourdis, presque sonnés. L’esprit apaisé continue à vagabonder et le cœur est comblé. Feels Like Air est un premier album convaincant, singulier et accessible, un album dont ISLAND peut être fier.

En concert le 27 avril au Supersonic et en tournée nord-américaine à l’automne.