Festival d’été de Québec 2018 : Sum 41, Galaxie, John Butler Trio, Busty and the Bass…

LIVE REPORT – Retour sur le second week-end du Festival d’été de Québec : Galaxie, Pup, Pierre-Hervé Goulet, Alexandre Poulin, Sum 41, Jason Bajada, Busty and the Bass, John Butler Trio…

Même si on a manqué de très bons concerts pendant la semaine (coucou l’affiche Foo Fighters + Greta Van Fleet), il n’était pas question de rater un second week-end de concerts au Festival d’été de Québec. Nous revoilà dans la capitale parlementaire pour trois soirées de rock, de punk, de folk et de blues.

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On a hésité à aller voir Lorde, la tête d’affiche de ce vendredi 13 juillet au Festival d’été de Québec. Seulement, on s’est dit qu’encore une fois on passerait une partie du concert à regarder l’un des deux écrans géants des plaines. Et puis, à côté, on zieute sur Galaxie. Galaxie qu’on a loupés aux Francos de Montréal quelques semaines avant. Le choix a été vite fait. Bien fait.

Dans l’infini et l’au-delà de Galaxie

Pour notre premier concert de Galaxie, on peut dire qu’on en a pris plein les tympans. Littéralement. La basse est lourde (Fred Fortin), la batterie tabasse (Pierre Fortin) secondée dans sa job par un second percussionniste (Jonathan Bigras) l’histoire d’ajouter plus de matière. Le groupe québécois fait ce qu’on appelle une démonstration de rock. En bonne et due forme. C’est “waoh”. Vêtus de costumes et accessoires spatiaux, les six musiciens en envoient plein la face des spectateurs venus très nombreux.

Alors que les belles lumières nous happent dans un autre système intergalactique, les guits désaturées résonnent dans cet espace temps de soudainement sans limites. Olivier Langevin (chant/guitare) attire tous les regards, possédé, sa cape voletant dans son sillage, avec une façon de s’approprier intensément chaque mot qui sort de sa bouche. Les Hôtesses d’Hilaire, qui ouvraient la soirée, viennent partager une danse endiablée. Puis, cerise sur le gateau, le leader débarque quelques chansons après en calebutte pour un bodysurfing de l’impossible-possible. Ça sue, ça jam, ça danse, ça fait suinter les guitares. Bref, c’était un putain de bon concert. Lorde qui tu dis ?

Folk is not dead

Rendez-vous le lendemain matin au Cœur du FEQ, l’endroit où faire des découvertes. Il ne pleut plus, et il fait même suffisamment chaud pour qu’un public curieux se soit rassemblé lorsque Jason Bajada arrive sur scène, sourire aux lèvres. Un timbre doux de crooner, comme du coton ouaté imbibé de miel pour les oreilles. Un mélange entre Pascal Obispo et Michael Bublé pour la voix, straight to the point. Et des chansons folk-pop qui parlent beaucoup d’amour, de sentiments déçus, de trahison. Normal, son dernier album paru l’année passée s’intitulé Loveshit II et a été écrit suite à une cruelle déception amoureuse. En tout cas c’est un concert parfait pour débuter ce samedi soir. Quoi de mieux qu’une chanson sur la tromperie avec des maracas en fond ?

On a découvert avec plaisir Pierre-Hervé Goulet il y a quelques semaines à peine, alors qu’il jouait avec l’équipe de Destination Chanson-Fleuve aux Francos de Montréal. Cette-fois ci, le Beauceron présente son projet à lui, entouré de quatre musiciens. La bonne humeur est au rendez-vous pour ce folkleux aux influences world bien senties. Résultat, ses titres incitent très largement à la danse, avec les taps de guitare et les rythmiques cadencées de la batterie. Difficile de répondre de ses hanches. L’ambiance est très festive et on s’imagine vite en vacances dans le sud de l’équateur terrestre. Rappelons que le dernier album du Québécois, Pas loin d’ici, est sorti cette année.

Si le parc de la Francophonie est complet, c’est à cause des 2Frères. Mais nous, on n’est pas venu pour ça (tmtc). On voulait découvrir Alexandre Poulin qui jouait juste avant. Rien de neuf dans la proposition, mais un bon spectacle de la part de ce Québécois qui ne boude pas le plaisir d’être là, pour sa première fois. La foule connaît ses chansons, et l’artiste invite même les stars de la soirée, les 2Frères à venir le rejoindre sur “Fernand”. À la guitare, l’auteur-compositeur-interprète s’accompagne parfois d’un harmonica, pour notre plus grand plaisir, quand il ne raconte pas à coup de phrases poétiques (parfois un peu mystiques) l’origine de ses chansons. On retient notamment la touchante ballade-comptine “L”Écrivain” qu’Alexandre Poulin dédie à tous les enseignants qui croient et valorisent le potentiel créatif de leurs élèves.

Le grand parté Busty and the Bass

Tu vas croire qu’on ne quitte plus Busty and the Bass. Et tu n’as pas tort. Impensable de ne pas se rendre à leur concert en cette saturday night fever. Il y a deux ans, on les voyait sur cette exacte même scène, place d’Youville, en fin d’après-midi. Ce samedi-ci, ils sont chargés d’ambiancer le Vieux-Québec pour la soirée avec leur soul-hip-hop-rap. Et comme d’habitude les huit Montréalais d’adoption s’en tirent haut la main, avec un spectacle bien construit et une énergie parfaitement dosée. Le jeu des lumières est épatante et la foule leur est tout acquise. Même eux, ne semblent pas en revenir, échangeant des sourires mêlant joie, surprise et excitation. Une excellente fin de soirée, on n’aurait pas pu rêver mieux. C’était excellent, comme toujours.

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John Butler Trio, toujours aussi bon

Pour le dernier jour du festival on se dirige vers les Plaines d’Abraham pour John Butler Trio. La dernière fois qu’on les avait vus, c’était au feu Festival Soirs d’été à Paris. Autant dire que ça date. Les plaines ne sont pas bien remplies à 19h, lorsque les Australiens débarquent sur l’immense scène Bell. “On n’a pas beaucoup de temps, on va essayer de vous faire découvrir toutes nos saveurs” dit John Butler expliquant que c’est la dernière date de leur tournée nord-américaine et de leur été.

Accompagné de ses deux acolytes habituels (basse/contrebasse et batterie) plus deux extra aux percus et clavier, le groupe est toujours aussi bon. Le frontman n’hésite pas à s’asseoir et jouer un morceau instrumental à la guitare pendant plus de 3 minutes. Osé ! Accompagné seulement d’un kick, il montre l’étendue de ses talents de guitariste virtuose. Une guitare à onze cordes dans le cas où tu te poses la question. Banjo, finger knuckle, tout l’attirail du bon blues-folk est de sortie, et extrêmement maîtrisé. C’est un set trop court à notre goût qui se termine sur “Funky Tonight”. On aurait pu les écouter encore plusieurs heures.

“Le parc de la Francophonie est désormais complet”, annonce des membres du staff sur Grande-Allée. Il est 19h50, et Sum 41, la tête d’affiche sur cette scène Loto-Québec ne joue pas avant 21h20. Avant le retour des enfants terribles, c’est les Canadiens de Pup qui ont la mission de chauffer les 10 000 spectateurs du parc de la Francophonie, déjà bien échauffés. Le quatuor sort un bon punk-rock brut et incisif, sans chichis, qui fonce doit dans le mille. Mais déjà on s’échappe pour aller écouter Tintamarre du côté de la scène Fibe. Ça danse fort au Cœur du FEQ, tandis que les 11 musiciens (dont 6 cuivres !) semblent prendre leur pied sur scène. Comme l’impression de me retrouver soudainement à la Fête de l’Huma’ devant les Ogres de Barback, entourée de dreadeux pieds nus dans un nuage de marijuana. Vous nous n’excuserez du cliché, mais on n’en était franchement pas loin.

“It’s a long night, motherfuckers !”

Dernière étape de notre FEQ, et pas des moindres : Sum 41. Ou, devrions-nous dire, Sum 41, motherfuckers ! Joli qualificatif employé à l’excès par Deryck Whibley, le frontman de la formation qui malgré un visage abimé, n’a rien perdu de son timbre de voix. Les fans sont fiévreux, et le service de sécurité au taquet. Ni une, ni deux, le groupe fait monter quelques fans sur scène et réclame qu’un mosh-pit se forme sous leurs yeux, là, tout de suite. Entre reprises-hommages (Black Sabbath, Queen, Pink Floyd…) et anciens succès (“Makes No Difference”, “The Hell Song”, “Underclass Hero”, “Still Waiting”, “In Too Deep”…) Sum 41 sait définitivement délivrer un show qui en fout plein les yeux, et les oreilles.

Les Canadiens présentaient aussi des titres de 13 Voices, leur dernier album. Écrit à Los Angeles suite au gros breakdown et à l’hospitalisation de Deryck Whibley. Ils en profitent pour annoncer la sortie d’un nouvel album prévu l’année prochaine, et promettent de revenir le présenter au public québécois. En attendant, nos cœurs d’adolescentes ne font qu’un bond lorsque les premières mesures de “With Me” viennent calmer le jeu quelques minutes… avant que la folie des rockeurs ne finissent de cloturer une soirée fiévreuse.

Photos : Emma Shindo