Pursuit Of Momentary Happiness, le résumé rock’n’roll de YAK

ALBUM – Après Alas Salvation, YAK dévoile son deuxième album. Et sans trop de surprise, c’est une réussite.

Alas Salvation (2016) était nerveux, frénétique, dans l’urgence. Peu de pauses, un son crasseux et punk, une énergie de gamins qui se la jouent grands. Le genre d’album qui aurait pu se noyer dans une masse d’albums rocks si les mecs de YAK ne transpiraient pas la classe et l’honnêteté. Cette immédiateté que seuls les plus inconscients, les plus têtes brûlées, les plus viscéralement attachés au pur et au vrai peuvent avoir. Bref, Alas Salvation suintait le rock et laissait s’écouler toutes les promesses pour la suite.

Un titre loin d’être mensonger

La suite, la voilà sortie. Et pour l’occasion, YAK a rassemblé tout son bazar, a respiré un bon coup, et a calmé un peu le jeu. Mais disons-le tout de go, Pursuit Of Momentary Happiness est un putain de moment de bonheur. Une synthèse du rock’n’roll de ma vie. Tu peux toujours aimer un album de manière tout à fait rationnelle, prêt à déballer des arguments tous plus valables les uns que les autres, mais quand il s’agit d’aimer pour de vrai, ça devient forcément une affaire personnelle. Et avec cet album, YAK a fait un album qui me parle directement.

Clip de “Fried” – YAK

Je peux adorer autant que possible les classiques du rock’n’roll pur du siècle passé, mais ce serait mentir que de dire que mes goûts se sont construits là-dessus. Non. Ils se sont construits sur les deux plus grosses sensations rock de ma génération : The Strokes et Arctic Monkeys. Et si je te parle d’eux, c’est bien parce qu’avec les 11 titres de Pursuit Of Momentary Happiness, YAK me replonge dans mes amours adolescentes. Il y a l’esprit rock de ces années-là dans la parfaite ouverture “Bellyache” / “Fried”. Mais il y a surtout l’âme décomplexée de mecs qui ont tout digéré et construisent leur mur de son par dessus, sans se retourner.

Oliver Burslem, l’homme qui ne s’interdit rien

C’est là qu’Oliver Henry Burslem est fort. Très fort. Des cuivres, du fuzz, des ambiances psyché, un voyage stratosphérique. Ce type a le chic anglais, la verve américaine, et l’arrogance de croire qu’il peut se permettre de passer d’un rythme à l’autre, d’une atmosphère à l’autre, et tout mélanger sans se poser de question. Et ça marche. Ça marche parce que les balades sont sublimes autant qu’intemporelles (“Words Fail Me”, “Encore”), parce que les titres les plus implacables sont d’une impertinence délicieuse (“Blinded By The Lights”, “White Male Carnivore”, “Pay Off VS The Struggle”) et parce que le tout est saupoudré d’instants de grâce indescriptibles (“Pursuit Of Momentary Happiness”, “This House Has No Living Room”).

Je mettais IDLES et The Lemon Twigs dans les groupes de rock les plus talentueux de ces dernières années. De ceux qui font sauter les barrières et les limites, en osant mettre leurs cœurs et leurs envies sur la table. Avec Pursuit Of Momentary Happiness, il est clair qu’il faut maintenant ajouter YAK à la liste de ces groupes qui, sans nulle doute, serviront d’exemples à suivre pour les générations futures.

► YAK, Pursuit Of Momentary Happiness, Third Man Records, sorti le 8 février 2019