Alex Burger : “Je n’ai pas envie de traîner et de trop penser à ce que j’ai fait avant”

INTERVIEW – Cette semaine, halo sur Alex Burger, indépendant rockeur québécois au cœur tendre et à l’énergie à revendre, dans le cadre de sa participation aux Francouvertes.

Un premier EP en 2018, un premier album pour 2019, on ne peut pas dire qu’Alex Burger ne soit pas productif. Bien entouré par sa gang de musiciens-amis de toujours, le rockeur Québécois est un concentré d’énergie positive qui te donne instantanément envie de chalouper des hanches.

Notre rencontre, d’abord prévue dans son studio d’Hochelaga, s’est finalement exportée à Burrito Revolucion, non loin de là, sur la pause déjeuner du groupe, en pleine journée de répétition. Voici donc Alex Burger en quelques mots clés. Pour la culture des sauces piquantes, le vin parisien, le rap québ, le rock en Italie, sa fameuse danse des hanches et son passé de boulanger, ça sera pour une prochaine fois.

Concours

Je me suis dit que j’allais faire tous les concours en une année, comme ça j’en n’aurai plus à faire ! Car mon projet est quand même nouveau. C’est cool les concours, mais j’ai quand même réussi à faire un album à travers tout ça. Ce n’est pas prenant au point d’en être handicapé, mais j’ai quand même hâte que ça se termine. Ça apporte de la visibilité et en soi, ça ne m’apporte rien si je ne gagne pas. C’est un spectacle parmi tant d’autres. J’étais beaucoup plus stressé quand j’ai fait les Francouvertes il y a quatre ans. Là, je le vois avec positivisme.

Les amis

Naturellement je me suis tourné vers mes amis au début (les Prix Staff). C’est important pour moi de jouer avec eux, on communique bien, ça s’est fait naturellement… Et de toute façon ce sont mes seuls amis, mes vieux amis d’enfance. Là, notre batteur (Mandela) vient de se faire mal à une main et il ne pourra pas jouer lundi. Je l’ai su hier. Donc là on pratique avec un nouveau batteur, qui est aussi un ami. David le bassiste joue avec beaucoup de monde, Elliot le guitariste joue avec Mon Doux Saigneur et moi, comme Mandela. Les gens pensent qu’on joue avec plein de monde alors que pas tant que ça !

Montréal

Je n’ai jamais senti de difficulté à sortir ma tête de l’eau à Montréal. Il faut juste être actif, c’est très stimulant. C’est comme un grand terrain de jeu vraiment cool. Ça commence à faire autant de temps que j’habite à Montréal que j’ai habité dans ma petite ville natale. Je commence à être vraiment Montréalais.

Rock & drôle

C’est un style que j’ai créé pour l’EP. Mais je vais sûrement changer de style à chaque album. Le rock & drôle se définit comme étant un rock qui ne se prend pas au sérieux mais qui est fait sérieusement. Mais toujours avec un regard détaché. Je ne suis pas porté à faire une musique générique dans la vie. J’ai toujours fait une musique originale, dans le sens “dans mon propre sentier” idéalement.

Le français

J’ai chanté en anglais quand j’étais jeune… mais ça fait longtemps ! J’avais un groupe avec Mon Doux Saigneur justement. Ça me plaisait, mais à un moment donné ça ne me plaisait plus. Je trouvais que je ne disais pas grand-chose. J’ai arrêté d’écrire pendant un an, puis j’ai recommencé en français. J’ai écrit de la merde et j’en écris encore, j’apprends ! Les boulangers deviennent boulangers en faisant le pain. T’as beau apprendre à l’école, tant que t’as pas fait des baguettes tu ne peux pas savoir si t’es un bon boulanger. Référence française hein !?

Les Sixties

Il y a eu de la musique après les années 1960 ? (sourire) Je ne connais pas… Je trouve juste que c’est une belle période et j’en suis imprégné car j’ai beaucoup écouté de musiques de cette période-là. Mes parents n’écoutaient vraiment pas beaucoup de musique, c’est arrivé tard, au début de la vingtaine. C’est un monde qui me plait beaucoup, libre, coloré, beau, les femmes sont présentes, les hommes aussi, ça chante, ça danse, ça rit… Je n’en voue pas un culte, mais c’est sûr que quand j’écoute de la musique, je me mets que des choses qui se sont passées avant 1979. Après 1979, il y a des groupes que j’aime, mais je deviens un peu plus sélectif. J’écoute aussi de la musique moderne, cette semaine je suis allé voir Vince Staple par exemple.

Alex Burger (c) Emma Shindo

Le second degré

Apparemment, je serai un prince sans rire. Je navigue entre le très sérieux et le très con. Il y a très peu de journées où je ne fais pas de blague… quand je suis tout seul peut-être car c’est rare que je me fasse des blagues à moi-même. Je ne fais pas de musique pour faire un spectacle. J’ai l’impression qu’aujourd’hui les gens ne se contentent plus que de la musique, ils ont besoin de plus. Je ne sais pas trop ce que je fais dans la vie, mais mon projet, c’est un peu moi, ce n’est pas une mise en scène.

L’album

Là, je vais faire un album studio, moins rock’n’roll, plus axé sur l’écoute active. Mais oui, l’EP que j’ai fait était un prétexte pour jouer en live. L’album va sortir cette année. On est entré en studio avec des maquettes et avec aucune idée de ce que l’on allait faire. J’ai beaucoup travaillé derrière la console avec le réalisateur, en testant beaucoup de choses. Avec les musiciens aussi, on a beaucoup essayé d’atmosphères, d’ambiances… On improvisait en studio et quand on aimait, on fixait le truc et on enregistrait. Je suis vraiment très content du résultat ! Le but c’était d’avancer, j’aime ça les projets qui avancent, on sort des trucs, on fait une vidéo, on écrit un livre plus tard, je ne sais pas… mais on s’amuse ! Je n’ai pas envie de traîner et de trop penser à ce que j’ai fait avant. J’aime mieux passer mon temps à regarder ce que je vais faire. Je ne me rends pas toujours compte que j’avance, j’ai toujours l’impression de procrastiner.

Le mot de la fin

Je pense que les gens devraient faire attention avec les réseaux sociaux. Je remarque que j’ai des amis en détresse et que ça vient peut-être d’une surconsommation des réseaux sociaux. Parfois, les gens n’ont plus confiance en eux et ils se dévalorisent beaucoup. C’est un sujet dont il est important de mentionner, vu qu’on parle beaucoup de dépendances en ce moment. Celle aux appareils peut être dangereuse. On parle aussi trop de politique, le monde est trop axé dessus. On pourrait parler de tellement d’autres choses qu’on a encore à apprendre.

Alex Burger sera en concert lundi 4 mars au Cabaret du lion d’or dans le cadre des 23e Francouvertes. Il sera également en festivals cet été au Québec.

Propos recueillis par Emma Shindo (2 mars 2019 à Montréal).