The Lemon Twigs à La Laiterie : c’est ça, le rock.

LIVE REPORT – Les retrouvailles, quel bonheur. On persiste, on signe, The Lemon Twigs, ce sont nos Queen à nous.

Ce soir, en sortant du concert des Lemon Twigs, j’ai Eddy le quartier qui me vient en tête. Tu sais, le mec aux lunettes bleues, devant l’Olympia, avant un concert de Queen et qui t’explique ce que c’est le rock. Et bien figure-toi que le rock, c’est The Lemon Twigs, et Eddy le Quartier l’aurait assuré.

“Freddie Mercury, c’est quand même le seul, quand il allait faire les courses, il gardait sa cape”. Alors on n’a pas vu les Lemon Twigs faire leurs courses, mais on ne serait pas loin de parier qu’eux non plus n’abandonnent pas leur looks de scène. T-shirt taille enfant pour Brian, patte d’éph’-vernis noir-rouge à lèvres noir pour Michael, ça en jette d’emblée. Bassiste au look noir ultra moulant et batteur vite torse nu ne sont pas en reste. C’est ça, le rock.

L’intransigeance toujours

“Le rock, c’est t’arrives, t’as une guitare, et tu sais pas si elle va marcher. C’est ça le rock, tu prends des risques, t’as peur”. C’est ce qu’il s’est passé ce soir, avec des problèmes d’ampli qui ont frustré nos frères D’Addario. S’ils nous avoueront qu’ils pensaient s’en sortir avant le concert avec un ampli fragile, ils devront vite s’avouer vaincus, avec un changement à la va-vite et un nouvel ampli pas tout à fait coopératif. C’est ça, le rock.

“Ce soir tu vas jouer, ptèt que ton batteur il va pas v’nir, tu sais pas.” Niveau batteur, point de problème. Le rôle de diva est plutôt assuré par Michael D’Addario, frontman ultra-charismatique mais très versatile et surtout très très exigeant, dont les problèmes d’ampli viendront le pousser à jeter sa guitare par terre et à nous parler de contrat à respecter. C’est ça, le rock.

“Le rock, c’est un monde à part, tu peux te suicider à n’importe quel moment”. Sans aller jusque là, on avouera qu’on a un peu flippé quand Michael (toujours lui), a mis sa tête dans un sac plastique noir pour chanter. Ça, on n’a vraiment pas compris. C’est ça, le rock.

Magistrale démonstration

Mais à côté de ça, la seule preuve valable, ça a été ce concert. Il y a quelque chose de jouissif pour un amateur de rock à voir The Lemon Twigs sur scène. Ce ne sont pas tant les levers de jambes impressionnants de Michael ou les sauts parfaits de Brian. Ce n’est même pas une question de volume sonore (le son était tellement fort, MERCI les gars, enfin, ça me manquait !). Non, c’est juste une question de musique.

Cette entrée sur “Go To School” / “Never In My Arms”, et d’office la voix de Michael si sixties nous plante le décor. Bien sûr, il y a les balades comme “The Lesson”, dont la maîtrise juste parfaite est faite pour te faire vivre une autre époque. Mais les autres titres, ce sont des intros interminablement puissantes qui viennent magnifier des pépites rock qui n’ont plus rien de leur version album, et des séquences dont la structure est à la fois construite puis déconstruite avec une étonnante habileté.

Personnalités complémentaires

Les harmonies vocales, les claviers magiques, le groove de cette basse, et alors le rythme du batteur… À vrai dire, on ne pourrait mieux l’expliquer que Michael lui-même qui, lors de la présentation du groupe, montre que la force des Lemon Twigs, c’est d’associer des musiciens qui tous, d’une manière ou d’une autre, évoluent dans des styles très disparates, mais ont ce truc en plus, complètement différent mais totalement complémentaire. La force du collectif, c’est aussi ça le rock.

Mais pour moi, ce seront les riffs impressionnants de Brian avant toute autre chose. À 20 ans à peine, c’est à se demander comment il arrive à faire sonner sa guitare de tant de manières. Il y a du Queen dans son son. Un truc qui te prend aux tripes, qui te balance une énergie folle et qui te donne envie d’onduler de tout ton corps. On ne parle même pas de sa voix, un brin éraillée quand il pousse dans les aigus, juste ce qu’il faut pour faire naître les frissons. Et frissons il y a eu. The Lemon Twigs est de cette trempe-là. Du genre à te jouer une musique plus grande qu’eux-mêmes, un truc qui transcende le temps et l’espace. Un truc qui te dépasse. Un peu comme Queen, en fait.

C’est ça, le rock.