Pop Montréal : la démesure Les Louanges et la déroute signée Altopalo

LIVE REPORT – Deux projets assumés à la lisère des styles et des genres : le lancement en grand de Les Louanges à la tombée de la nuit et les captivant Altopalo au Café Campus.

Aux journées de grand soleil, suivent souvent des journées entières de pluie. Ce samedi 28 septembre n’a pas échappé à cette fatale logique de l’automne. Ça n’a pas arrêté Les Louanges pour le lancement de son nouvel EP Expansion Pack prévu en plein air, au skatepark du Mile-End.

Après un superbe coucher de soleil et un DJ set de Robert Robert, Vincent Roberge (aka Les Louanges) débarque avec ses quatre musiciens en face d’une courageuse foule compacte ayant bravé le mauvais temps. Et non, il ne pleut plus. Le Québécois entame son set avec “Attends-moi pas”, escaladant la tente initialement installée pour les protéger de la pluie.

Robert Nelson puis Maky Lavender se succèdent pour rejoindre Les Louanges sur “Les yeux sur la balle” et “Drumz”. Sinon, “tout va bien”, comme s’amuse à répéter Les Louanges, en écho à son titre “Arbois”. Et effectivement, tout va extrêmement bien à ce lancement d’EP, qui annonce du très lourd le 4 avril prochain au MTelus.

Pour les Parisiens, Les Louanges sera en concert le 17 octobre au MaMA Festival et le 5 novembre à la Maroquinerie.

Sortir de sa zone de confort avec Paloalto

On prend un bus fissa et on arrive un peu essoufflé au Petit Campus pour Altopalo. Heureusement pour nous, le groupe est en retard. Un peu gênés, ils nous expliquent s’être perdus dans les rues de Montréal, entre travaux et service de restauration un peu longuet. Ils sont tout pardonnés, le public est déjà conquis.

Altopalo a le don de surprendre. Le quatuor new-yorkais, dont le premier album Frozenthere est sorti il y a un an, propose un r&b-jazz, électronique et expérimental où l’introspection est essentielle pour ne pas manquer de passer complètement à côté du projet.

La voix n’est pas forte, exprès, malgré des runs très Frank Ocean du frontman Rahm Silverglade pour lesquels on tend l’oreille désespérément, avant d’abandonner et se faire à l’idée que ce n’est pas fait pour être distinct du reste. La guitare électrique vient souvent se placer en métronome métallique et mélodique, et la batterie est agressive. Les séquences se fondent les unes dans les autres, à travers des loops, de l’autotune, des nappes aériennes lancinantes… et peu à peu on se libère du poids de la construction pop classique rassurante que l’on recherchait au début.

Il faut faire un effort c’est sûr, mais Altopalo déroute, et fait sortir de sa zone de confort.

Photos : Emma Shindo