Joker, plus qu’un comic

CRITIQUE – Sorti le 9 octobre dernier, “Joker” de Todd Philips défraie la chronique et divise les fans. On a vu le film, voilà ce qu’on en pense.

Il a fallu un temps avant de digérer le film Joker. Beaucoup de choses ont été dites. Le film a été encensé par beaucoup, critiqué par certains. En tout cas, il est clair que le long-métrage de Todd Philips ne laisse personne indifférent. Avant toute chose, Joker n’est pas un film d’action. Ce n’est pas un film sur un super-vilain, il n’y a pas de Batman, de grosses bastons au ralenti comme on en voit tant dans les films DC/Warner. Non. Joker est une fable social et il propose une piste parmi tant d’autres pour expliquer la transformation d’Arthur Fleck, comédien raté, en Joker, clown du crime de Gotham.

C’est (pas) beau la folie

Ce n’est pas une origin story. La particularité de ce super-méchant emblématique, c’est qu’on ne sait pas vraiment qui il était avant de devenir Joker. L’absence de back up, c’est ce qui en a fait la force du personnage au fil du temps. Tout ce qu’on sait, c’est que c’est un sociopathe, un psychopathe, avec un abonnement illimité à Arkham, l’asile de Gotham. Le Joker est mentalement instable et c’est la psychologie et la santé mentale d’Arthur Fleck qui sont les sujets principaux du film.

C’est vrai, il est long. Un peu plus de deux heures. C’est vrai que quelques scènes ne sont pas vraiment utiles, d’autres un peu faciles. Mais dans l’ensemble, c’est une oeuvre qui prend son temps, il n’y a pas de rebondissements majeures, c’est un fleuve un peu agité qui suit le cours de l’eau.

Joker assume aussi totalement ses références : on sent l’influence de la filmographie de Martin Scorsese, par moment, Gotham ressemble au New York de Taxi Driver. Et c’est assumé. La preuve : Robert De Niro est au casting, l’un des acteurs chouchous de Scorsese.

Le génie de Phoenix et la folie de Joker

Arthur Fleck est incarné par un Joaquin Phoenix complètement habité. Personne ne sera étonné en février prochain de le voir repartir avec un Oscar pour ce rôle. Le contraire serait une injustice. L’acteur s’est énormément investi pour donner une nouvelle interprétation du clown du crime. Et pas que physiquement. Il ne ressemble pas au Joker de Jack Nicholson ni à celui d’Heath Ledger. Ne parlons même pas de Jared Leto. Pour moi, il est aussi crédible que Ben Affleck dans la peau de Daredevil.

En plus de la vingtaine de kilos perdue, Joaquin Phoenix a étudié pendant de longs mois les maladies mentales pour comprendre la psychologie du Joker. Le regard, le rire douloureux, les épaules anguleuses et inégales, la gestuelle, la solitude de l’homme, la monstruosité du criminel… tout est parfaitement crédible.

Ne pas chercher d’explications, là où il n’y en a pas

Ce qui est remarquable avec le film de Todd Philips, c’est le travail de la photographie. Les couleurs utilisées sont aussi là pour guider le spectateur dans le labyrinthe de l’esprit du clown. Le jaune illustre la folie mentale, le vert… bah, tu le sais, représente la couleur du Joker.

Certains ont voulu donner une explication au film. Politique, contestataire… Non. Cela reste seulement un film, une lecture parmi tant d’autre du personnage de Joker, super-vilain par excellence. C’est surtout une manière différente de raconter un comic, plus ancré dans la réalité. On est loin des Marvel, de la Justice League de DC. Et en l’occurrence, ça fait du bien.