L’énigme MorMor

NEWCOMERS – Pas de matraquage, pas de promo tonitruante. Mormor est arrivé dans le paysage indie-pop à pas feutré. Sa musique, subtile mélange de pop, soul, rock et électronique sait comment transpercer n’importe quelle carapace.

C’est pas si simple aujourd’hui de trouver des artistes qui touchent la corde sensible à la première écoute. Ils se comptent sur les doigts d’une seule main. Heureusement, de temps à autre, un OVNI sorti de nulle part y parvient. On ne sait pas comment. On ne sait pas par quelle magie il y arrive, mais sa musique transperce la carapace qu’on se forge à force d’entendre les mêmes soupes fades et insipides à longueur de journée. Mormor est ce genre d’artistes. Parce qu’il navigue entre plusieurs eaux. Son mélange pop, soul, rock et électronique est parfaitement dosé. Parce qu’il ne se colle aucune étiquette.

Sa voix de falsetto est angélique, les productions soignées et raffinées, les textes semblent authentiques. On entend tout de suite quand un « artiste » joue un rôle, quand les paroles sonnent faux. Rien de tout cela avec Mormor. Sa musique est un appel à l’introspection car elle vient du plus profond de son âme. Il dit que ses chansons sont thérapeutiques. Elle est plus que ça. Elle est créative, elle sent la passion, elle reflète l’amour de la musique.

Jouer avec les codes

Seth Nyquist, de son vrai nom, bidouille ses titres dans sa chambre. Il fabrique sa musique tout seul, histoire que personne n’entrave sa vision et sa sensibilité musicale. C’est tout à son honneur. Et sur scène, ça se sent. A la Maroquinerie, le timide et sensible Mormor a installé une ambiance intimiste en quelques minutes. Il est là pour jouer notamment ses EPs Heaven’s Only Wishful et Some Place Else. Son concert est une invitation à entrer dans sa chambre. Il a les yeux souvent fermés. Le public est toujours accrochés à ses lèvres.

Le silence est la règle dans ce genre de concert où l’on ne veut pas rompre la beauté de l’instant. Mais Mormor n’a pas que des titres introspectifs, mélancoliques et oniriques. Il sait jouer avec les codes, il peut être langoureux, il peut être groovy, il peut faire danser aussi. Et il prend son temps. Les artistes sont obligés de sortir des albums à toute vitesse. Pas Mormor.

Le natif de Toronto est maître de son temps. Son concert durera 45 minutes. De quoi être heureux. Mais aussi frustré. Et un autre sentiment se fraie un chemin entre le bonheur et la frustration : la curiosité. D’en entendre plus. D’en écouter plus. De résoudre l’énigme Mormor.